II. LE DISCOURS DE M. KINKEL, MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES D'ALLEMAGNE

Intervenant devant l'Assemblée de l'UEO dans sa séance du 19 juin 1996, M. KINKEL a salué la participation aux travaux de l'UEO des pays associés partenaires de l'Europe centrale et orientale. Il faut aujourd'hui "élargir le réseau de la stabilité et de la sécurité en Europe et le consolider" a indiqué M KINKEL, pour qui ce réseau repose sur quatre piliers : -l'Union européenne qui deviendra "le noyau de stabilité de l'Europe tout entière", - l'UEO, qui doit remplir le double rôle d'instrument de défense de l'Union et de pilier européen de l'Alliance atlantique, - l'OTAN, qui "consacre la présence américaine en Europe et demeure ainsi le principal garant de notre sécurité et de la stabilité en Europe, - l'OSCE, qui doit devenir "un instrument efficace de diplomatie préventive". "Il serait illusoire de penser, a poursuivi le ministre, que la stabilité et la sécurité en Europe pourraient être garanties de manière fiable et durable si la Russie était exclue militairement ou politiquement de notre concept de sécurité."

S'agissant des progrès que l'Europe doit réaliser dans le domaine de la sécurité, M. Kinkel a ainsi décrit les objectifs à atteindre :

"Premièrement : nous devons continuer de développer les capacités opérationnelles de l'UEO Le seul moyen d'y parvenir réside dans l'utilisation mutuelle des structures existantes par l'OTAN et l'UEO. Nous devons redoubler d'efforts pour résoudre rapidement les problèmes actuels concernant le concept des "groupes de forces interarmées multinationales" C'est vers cette tâche que devront converger, au cours des prochains mois, nos efforts pour renforcer le rôle opérationnel de l'UEO.

Deuxièmement : l'UEO a besoin de voir améliorer ses moyens de communication et elle a besoin de disposer de sa propre capacité de reconnaissance moderne. Des informations précoces et fiables sur la situation sont le préalable indispensable pour résoudre les crises internationales. Si elle ne possédait pas sa propre base d'information, la politique étrangère et de sécurité européenne ressemblerait à un colosse aux pieds d'argile. Notre objectif doit donc être de créer un système européen de satellites de reconnaissance. Nous avons déjà pris un bon départ : en effet, le centre satellitaire de l'UEO effectue depuis deux ans un travail fructueux à Madrid La France, l'Italie et l'Espagne ont construit ensemble Hélios I, premier satellite de reconnaissance européen, dont le lancement est imminent Je préconise que la prochaine génération de satellites soit prise en charge par l'ensemble des États de l'UEO.

Troisièmement : une politique de sécurité commune exige d'être fondée sur une industrie de défense suffisante. La situation actuelle est préoccupante du fait que de plus en plus de capacités disparaissent en raison de conditions générales défavorables. Il faut agir de toute urgence Ce dont nous avons besoin, c'est d'une européanisation des marchés qui ont gardé jusqu'à maintenant un caractère strictement national. L'objectif consiste à créer un marché commun pour les biens d'armement, ce qui peut se faire avec l'aide d'une Agence européenne de l'armement. Une politique d'armement européenne exige bien sûr aussi une politique commune sur le plan des exportations d'armements L'Allemagne recommande que l'Europe adopte là aussi une ligne commune."

L'objectif doit être "d'intégrer à long terme les organes de l'UEO et ceux de l'Union européenne, à partir des Conseils des ministres jusqu'aux groupes de travail" a affirmé M. KINKEL.

Cette affirmation devait susciter des questions de M Jean VALLEIX député (RPR) opposé à la fusion de l'UEO et de l'Union européenne et de M. Armand de DECKER (Belgique, PRL) qui s'est interrogé sur le réalisme des objectifs affirmés par le ministre allemand, compte tenu notamment des risques de blocage inhérents à l'arrivée de pays ayant une tradition de neutralité.

M. KINKEL se borna à prendre acte de cette différence de points de vue, réaffirmant que l'intégration de l'Union européenne et de l'UEO était un objectif qu'il ne fallait pas perdre de vue malgré les problèmes que pourrait entraîner l'élargissement aux pays d'Europe centrale et orientale.

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