B. UNE COEXISTENCE, GAGE DE COMPLÉMENTARITÉ ET D'UNE SAINE ÉMULATION
Si l'existence simultanée de trois unités d'élite pourrait être de nature à créer un risque de concurrence entre elles, elle permet au contraire une complémentarité, ainsi qu'une saine émulation.
À la différence d'il y a environ une quinzaine d'années, le sujet de la coexistence et de l'articulation des compétences des unités d'élite, y compris s'agissant du RAID et de la BRI-PP, fait aujourd'hui l'objet de peu d'inquiétudes. D'une part, la création de certains dispositifs a permis de structurer la coopération de ces unités, parmi lesquels la mise en place de la FIPN68(*) (au sein de laquelle une procédure de transferts d'effectifs entre les deux unités a récemment été formalisée69(*)) et de l'Ucofi70(*).
L'unité de coordination des forces d'intervention (UCOFI)
L'UCOFI, créée au sein du ministère de l'intérieur le 1er juin 2010, est rattachée organiquement à la DGGN, tout en étant fonctionnellement subordonnée aux DGGN et DGPN et au préfet de police. De taille réduite, elle est dirigée par un personnel de la gendarmerie, secondé par un policier ; elle ne dispose pas d'une structure permanente ou d'un budget dédié.
Sans lien hiérarchique avec les unités d'intervention de la gendarmerie et de la police nationales, elle est chargée de donner davantage de cohérence, de transparence et d'efficience collective au dispositif des forces d'intervention du ministère de l'Intérieur et de les préparer à l'interopérabilité, y compris s'agissant du langage tactique. Elle favorise la réalisation d'entraînements et d'exercices de formation, rédige des projections de conventions et protocoles qui lient ces unités à des partenaires privés et publics, et produit des statistiques.
Elle a joué un rôle central dans l'élaboration du schéma national d'intervention en 2015.
Source : commission des finances, d'après les réponses aux questionnaires du rapporteur spécial
D'autre part, et surtout, un changement de contexte sécuritaire, associé à une volonté des chefs d'unité de coopérer de façon volontariste, a permis de renforcer la complémentarité des forces, y compris d'un point de vue matériel, à l'image de l'interopérabilité des radios. Le succès du dispositif mis en place pour les JOP 2024 est l'illustration de la capacité de coordination des unités.
Le succès des JOP de 2024 pour les unités d'élite
Afin d'assurer la sécurisation des JOP de 2024 s'agissant des risques les plus significatifs (attentat, prise d'otage, etc.), les trois unités ont fourni un important travail de coordination préalable consistant à se répartir les missions, les implantations géographiques et les capacités, selon un schéma qui a été validé par les autorités administratives et politiques. Des postes de commandement communs ont regroupé les trois unités, tandis que le réseau de communication déployé a garanti l'interopérabilité opérationnelle.
À titre d'exemple, alors que les trois unités se sont coordonnées pour la sécurisation de la cérémonie d'ouverture, le GIGN a été mobilisé pour la sécurisation du relais de la flamme, de la délégation d'Israël, et de différents sites (à Paris, Nantes, Châteauroux, Marseille et en Polynésie française). Pendant la période des JOP, 97,3 % des militaires du GIGN étaient engagés, que ce soit sur cet évènement, en Nouvelle-Calédonie ou sur les missions permanentes.
Les JOP de 2024 n'ont finalement été marqués par aucun évènement significatif de sécurité de nature à concerner les unités d'élite, la dissuasion du dispositif mis en place y ayant sans doute contribué.
Source : commission des finances et réponses aux questionnaires du rapporteur spécial
Par ailleurs, si chaque unité est fière de porter son écusson et souhaiterait accomplir les missions les plus périlleuses, la coexistence des unités n'est source que d'émulation entre les effectifs, qui in fine partagent les succès et les drames des autres. Des échanges réguliers, formels ou informels, entre unités, participent d'ailleurs à la volonté d'augmenter toujours davantage le niveau d'expertise.
* 68 Voir supra.
* 69 Arrêté du 3 octobre 2024 modifiant l'arrêté du 5 janvier 2011 relatif aux missions et à l'organisation des services composant la force d'intervention de la police nationale et portant dispositions sur l'affectation et l'aptitude professionnelle de leurs agents.
* 70 Voir infra.