CHAPITRE PREMIER - LE CONTEXTE ÉCONOMIQUE

Le débat d'orientation budgétaire doit être situé dans le contexte économique du ralentissement de la croissance.

I. RETOUR SUR L'ANNÉE 1995 : UNE CROISSANCE QUI S'ESSOUFFLE

A. DES RÉSULTATS DÉCEVANTS

La prévision initiale de croissance pour 1995 , associée à la loi de finances, était de 3,1 % dans une fourchette de 2,7 à 3,5 %

Finalement, après plusieurs révisions, les comptes de la Nation Publiés par l'INSEE au mois d'avril 1996 opèrent une dernière révision à la baisse 1 ( * ) de laquelle il ressort que le taux de croissance du PIB aura été de 2,1 % en volume au cours de l'année écoulée.

Variation des ressources et des emplois de biens et services entre 1994 et 1995

Par rapport à l'année précédente, 1995 est donc une année d'essoufflement de la croissance.

B. DES MOTEURS INSUFFISANTS

Cet essoufflement provient pour l'essentiel de l'évolution des stocks. Celle-ci avait exercé en 1994 un puissant effet favorable sur l'activité économique puisqu'elle avait expliqué près de 60 % du supplément d'activité enregistré cette année là. En revanche, en 1995, la gestion des stocks a été quasiment neutre en termes d'activité économique.

Ainsi, la légère reprise de la croissance de la demande finale intérieure en moyenne annuelle n'aura suffi ni à contrecarrer l'inflexion de comportement des entreprises en matière de stocks ni à en compenser les effets sur le rythme de l'activité économique.

1. Une accélération de la demande...

La demande intérieure finale s'est accélérée en 1995 par rapport à 1994

La consommation finale des ménages a augmenté en volume de 1,7% contre 1,4% en 1994.

L'investissement des sociétés non financières s'est accru de 4,3 %, s oit à un rythme plus de deux fois et demi plus rapide que l'année précédente.

2. ... mais deux caractéristiques défavorables

a) Une ampleur décevante

Malgré une croissance du revenu disponible brut des ménages de 4,4 % en valeur, leur consommation n'a augmenté que de 3.5 %. Le taux d'épargne des ménages s'est donc une fois de plus élevé en 1995, passant de 13,6 en 1994 à 14,3 %. Ce phénomène qui n'est pas, par principe, défavorable, reste inexpliqué par les déterminants traditionnels de l'épargne. Il traduit très probablement un réflexe de précaution des ménages devant un avenir jugé par eux incertain.

Quant à l'investissement des entreprises non financières, son taux de croissance en 1995 n'a pas permis de rattraper le niveau qui était le sien en 1992. En francs courants, les flux d'investissement en 1995 auront été inférieurs de près de 20 milliards de francs à ce qu'ils étaient en 1992.

La prévision associée à la loi de finances pour 1995 tablait sur une croissance de l'investissement des entreprises non financières beaucoup plus importante (9,3 %).

Aux explications traditionnelles sur l'attentisme des entreprises en Période de faible croissance de la demande, la dernière révision des Comptes de la Nation en 1995 ajoute d'autres éléments moins attendus.

La situation délicate des entreprises financières n'est pas une surprise, En revanche, la révision à la baisse de la capacité de financement des entreprises financières peut expliquer pour partie des performances en matière d'investissement moins favorables qu'escompté.

L'estimation portant sur la capacité de financement des sociétés privées a été ainsi ramenée de 131 à 92 milliards de francs en 1993 et de 109 à 47 milliards de francs pour 1994. En 1995, elle est de 41 milliards de francs. Il en résulte que le total des capacités de financement accumulées par les entreprises privées depuis 1993 (180 milliards de francs) est encore inférieur aux besoins de financement des années 1990 à 1992 (284 milliards de francs) 2 ( * )

Il y a dans la persistance de ce besoin de financement des entreprises un facteur de hausse de leur taux d'épargne peu favorable à la croissance.

b) Une durée insuffisante

Décevante dans son ampleur, la croissance économique en 1995 l'a également été du fait de sa durée.

Contributions a la croissance du PIB

En effet l'économie française a, l'an dernier, vu se succéder un premier trimestre dynamique (+ 0,7 % de croissance par rapport au trimestre précédent), deux trimestres où l'activité économique est restée presque stable et, enfin, un quatrième trimestre où elle s'est repliée (- 0,4 % au quatrième trimestre par rapport au troisième).

L'économie s'est ainsi essoufflée si bien que derrière une croissance moyenne de 2,1 % pour l'ensemble de l'année, il y a lieu de faire état d'une ébauche de récession en fin d'année.

Conséquence importante : si l'acquis de croissance 3 ( * ) était au début de 1995 de 1,6 %, il apparaît comme négatif au début de 1996 (- 0,3 %).

* 1 Précédemment, la croissance pour 1995 était estimée à + 2,4 % .

* 2 Ces révisions, si elles traduisent pour beaucoup une révision à la hausse des investissements et des stocks des entreprises, démontrent aussi qu'une légère progression de l'investissement se traduit directement par une inflexion des capacités de financement des entreprises à des niveaux peu favorables à un désendettement substantiel de celles-ci

* 3 L'acquis de croissance pour une année équivaut à ce que serait la croissance en moyenne annuelle si l'activité économique demeurait au niveau atteint lors du dernier trimestre de l'année

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