B. UN ENJEU D'EFFECTIFS, EN PARTICULIER DANS CERTAINES ANTENNES
Dans un contexte de hausse du niveau d'activités, en dépit d'une augmentation progressive des effectifs des unités d'élite, une tension forte sur les personnels apparaît au sein de certaines unités. Cette situation, qui n'est pas sans conséquence sur les capacités opérationnelles et le rythme de travail des personnels, pourrait être résolue avec des créations modestes d'effectifs, dans le cadre d'une démarche pluriannuelle.
À l'échelon central, si les effectifs de la BRI-PP sont correctement dimensionnés, les unités du RAID et du GIGN connaissent une certaine tension, qui nécessite une implication des personnels induisant un rythme de travail très intense, parfois peu compatible avec l'exigence opérationnelle associée, et le renoncement à des congés. Il apparaît ainsi qu'il pourrait être opportun de renforcer modérément et progressivement leurs effectifs, notamment opérationnels. À titre d'illustration, pour le GIGN, pourrait être visée une cible de 60 personnels opérationnels pour l'observation (contre 50 aujourd'hui), de 100 pour l'intervention (contre 85 actuellement), et de 60 pour la protection (contre 50 aujourd'hui). La situation est tout à fait comparable au RAID.
À l'échelon territorial, certaines antennes du RAID et du GIGN ont des effectifs réduits, mettant ces derniers en très forte tension pour assurer les missions et alertes hebdomadaires.
Pour ce qui concerne le RAID, un niveau proche ou inférieur à 20 effectifs opérationnels par antenne pour l'intervention rend difficile, dans la plupart des territoires, l'accomplissement normal des missions. Or, à fin 2024, 10 antennes disposeraient d'un nombre de personnels opérationnels inférieur à 20 (dont 5 pour Mayotte et 10 pour Cayenne), dont 4 en France métropolitaine, seules 2 antennes en ayant plus de 22 (Marseille et Lyon).
Concernant le GIGN, les auditions et déplacements menés par le rapporteur spécial ont permis de constater que certaines antennes nécessiteraient également d'être mieux dotées en effectifs, dans les outre-mer mais également sur le territoire métropolitain. C'est notamment le cas pour les trois antennes de la zone nord-ouest s'étendant approximativement de la Normandie à la Charente-Maritime, qui comptent un nombre réduit d'effectifs (20 personnels opérationnels pour l'intervention s'agissant de l'antenne de Tours par exemple), ce qui conduit à une alternance des permanences entre ces trois antennes, au détriment du niveau d'activité et donc de technicité des personnels. Il n'est d'ailleurs pas rare que l'une d'entre elles soit temporairement fermée pour affecter les personnels concernés à d'autres missions, le GIGN considérant qu'il est possible de couvrir suffisamment le territoire avec deux antennes, de façon temporaire. Le rapporteur spécial considère que cette situation n'est pas optimale, un choix devant être opéré entre une légère hausse des personnels de ces antennes ou un fonctionnement sur la base d'un schéma à deux antennes.
Au total, le rapporteur spécial estime qu'une légère hausse des effectifs des unités du GIGN et du RAID, dans une démarche pluriannuelle, serait de nature à renforcer nettement les capacités opérationnelles de ces unités, en particulier grâce à des effets de seuil, ainsi qu'à améliorer l'équilibre des conditions de vie de personnels très exposés. Le coût associé serait modeste, d'autant qu'il génèrerait par ailleurs, pour ce qui concerne les antennes, des économies liées à un besoin moins fréquent en renforts, notamment dans les outre-mer, qui se révèle particulièrement onéreux. À titre d'illustration, le soutien de 5 effectifs apporté par l'unité centrale du RAID à Mayotte représente un coût d'environ 50 000 euros par mois, à raison de 10 000 euros par agent intervenant en renfort (pour le transport, l'hébergement et la restauration).
Recommandation n° 5 : Garantir un niveau d'effectifs suffisant dans les antennes territoriales du RAID et du GIGN pour bénéficier d'effets de seuil et réduire le coût budgétaire de l'envoi régulier de renforts (ministère de l'Intérieur, direction générale de la gendarmerie nationale et direction générale de la police nationale)