2. Un processus à mi-chemin du terme fixé par la déclaration de principe de 1993

Bien que de nombreux retards aient ralenti le rythme prévu, le processus de négociation a permis des avancées décisives.

a) L'accord sur Gaza et Jéricho du 4 mai 1994 : un premier jalon

L'accord sur le retrait des forces israéliennes, dont la signature conditionnait le déroulement entier du processus annoncé par la déclaration de principe, n'a pu être signé au Caire que le 4 mai 1994, soit 5 mois après la date initialement prévue (le 13 décembre 1993).

Cet accord dit " Gaza-Jéricho d'abord " (ou Oslo 1), ouvre la voie d'une part au redéploiement de l'armée israélienne à Gaza et Jéricho et à l'entrée des forces de police palestiniennes dans la zone évacuée, et d'autre part au transfert partiel des pouvoirs civils de l'administration israélienne aux autorités palestiniennes dont les membres étaient désignés par l'OLP. Il marque ainsi officiellement l'entrée en vigueur de la période intérimaire de cinq ans.

Des accords intervenus le 29 août 1994 et le 27 août 1995 permirent de transférer des responsabilités en matière civile aux Palestiniens des secteurs de Cisjordanie non concernés par l'Accord sur Gaza et Jéricho.

Dès le 29 avril 1994, un " protocole sur les relations économiques " entre Israël et l'OLP signé à Paris, devait permettre un rapprochement entre les deux économies.

b) L'accord intérimaire israélo-palestinien de 1995 sur la Cisjordanie et la bande de Gaza et la naissance d'institutions palestiniennes démocratiques

· L'accord intérimaire de 1995

Le 28 septembre 1995, les négociations connaissent une autre étape décisive avec la signature à Washington d'un nouvel accord intérimaire dit " de Taba " ou Oslo II portant sur les modalités de mise en oeuvre de l'autonomie palestinienne. L'accord prévoit l'élection d'une autorité palestinienne autonome , le Conseil palestinien législatif, et du Président (Raïs) de l'autorité exécutive du Conseil. Il détermine également les conditions de transfert de pouvoir du gouvernement militaire et de l'administration civile israéliens au conseil. Enfin et surtout il fixe les modalités du redéploiement militaire et divise à cet égard la Cisjsordanie en trois zones.

La zone A comprend les sept grandes villes palestiniennes (Djénine, Qalqiliya, Tulkarm, Naplouse, Ramallah, Bethléem et Hébron -sans la vieille ville-), soit 20 % de la population de la Cisjordanie mais seulement 4 % du territoire. A l'exception d'Hébron, dont l'évacuation est prévue en janvier 1997, l'armée israélienne s'est retirée des six autres villes à la fin de 1995. La sécurité intérieure, l'ordre public et les affaires civiles ont été confiés à l'Autorité palestinienne. Le statut de la zone A pourrait se comparer aux zones autonomes de Gaza et de Jéricho si l'armée israélienne ne conservait dans ces six villes un pouvoir d'intervention dans le cadre de patrouilles conjointes.

La zone B couvre la quasi-totalité des 450 villages palestiniens de Cisjordanie , soit environ 23 % de sa superficie. Elle se distingue d'une part par le pouvoir plus limité de l'Autorité palestinienne, responsable des pouvoirs civils et de l'ordre public, et d'autre part par le droit unilatéral et permanent d'intervention de l'armée israélienne chargée du maintien de la sécurité.

Enfin la zone C représente 73 % de la superficie de la Cisjordanie et couvre les zones non peuplées, les zones dites stratégiques et les colonies. Cet ensemble reste placé sous le contrôle exclusif d'Israël -à l'instar de la partie de la bande de Gaza encore non évacuée (soit 30 à 40 % de ce territoire)- bien qu'un calendrier ait prévu un redéploiement en trois étapes tous les six mois, débutant six mois après les élections palestiniennes. Cependant les Israéliens avaient refusé de négocier les modalités de ce retrait jusqu'au début de l'année 1997.

Dans le cadre de l'accord sur Hébron, la lettre d'assurance américaine détermine un redéploiement dans les zones rurales, en trois étapes de mars 1997 à la mi-1998, sans préciser toutefois l'étendue et les conditions de ces retraits.

S'agit-il de redéploiements dans les zones B et C assimilées dès lors au statut de la zone A ou, dans une perspective plus restrictive, de transferts de parties de zone C en zone B ? Pour les Palestiniens les retraits devraient concerner 90 % de la Cisjordanie avec une présence israélienne maintenue dans les colonies et les sites militaires. En revanche, selon certaines sources israéliennes, l'Etat hébreu garderait le contrôle de 40 à 50 % de la Cisjordanie. D'après la lettre d'assurance américaine, il appartiendra à Israël de déterminer, seul, les détails des redéploiements. Ces incertitudes apparaissent source de nombreuses difficultés pour les discussions à venir.

Les zones A et B où s'exerce la compétence de l'Autorité palestinienne constituent un espace morcelé en une centaine d'enclaves entre lesquelles la circulation demeure placée sous le contrôle des Israéliens , responsables par ailleurs du contrôle des frontières extérieures (entre Gaza et l'Egypte comme entre la Cisjordanie et la Jordanie).

· Les élections palestiniennes du 20 janvier 1996

Le retrait, certes partiel, des territoires palestiniens, achevé à la fin de l'année 1995, a levé l'obstacle à l'organisation d'élections directes pour un Conseil palestinien de l'autonomie, prévues, en principe, neuf mois au plus tard après l'entrée en vigueur de la déclaration de principe, soit le 13 juillet 1994. Le Conseil d'autonomie et le président de l'autorité exécutive ont pu être élus, en fait, le 20 janvier 1996 par la population palestinienne de Cisjordanie, de Jérusalem (selon des dispositions particulières) et de la bande de Gaza pour une période transitoire n'excédant pas cinq ans à dater de la signature de l'accord sur Gaza et Jericho du 4 mai 1994.

M. Arafat a réuni plus de 88 % des suffrages. Le scrutin s'est caractérisé par l'importance du taux de participation (entre 75 et 80 % en Cisjordanie et 93 % à Gaza) malgré le refus des partis islamistes de prendre part au vote.

· L'abrogation de la Charte palestinienne (24 avril 1996)

Le Conseil national palestinien, organe législatif de l'OLP s'est résolu, conformément aux engagements souscrits dans l'accord intérimaire, à abroger tous les passages de la Charte appelant à la destruction de l'Etat d'Israël. Cette décision, acquise par 504 voix de majorité (contre 54 voix et 14 abstentions), a permis en retour au parti travailliste lors de sa convention, réunie le lendemain, de lever son opposition à l'instauration d'un Etat palestinien.

Trois mois plus tard devait débuter à Taba, avec l'ouverture officielle des négociations sur le statut permanent des territoires autonomes, la dernière étape, décisive, du processus initié à Washington. Ce statut, aux termes de la déclaration de principe, devait entrer en vigueur avant le 4 mai 1999 et régler l'ensemble des questions exclues des négociations de la période intérimaire (Jérusalem, les colonies, les réfugiés, les accords de sécurité, les frontières, les relations de coopération).

Les négociations se sont effectivement ouvertes le 5 mai 1996 mais ont été suspendues immédiatement compte tenu du contexte électoral en Israël. Elles devraient reprendre deux mois après le redéploiement à Hébron.

A la suite de l'arrivée au pouvoir du Likoud, les discussions sur le processus de paix n'ont pu être relancées que tardivement et dans un climat de grande incertitude.

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