II. POUR PRÉPARER LES JEUX OLYMPIQUES ET PARALYMPIQUES DE PARIS 2024, LA FRANCE A ENGAGÉ UNE STRATÉGIE D'OPTIMISATION SCIENTIFIQUE DE LA PERFORMANCE, MAIS ELLE DOIT ENCORE LEVER CERTAINS OBSTACLES POUR QUE CETTE STRATÉGIE S'INSCRIVE DANS LA DURÉE

A. L'ORGANISATION DU SPORT DE HAUT NIVEAU EN FRANCE : UN MODÈLE QUI A FAIT SES PREUVES MAIS ATTEINT SES LIMITES

1. Un modèle né dans les années 1960 qui a permis une amélioration des résultats sportifs pendant plusieurs décennies

Les jeux Olympiques de Rome en 1960 s'étaient soldés par un cuisant échec pour la France, les athlètes français n'ayant obtenu que cinq médailles dont aucune en or.

En réaction, l'État, sous l'impulsion du général de Gaulle, a doté les fédérations de plus de moyens financiers mais aussi de conseillers techniques pour développer et encadrer le sport. Parallèlement, des investissements ont été engagés dans des programmes d'équipements sportifs.

Le sport de haut niveau s'est longtemps appuyé sur quatre piliers : le ministère des sports, les fédérations sportives, l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (Insep) et les Centres de ressources, d'expertise et de performance sportive (Creps).

Le ministère des sports est l'instance centrale de pilotage. Il définit la politique nationale du sport de haut niveau, alloue les subventions aux fédérations sportives, coordonne les établissements publics comme l'Insep et les Creps et établit les listes ministérielles des sportifs de haut niveau.

Les fédérations sportives organisent la pratique et la compétition dans leur discipline. Elles sélectionnent les athlètes pour les grandes compétitions internationales (Mondiaux, jeux Olympiques), gèrent les parcours d'excellence sportive en lien avec le ministère. Les financements qu'elles obtiennent de l'État sont associés à des conventions d'objectifs qui portent à la fois sur le développement des pratiques, le sport de haut niveau, le sport santé et les actions d'emploi et de formation.

Établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel (EPSCP) placé sous la tutelle du ministère des sports, l'Insep est le centre d'entraînement olympique et paralympique de référence du sport français. Il accueille les athlètes pour leur préparation et apporte une expertise scientifique, médicale et technique.

Les Creps interviennent dans trois domaines : la préparation et l'accompagnement des sportifs de haut niveau, la formation aux métiers du sport et l'animation ainsi que l'accueil de stages et de manifestations.

2. Un modèle devenu moins performant

La stagnation des résultats des athlètes français aux jeux Olympiques depuis 20 ans et la baisse des résultats aux jeux Paralympiques ont soulevé des interrogations sur la pertinence de la politique française de sport de haut niveau.

À la suite de l'attribution en septembre 2017 de l'organisation des jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 à Paris, la ministre des sports de l'époque a chargé Claude Onesta d'une mission sur la haute performance sportive afin d'augmenter les chances de médailles de la France. Cette étude a abouti à plusieurs conclusions.

D'abord, la vision française du sport de haut niveau est trop large et met sur le même pied l'adolescent qui intègre un pôle Espoir et le champion olympique.

Ensuite, l'investissement des fédérations en matière de haute performance varie fortement d'une fédération à l'autre sans répercussion sur le montant des subventions qui leur sont attribuées.

L'État ne joue pas son rôle de stratège faute de compétences humaines suffisantes et d'outils d'évaluation performants. Il établit les listes de sportifs de haut niveau sans avoir de réelle expertise sur les propositions des fédérations sportives tandis que les projets de performance sportive de celles-ci sont reconduits sans évaluation ni analyse de leur pertinence en termes de résultats atteints.

L'accompagnement professionnel et la formation des jeunes sportifs Espoir ne sont pas adaptés aux sportifs relevant de la haute performance, souvent obligés d'investir 100 % de leur temps dans leur projet de conquête de podiums.

Le statut social et financier des entraîneurs n'est pas à la hauteur des exigences de la haute performance et les offres de formation en leur direction sont inadaptées.

L'Insep accueille de nombreux athlètes de haut niveau sur son site, mais les meilleurs sportifs tendent à s'en éloigner, posant la question du positionnement de l'Insep dans la politique de haute performance.

De même, les Creps répondent avec qualité aux problématiques de formation sportive et scolaire des pôles sportifs114(*) qui y sont implantés, mais ils jouent un rôle secondaire dans l'accueil et la réussite des champions de niveau international.

Le sport paralympique n'est pas une priorité des fédérations. Il souffre d'un encadrement réduit et pas suffisamment expert ainsi que de moyens très limités par rapport au sport olympique.

Enfin, la France accuse un retard par rapport à ses principaux concurrents dans l'utilisation des sciences du sport pour optimiser les performances.


* 114 Les pôles sportifs implantés dans les Creps sont des structures d'entraînement et de formation pour les sportifs de haut niveau, incluant les Pôles Espoir, les Pôles France et parfois des pôles ressources nationaux. Ils offrent aux jeunes athlètes un encadrement professionnel, des installations sportives optimales et un accompagnement personnalisé pour concilier réussite sportive et parcours scolaire ou universitaire. Les disciplines varient selon les Creps, mais peuvent inclure l'athlétisme, le basket-ball, l'escrime, le handball, le tennis de table, etc.

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