3. La position retenue

En appliquant les principes définis précédemment, la position de la Commission et du Tribunal de première instance de l'Union européenne paraît devoir être écartée car il semble peu conforme à une approche économique de déduire du coût de la sous-activité des guichets des espaces fragiles de notre territoire les recettes des activités concurrentielles. A suivre la Commission sur ce terrain, n'arriverait-on pas à la conclusion que les seuls points postaux aggravant les charges de La Poste seraient ceux qui n'ont aucune activité ?

L'analyse de La Poste pourrait, a priori, être suspectée de partialité. A elle seule, la rigueur de la démarche suivie, révélatrice du souci de transparence qui anime cette grande entreprise publique, devrait suffire à écarter un tel procès d'intention. Mais même les esprits les plus critiques ne sauraient douter de sa totale rectitude dès lors que cette analyse a été reconnue comme valable par la Commission européenne et avalisée par l'IGF.

Elle ne peut donc qu'être considérée comme présentant toute garantie de fiabilité.

Cependant, elle procède d'une vision administrative et quelque peu conservatrice du réseau car elle calcule le coût de fonctionnement des implantations d'animation territoriale -c'est-à-dire les frais que leur maintien entraîne- et non leur coût de compétitivité , c'est-à-dire les gains que leur absence engendrerait .

Ce reproche ne peut être adressé à l'étude de l'Inspection générale des Finances qui, elle, se place dans une perspective résolument économique et estime, à juste titre, qu'un opérateur en position concurrentielle ne peut définir son réseau que sur un plan fonctionnel et commercial.

Cela n'emporte nullement que La Poste doive construire le sien sur ce seul plan. Cela signifie simplement que l'intégration d'autres objectifs -tels la mission d'aménagement du territoire- se doit d'être évaluée à son juste coût, à savoir son coût de compétitivité . Dans un contexte concurrentiel et non plus monopolistique, un tel choix apparaît nécessaire à votre rapporteur car il est le seul à même d'éclairer l'arbitrage politique.

C'est pourquoi, dans la suite de ses travaux, votre rapporteur retiendra le chiffre découlant de l'approche mise en oeuvre par l'IGF, à savoir 4,4 milliards de francs en 1995, soit vraisemblablement autour de 4,5 milliards aujourd'hui du seul fait de la dérive des prix .

Un tel montant représente, pour la partie rurale du réseau, près de deux fois et demie le budget d'aménagement du territoire de la Nation voté pour 1997 .

Pour La Poste , compte tenu de l'abattement sur les impôts directs locaux octroyé en contrepartie, ceci correspond à une charge annuelle nette de l'ordre de 3,1 milliards en 1995, soit plus de 4 % de son chiffre d'affaires. Et cela dans des secteurs d'activité où les marges bénéficiaires, elles-mêmes, atteignent rarement de telles proportions !

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