DEUXIÈME
PARTIE :
FACE À UNE HAUSSE DU NIVEAU D'ACTIVITÉ,
UNE
PROGRESSION DES MOYENS, QUI NE RÉPOND TOUTEFOIS PAS À L'ENSEMBLE
DES BESOINS
Dans un contexte de hausse du niveau d'activité, les moyens des trois unités d'élite ont été renforcés ces dernières années, sans répondre toutefois à l'ensemble des besoins.
I. LA HAUSSE DU NIVEAU D'ACTIVITÉ DES UNITÉS D'ÉLITE A CONDUIT À UNE PROGRESSION DE LEURS MOYENS...
A. UN NIVEAU D'ACTIVITÉ EN HAUSSE
Au cours de la dernière décennie, les trois unités d'élite ont connu une hausse de leur niveau d'engagement se matérialisant, quantitativement, par une augmentation de leur niveau d'activité et, qualitativement, par le durcissement des menaces auxquelles ils ont vocation à répondre, reflet des évolutions de la criminalité en France. Si des différences dans les modalités de production des statistiques rendent difficile la comparaison du niveau d'activités des unités entre elles, une tendance à la hausse peut être observée pour chaque unité sur les cinq dernières années.
Le RAID a ainsi connu entre 2019 et 2024 une hausse de 43 % de son activité (1 380 saisines acceptées en 2024, contre 964 en 201971(*)). Ainsi, le nombre d'interpellations à domicile a augmenté de plus de 90 % (passant de 390 à 755). Si, en 2024, le nombre d'interventions pour des prises d'otage ou des forcenés s'est légèrement réduit par rapport à 2019 (76 contre 87), 103 interventions avaient eu lieu en 2023.
Évolution du nombre de missions du RAID entre 2019 et 2025
(en nombre de missions décomptées)
Source : commission des finances, d'après les réponses aux questionnaires du rapporteur spécial
En 2024, l'activité du RAID s'est répartie en 52 % d'interpellations (755 interpellations, dont 455 en lien avec les stupéfiants et 123 avec le terrorisme), 30 % de protection (président de la République, personnes menacées, ambassadeurs et grands évènements), 5 % de crises (68 forcés et 8 prises d'otages) et 13 % d'autres missions (maintien de l'ordre, escortes de biens, sécurisation de procès, enlèvements, filatures et fouilles).
Ventilation de l'activité du RAID en 2024
(en pourcentage, sur la base du nombre de missions)
Source : commission des finances, d'après les réponses aux questionnaires du rapporteur spécial
L'engagement du GIGN a également significativement augmenté en cinq ans s'agissant des missions de protection (+ 285 %) et des interpellations (+ 332 %), les missions d'intervention étant également en hausse (+ 28 %, hors assistances à la négociation, en très forte hausse). En sens inverse, peuvent néanmoins être observées une légère baisse des missions d'observation, de surveillance et de filature et une réduction des transfèrements.
En 2024, le GIGN a été engagé à 3 335 reprises. Son activité s'est répartie72(*) en 43 % de missions liées à des interpellations, 40,5 % de protection, 13,5 % d'observation, surveillance ou filature, 1,5 % d'intervention, 1 % d'assistances techniques et 0,5 % de transfèrements.
Ventilation de l'activité du GIGN en 2024
(en pourcentage, sur la base du nombre de jours de missions)
Source : commission des finances, d'après les réponses aux questionnaires du rapporteur spécial
La BRI-PP connaît quant à elle une relative stabilité de son activité sur les 5 dernières années, tant s'agissant de l'activité judiciaire (40 dossiers traités par an en moyenne et 200 interpellations) que des interventions (entre 10 et 15 par an). Néanmoins, depuis 2024, la BRI-PP est régulièrement saisie des crises dans les départements de la petite couronne, ce qui a porté à 26 le nombre d'interventions en 2024, un chiffre qui apparaît soutenable au regard des moyens. En 2025, l'activité de la BRI est en outre renforcée à l'occasion des enlèvements liés au milieu des crypto-monnaies.
La mobilisation du RAID et du GIGN en Nouvelle-Calédonie
Afin de contribuer à la sécurisation du territoire néo-calédonien, les antennes du GIGN et du RAID implantées sur place, renforcées par des effectifs de l'échelon central, ont été mis fortement à contribution afin de compléter le dispositif des forces de sécurité intérieure.
Pour ce qui concerne le RAID, face à l'ampleur des difficultés, 20 personnels de l'unité centrale ont été mobilisés de la mi-mai à la mi-novembre 2024, avec un système de rotation. Depuis cette date, les personnels locaux sont renforcés au cas par cas selon l'évolution de la situation. Les missions du RAID en Nouvelle-Calédonie ont consisté à : traiter les missions prioritaires (forcenés, prise d'otages) ; effectuer des interpellations diverses sur le haut du spectre criminel ; appuyer les unités de forces mobiles face aux émeutiers armés (reconnaissance, recueil de renseignements, contre-snipping) ; assurer par moyens héliportés des reprises de bâtiments publics ou de barricades lors d'opérations diurnes ; protéger ou évacuer sous protection blindée ou par voie maritime des personnes gravement menacées.
Source : commission des finances et réponses aux questionnaires du rapporteur spécial
En 2025, les unités d'élite continuent d'être très fortement mobilisées en métropole, dans les territoires ultramarins et à l'étranger, générant des coûts significatifs.
* 71 Pour 1 494 saisines au total en 2024, contre 1 090 en 2019.
* 72 Selon une mesure en nombre de jours cumulés par missions et hors activités des réservistes.