TROISIÈME PARTIE : L'ACTION AUDIOVISUELLE DE LA FRANCE DANS « L'AUTRE EUROPE »
Partie intégrante de l'Europe, tous ces pays de l'ex-bloc soviétique rejoindront, à terme, à des échéances plus ou moins longues avec des niveaux de développement plus ou moins élevés et avec des conditions certainement diverses, les pays qui ont créé l'Union européenne.
Cette zone est donc propice aux investissements d'autant plus qu'elle est encore accessible aux capacités de financement de l'audiovisuel français, ce qui ne sera plus forcément le cas dans une dizaine d'années.
Le marché local de la publicité est suffisamment porteur, en particulier pour les investissements radio. Selon les pays et les législations, il peut l'être pour la télévision, à condition qu'il s'agisse de l'une des deux ou trois premières chaînes en terme d'audience.
Les obstacles législatifs et politiques ne doivent pas être sous-estimés. Ils sont les plus nombreux et les plus difficiles à vaincre. Dans la plupart de ces pays, le risque commercial n'est pas très éloigné de celui des pays d'Europe occidentale, même si des différences existent d'un État à 1'autre.
Dès 1990, la France a su être très présente dans cette zone grâce aux programmes de TV5, CFI, ARTE, MCM, France 2, Europe 2, Nostalgie, Fun, Skyrock, RFI, mis à disposition gratuitement.
En revanche, le passage depuis 1991/1992 d'une politique de l'offre, généreuse, à celle de la mise en place d'investissements capitalistiques dans des relations commerciales étroites s'avère beaucoup plus difficile.
L'absence des opérateurs privés français, excepté Canal +, est également regrettable. De trop rares prises de participation, des parts de marché à l'exportation - en matière de programmes audiovisuels -trop étriquées caractérisent le manque d'audace et sans doute de lucidité des opérateurs audiovisuels français. Il n'est pas trop tard, même s'il est déjà bien tard d'investir des marchés audiovisuels encore accessibles et en pleine expansion.
L'industrie américaine de la télévision Ta bien compris et elle est très présente.
De la production à la diffusion, de la distribution à la commercialisation, plusieurs sociétés américaines maîtrisent parfaitement toutes ces étapes, et par là même l'épineux problème des droits liés aux programmes. La proximité entre les studios de production et les réseaux de distribution leur permet de multiplier l'offre indéfiniment. Par exemple, Home Box Office (HBO) propose une chaîne de cinéma, en tchèque, sur le réseau américano-tchèque Kabel Plus.
Les « majors » américains raisonnent déjà de façon continentale : ils incluent complètement l'Europe centrale et orientale, dans le volet européen de leur stratégie mondiale. Les opérateurs français - publics ou privés - sont, hélas, encore loin d'un tel raisonnement.
I. L'ACTION DES OPÉRATEURS PUBLICS
A. LES MOYENS ET MISSIONS DU SECTEUR AUDIOVISUEL PUBLIC EN EUROPE CENTRALE ET ORIENTALE
1. Quelle politique audiovisuelle de la France dans ces pays ?
La chute du mur de Berlin en 1989 a provoqué un immense appel de programmes audiovisuels. Le besoin d'images de pays privés de contacts avec le marché international de l'audiovisuel était considérable. La France a entendu cet appel. A-t-elle su y répondre autant que les Américains ou les Allemands ?
Dès 1990, le Conseil Audiovisuel Extérieur de la France considérait comme un objectif prioritaire la présence des programmes français en Europe centrale et orientale.
L'équipement de tous les établissements culturels de la région d'un grand nombre d'universités, fut tout d'abord décide.
De nombreux opérateurs ont ensuite permis d'accompagner l'évolution des paysages audiovisuels de ces pays, du « tout État » aux conditions du marché.
On a toutefois pu s'interroger sur l'efficacité de la diversité de ces intervenants, au début des années quatre-vingt dix. L'effort de rationalisation, entamé depuis - et seulement depuis - 1994, doit donc être vigoureusement encouragé par le Parlement.
C'est pourquoi la stratégie audiovisuelle de la France dans cette région devrait connaître une mutation profonde.
Dans un premier temps, la politique poursuivie par la France a été celle d'une politique de l'offre. Il s'agissait alors d'occuper le terrain, de présenter des images françaises. On peut considérer que cette stratégie a réussi. Les images du putsch de Moscou n'ont-elles pas été suivies, en Europe centrale et orientale, sur TV5 ? Avec la diversification des paysages audiovisuels, largement commentée au chapitre II , notre stratégie doit désormais adapter l'offre de programmes audiovisuels aux demandes nationales, mais également à l'entrée de l'audiovisuel centre-européen dans la sphère marchande.
La France doit tout d'abord proposer des programmes attractifs, dans les langues nationales. Elle doit ensuite constituer des « bouquets de programmes » diversifiés sur les satellites les mieux à même d'être reçus en Europe centrale et orientale. Il faut enfin considérer que la période de la distribution gratuite est achevée, sous peine de voir les diffuseurs refuser de consentir que leurs programmes soient retransmis dans ces pays.
Encore trop souvent, la politique audiovisuelle extérieure de la France demeure inadaptée aux réalités économiques de l'audiovisuel, qui est désormais davantage un marché qu'un art.
En général, lorsqu'il y a pénurie de programme des chaînes publiques de télévision, notamment en Europe centrale et orientale, les apports de la France sont les bienvenus pour compléter la programmation, améliorer la qualité et la diversité, entrebâiller une fenêtre sur une télévision d'Europe occidentale.
En revanche, lorsque les marchés se développent et lorsqu'une véritable concurrence s'instaure, les phénomènes d'éviction, au détriment des programmes français, commencent.
Le rapport BALLE 21 ( * ) partage cette analyse : « Cette politique est sans doute assez efficace pour ouvrir ces marchés aux programmes nationaux, elle ne peut cependant être pérennisée surtout lorsqu'il s'agit de programmes sous-titrés ou doublés, mis à disposition gratuitement. Ces pays constituent en effet des débouchés potentiels pour les programmes français exportables et il serait paradoxal qu'une politique de distribution culturelle menée sans concertation suffisante avec la profession aboutisse à réduire ces débouchés potentiels et à permettre aux opérateurs locaux de bénéficier de ressourcés supplémentaires pour acquérir sur le marché international des programmes... américains ».
Le meilleur exemple en est fourni par la SEPT-ARTE dont la collaboration avec les chaînes de télévision de ces pays est particulièrement déséquilibrée.
Comme l'indique la société française, « ces télévisions ayant de plus en plus de difficultés à soutenir le rythme de leurs propres productions, elles trouvent en la SEPT-ARTE une compensation à un type de programme qui leur fait défaut ». En revanche, on doit constater que la diffusion des programmes de ces pays sur la chaîne franco-allemande, à vocation culturelle et européenne, brille par sa faiblesse. De même, la reprise des programmes dans les pays d'Europe centrale et orientale est sans doute inférieure, dans la réalité, aux résultats annoncés à Paris.
2. Quel vecteur ?
Les relations audiovisuelles avec les pays d'Europe centrale orientale n'échappent pas à la question récurrente du vecteur le plus approprié pour cette action culturelle.
On compte en effet quatre opérateurs publics dans le domaine audiovisuel : France-Télévision, de manière limitée, et, de façon plus importante, la SEPT-ARTE, CFI et TV5.
La SEPT-ARTE, CFI et TV5 présentent des différences non seulement dans les types de programmes qu'ils diffusent, s'adressant à des publics différents, mais aussi dans le mode de diffusion adopte.
Les émissions de la SEPT-ARTE sont celles d'une chaîne avant tout culturelle, dont l'objectif est de répondre au goût et à la tradition des pays d'Europe centrale et orientale pour la culture. Elles sont reprises et intégrées dans les grilles de programmes des télévisions nationales de chaque pays. CFI, pour sa part, propose un catalogue de programmes pour tous publics. Inclus dans les grilles des télévisions nationales, ces programmes font l'objet d'un service « à la carte » pour les chaînes qui les choisissent.
Depuis septembre 1991, la SEPT, puis la SEPT-ARTE a mis à disposition de CFI plus d'une centaine d'heures d'émissions qui ont été diffusées par CFI dans les pays bénéficiant de la clause culturelle, hors Europe centrale et orientale (Afrique, Asie, Proche et Moyen Orient).
Les programmes francophones de TV5, composés d'émissions françaises mais aussi belges, suisses, luxembourgeoises et canadiennes, touchent un grand public qui apprécie les qualités d'une chaîne généraliste. TV5 est diffusée principalement sur les réseaux câblés et dans son intégralité. Un bon nombre de coproductions de la SEPT-ARTE avec France Télévision, ou les autres partenaires de TV5 ont été diffusés gratuitement par TV5.
Plus d'une centaine d'heures de programmes a été coproduite par la SEPT-ARTE et le ministère des Affaires étrangères. Ces programmes sont diffusés dans les pays d'Europe centrale et orientale et dans le cadre de 1'assistance culturelle, soit par la SEPT-ARTE, soit par CFI.
L'objet de ce rapport n'est pas de trancher entre ces différents opérateurs, dont l'action apparaît néanmoins complémentaire, à défaut d'être toujours rationnelle. On ne peut que regretter, encore une fois, que l'audit du secteur audiovisuel public décidé, au premier semestre 1996, par les pouvoirs publics ait exclu l'action audiovisuelle extérieure dont l'efficacité aurait sans doute gagné à davantage de cohérence.
3. Avec quels moyens ?
a) Les moyens budgétaires du ministère des Affaires étrangères
Les moyens du Quai d'Orsay pour les pays d'Europe centrale et orientale ont connu des variations d'une exceptionnelle amplitude, notamment pendant la période 1989-1992. La forte augmentation des crédits budgétaires affectés à cette zone en 1990 s'expliqua surtout par l'ouverture de nouvelles ambassades dans les Républiques d'Asie centrale.
Les crédits de fonctionnement du ministère des Affaires étrangères pour les pays d'Europe centrale et orientale connurent une forte progression en 1990 (628 millions de francs) par rapport à 1989 (250 millions), avant de retomber à 488 millions de francs en 1991 et 466 millions en 1992.
Les évolutions erratiques des moyens budgétaires de la diplomatie française, notamment culturelle, avaient été déjà constatées et critiquées dans le rapport du Conseil économique et social consacré aux « Relations culturelles entre la France et l'Europe centrale et orientale », du 9 décembre 1992. Ce rapport déplorait de telles évolutions, qui signifiaient que « des projets seront annulés, que des politiques à long terme se trouveront compromises et que, une fois de plus, la réputation d'inconstance qui est faite à la France se trouvera vérifiée ».
Il n'est malheureusement pas possible de connaître avec précision le montant des crédits budgétaires affectés, au sein de l'action audiovisuelle extérieure, aux opérations menées dans les pays d'Europe centrale et orientale.
Aux crédits de la direction de l'action audiovisuelle extérieure du ministère des Affaires étrangères s'ajoutent en effet les dépenses des opérateurs, et principalement des diffuseurs. Ces sommes ne sont pas, en général, géographisées et il est difficile d'isoler les dépenses spécifiquement consacrées à telle ou telle région.
Ainsi, à titre d'exemple, peut-on relever que les crédits budgétaires mis à la disposition de la direction de l'action audiovisuelle extérieure du ministère des Affaires étrangères pour l'exercice 1995 sont essentiellement des crédits non géographisés (840,8 millions de francs), les crédits géographisés ne représentant que 6,5 % du total (58,8 millions de francs). Sur cette somme, les crédits affectés à l'Europe centrale et orientale - incluant la Russie - s'élèvent à 11,4 millions de francs, ce qui représente le deuxième budget après la zone Asie-Pacifique (14,4 millions de francs), et près de 20 % des crédits géographisés.
Une telle absence de lisibilité de la politique audiovisuelle extérieure de l'État est profondément regrettable. Et il serait souhaitable que le Quai assure une présentation plus apparente de ses moyens 22 ( * ) .
Quant aux opérateurs publics, il est établi qu'ils disposent d'un budget global nettement inférieur à nos principaux partenaires.
En radio, le budget de RFI s'élevait, en 1995, à 654 millions de francs, soit 30 % du budget de Voice of America (2 150 millions de francs), 37 % du service mondial de la BBC (I 758 millions de francs) et 46 % de celui de la Deutsche Welle (1410 millions de francs).
En télévision, le budget de CFI et de TV5 cumulé était, en 1995, d'environ 500 millions de francs (dont 365 de contribution française), contre 615 millions de francs de crédits pour le service télévision de la Deutsche Welle.
b) La présence des média français en Europe centrale et orientale
Cette présence correspond à une bonne démarche française, et traduit l'existence d'une véritable diplomatie culturelle.
Le développement de cette présence dans les média, audiovisuels et presse écrite, s'est articulé autour de quatre axes :
- contribuer à la restauration de l'État de droit grâce à la coopération dans le domaine de la presse écrite et audiovisuelle en privilégiant les actions de formation et de perfectionnement des journalistes, débouchant ainsi sur une conception nouvelle du traitement et de la circulation de l'information,
- accompagner l'évolution des paysages et de l'économie de l'audiovisuel en participant à la réflexion et à la mise en place de législations et de réglementations adaptées à un système libéral et concurrentiel, dans lequel les entreprises audiovisuelles doivent être rentables,
- assurer la pénétration et la diffusion des programmes français par la signature d'accords avec des télévisions nationales et des dons d'installations de réceptions satellitaires et d'équipements de sous-titrage, facilitant l'ouverture,
- participer à la création de réseaux de professionnels.
Pour développer de telles actions et assurer sur place les relais indispensables, des postes d'attachés audiovisuels ont été créés dans l'ensemble des pays d'Europe centrale et orientale, constituant le maillage le plus serré du réseau.
L'intérêt des opérateurs français, publics et privés, pour cette région s'est manifesté tant dans la radio que dans l'audiovisuel.
• La disparition des radios d'État et
l'ouverture de bandes FM ont ouvert un marché important sur lequel se
sont immédiatement positionnés les opérateurs
radiophoniques français tant publics - RFI. Radio et SOFIRAD -
que privés - Europa plus et Europe 2, Fun et Sky Rock -.
Les succès d'Europe 2 à Prague et de Radio Delta, première radio bilingue et biculturelle, à Bucarest, sont réels et témoignent de la complémentarité entre radios publiques et privées.
La montée de RFI sur le satellite EUTELSAT II depuis octobre 1993 lui permet d'offrir le service mondial en français 24 heures sur 24 heures. Il est repris en FM à Bucarest par Radio Delta, à Prague, et à Sofia. Parallèlement, des accords de partenariat permettent à RFI de faire reprendre certains de ses programmes en langues étrangères en Pologne (15 stations), en Roumanie (4 stations).
? Les reprises par les télévisions publiques nationales des programmes de CFI, satisfaisantes jusqu'en 1994, s'inscrivent désormais dans un contexte plus difficile.
D'une situation quasi monopolistique dans certains pays au moment de l'ouverture des télévisions, les reprises de programmes sont désormais limitées par les exigences des ayants-droit bénéficiant par ailleurs de l'émergence de marchés créés par la privatisation des chaînes comme en Pologne et en République Tchèque et prochainement en Hongrie.
Le bilan est donc contrasté. C'est en Bulgarie et en Roumanie, qui comptent de nombreux francophones, et en République Tchèque où la privatisation a accentué la concurrence et renforcé le besoin de programmes de la télévision nationale que CFI continue de bénéficier des plus importantes reprises.
TV5 a fait une bonne percée en Europe centrale et orientale grâce au démarrage du câble dans certains pays : Pologne, Hongrie, et République tchèque, qui devrait être accentuée par sa « montée » sur le satellite d'EUTELSAT, HOT BIRD 1, à la position 13° Est, depuis mars 1995.
En Roumanie et en Bulgarie, pays davantage francophones, TV5 est diffusé sur un réseau hertzien terrestre dans l'attente du développement du câble. Cette diffusion se heurte à de nombreuses difficultés dans la mesure où les instances de régulation réclament l'incorporation dans la grille de TV5 d'une proportion de programmes nationaux en liaison avec un partenaire de droit local. Cette demande pose à la fois un problème d'image pour la chaîne francophone et de pérennité de la présence sur l'hertzien terrestre. Il est donc tout à fait clair que ces deux exceptions ne doivent persister que dans l'attente de la mise en place de réseaux câblés à Bucarest et à Sofia.
La reprise des programmes de la SEPT s'avère en revanche plus décevante. Les accords passés par cette société avec les télévisions de ces pays sont cependant positifs puisqu'ils ont permis de mettre en place une politique efficace d'échanges de programmes ainsi que des coproductions.
c) La constitution d'un bouquet francophone sur EUTELSAT
On sait que se sont constitués sur EUTELSAT des bouquets de chaînes francophones publiques et privées : celui de TF1 et de France Télévision, la CLT, M6 et la Lyonnaise des eaux et sans doute une ou plusieurs de ses chaînes thématiques du secteur public, ARTE et La Cinquième 23 ( * ) , celui des chaînes du groupe AB Production. Ces bouquets de programmes émettent à la position unique de 13° est.
Il s'agit d'une évolution très importante.
Tant que les chaînes françaises n'étaient pas installées sur EUTELSAT, la diffusion des chaînes francophones est restée marginale, compte tenu de la présence des satellites ASTRA. Les paraboles - bon marché - permettant de recevoir les chaînes diffusées sur le satellite luxembourgeois sont pratiquement les seules à équiper en Autriche comme dans le reste de l'Europe centrale et orientale, les foyers domestiques.
La très grande majorité des téléspectateurs hésitent à se doter de plusieurs paraboles. Celles qui permettent de recevoir les chaînes françaises diffusées sur TELECOM sont nettement plus coûteuses en Europe centrale et orientale, car elles doivent être de plus forte puissance, les satellites TELECOM 2A et 2B étant centrés sur une position orbitale décalée par rapport à cette région. Dans l'obligation de choisir, les foyers centre-européens s'équipent prioritairement en paraboles permettant de recevoir ASTRA.
Le « recentrage » décidé par les techniciens des satellites TELECOM 2A et 2B n'avait, en effet, pas constitué une décision heureuse. Déstiné à améliorer la réception des foyers eu Europe de l'Ouest, il a dans le même temps supprimé les « débordements » de diffusion en Europe centrale. Les pays situés à la frange de la zone de réception des satellites, qui le recevaient dans de mauvaises conditions, mais qui les recevaient quand même, se sont vus privés d'images. Cette décision fut mal ressentie.
Cependant l'évolution récente de la stratégie satellitaire de la France est heureuse et tombe à point nommé.
Le renforcement de la présence de la France dans une région ou ASTRA occupe la place dominante, a permis de mettre en évidence la nécessité de constituer des bouquets de programmes regroupant l'offre française de façon cohérente et attractive, à destination soit de la réception professionnelle (reprise sur les réseaux câblées et les chaînes hertziennes), soit de la réception directe.
En outre, le lancement du bouquet numérique de CanalSatellite devrait contribuer à améliorer la présence audiovisuelle française à l'est.
Cette combinaison des initiatives publiques et privées a été encouragée par le rapport de M. Vanderchmitt consacré à « la télévision par satellite » (décembre 1995). Ce rapport a définitivement établi que l'efficacité d'un système satellitaire se mesurait par rapport à l'objectif que l'on voulait atteindre en termes de public. Cette attitude pragmatique doit inciter à « rechercher les partenariats avec les acteurs privés ».
L'audiovisuel francophone n'est pas suffisamment en position de force pour que l'on se permette le luxe de la rivalité entre public et prive. Les deux secteurs doivent s'épauler dans la conquête des publics étrangers, notamment en Europe centrale et orientale.
d) La coopération à la formation des journalistes
Le savoir-faire français, la réputation de nos écoles de journalisme et le système économique de la presse française ont suscité un fort intérêt de la part de Gouvernements dont l'objectif prioritaire était de restaurer la démocratie.
• La Roumanie
est le pays avec
lequel la coopération journalistique a pris le plus d'ampleur.
L'élément central de cette coopération a été
l'informatisation de l'agence roumaine de presse ROM PRESS, et l'aide à
la restructuration de l'enseignement de la faculté de journalisme de
Bucarest. La présence française prend dorénavant la forme
d'envois d'intervenants pour participer à des ateliers de formation.
•
En
République
Tchèque,
à Prague, un jumelage entre l'Université
d'une part, le CFPJ et l'IFP d'autre part, a permis d'effectuer des
échanges d'étudiants et de professeurs.
• En Pologne,
a
été créée depuis 1994 une filière
franco-polonaise, en liaison avec l'École Supérieure de
Journalisme de Lille.
• En Bulgarie,
des actions de
formation et de perfectionnement sont menées.
La coopération journalistique, permet des opérations associant des professionnels français et étrangers, comme les programmes de stages montés avec l'Association. « Presse et solidarité » regroupant les principaux syndicats de la presse française qui facilitent la venue en France, pour des séjours de courte durée, de professionnels étrangers.
* 21 Rapport sur « la politique audiovisuelle extérieure de la France » à M. Hervé de Charrette, Ministre des Affaires étrangères, par M Francis Balle, professeur à l'Université de Paris 2, avec la collaboration de MM Jean Rouilly et Jean-Marc Virieux décembre 1995, page 52.
* 22 À cet effet, le rapport BALLE précité propose une loi de programmation, une ligne budgétaire unique et un document budgétaire spécifique.
* 23 Diffusent sur cette position, en mode analogique TV5, CFI et MCM, ARTE ainsi que la Cinquième.