II. ACCOMPAGNER LES JEUNES AU DÉPART DU FOYER FAMILIAL
Le parc dédié aux jeunes les soutient à un moment charnière de leur vie, lorsqu'ils construisent leur autonomie et trouvent leur place dans la société. Mais il est en double difficulté.
A. UNE PÉNURIE DE LOGEMENTS POUR ÉTUDIANTS ET JEUNES ACTIFS
Malgré les ambitions des plans gouvernementaux successifs, nous accumulons un retard considérable. Le plan « 60 000 » de 2017 pour le logement étudiant n'a abouti qu'au financement d'à peine 30 000 places en 2022.
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Capacités |
Étudiants ayant pu
accéder |
Nombre |
Places en foyers de jeunes travailleurs |
Quant aux jeunes actifs, le plan lancé en janvier 2025 ne fixe aucun objectif spécifique, hormis la création de 15 000 places en résidences-services à loyers intermédiaires, pouvant accueillir des étudiants ou des actifs mais qui sont inaccessibles aux plus précaires.
B. UN MODÈLE ÉCONOMIQUE DES RÉSIDENCES MIS À RUDE ÉPREUVE
· Une équation délicate entre loyers abordables et viabilité économique des projets
Alors que le niveau des loyers des prêts locatifs sociaux (Pls) qui financent les résidences universitaires est peu adapté à la situation des étudiants les plus modestes, les rapporteurs recommandent d'expérimenter la possibilité de financer ces résidences via le prêt locatif à usage social (Plus), au-delà de l'Île-de-France. Dans les territoires d'outre-mer, le niveau de pauvreté étudiante et les coûts de construction élevés plaident pour des expérimentations similaires.
· Un coût du foncier qui vient parfois grever l'équilibre économique des opérations
Pour minorer le poids du foncier dans le loyer versé par les gestionnaires aux propriétaires, les rapporteurs estiment intéressant d'explorer dans certains cas des dispositifs de dissociation du foncier et du bâti comme le bail réel solidaire en faveur des résidences « jeunes » : un office foncier solidaire conserverait la propriété du terrain, tandis qu'un bailleur social louerait le bâti à une association gestionnaire.
· Un modèle économique des gestionnaires mis à mal
La mission d'accompagnement des gestionnaires de résidences fait face à des besoins grandissants, alors que la précarisation des résidents allonge la durée des séjours. Les FJT et les RSJA accueillent aussi des publics très vulnérables dans le cadre du contingent de l'État ou des jeunes sortant de l'aide sociale à l'enfance (ASE).
· Le FJT : un modèle à valoriser, véritable tremplin vers l'autonomie des jeunes
Les FJT se distinguent par un accompagnement renforcé, avec en moyenne 7 encadrants pour 100 jeunes. Malgré cette plus-value, ils sont souvent mis en concurrence avec les résidences sociales, du fait de financements et de publics similaires, ce qui les fragilise. Les rapporteurs recommandent de remplacer l'appel à projets, peu adaptés au montage progressif d'un dossier, par un appel à manifestation d'intérêt qui donnerait davantage de souplesse et pourrait venir en appui d'une programmation triennale.



