II. UN DISPOSITIF DE TRAITEMENT DU SURENDETTEMENT GLOBALEMENT SATISFAISANT

Le dispositif de traitement du surendettement instauré en 1989 et modifié en 1995, après une période d'acclimatation relativement brève, recueille aujourd'hui l'adhésion de l'ensemble des acteurs. Le système a fait ses preuves.

Toutefois, des dysfonctionnements et des lacunes subsistent. En outre, il convient de veiller à ce que les évolutions observées caractérisant le phénomène du surendettement ne compromettent pas, à terme, l'efficacité du dispositif.

A. UN DISPOSITIF SALUÉ PAR L'ENSEMBLE DES ACTEURS

Les mécanismes de traitement du surendettement, instaurant une coopération tout à fait atypique entre une autorité administrative, la commission de surendettement, et le juge, ont acquis la confiance des différents acteurs, en particulier celle des organismes de crédit, initialement très réticents, et se sont révélés globalement efficaces.

La réforme de 1995 n'a pas atténué l'esprit de conciliation, gage de succès des procédures, et a inscrit dans la loi l'importance du rôle joué par les commissions, désormais placées au coeur du dispositif.

Le pragmatisme consensuel mis en oeuvre a enfin permis de relever le défi d'un accroissement du nombre des dépôts de dossiers sans commune mesure avec les prévisions initiales.

1. Des résultats tout à fait remarquables

Les commissions de surendettement ont dû faire face à une augmentation des demandes qui avait été très largement sous-estimée.

Depuis l'entrée en vigueur du dispositif en 1990, elles ont ainsi été saisies, en données cumulées, fin avril 1997, de 557.761 dossiers qui, dans plus de 90 % des cas, ont été déclarés recevables.

Relativement stable sur la période 1993-1995 (70.000 en moyenne), le nombre de dépôts annuels est passé à 87.000 en 1996. Ce dernier chiffre tient compte des dossiers transmis par les juridictions en application de la réforme de 1995 supprimant la procédure de redressement judiciaire civil, soit environ 10.000 dossiers, tout en révélant une nette accélération du rythme des dépôts. En effet, en 1996, le nombre de dossiers déposés a augmenté de 24 % par rapport à l'année précédente, faisant de l'année 1996 celle où le nombre des dépôts a été le plus important. Selon la Banque de France, la tendance pour 1997 serait un accroissement encore supérieur.

Alors que le taux de signature des plans conventionnels semblait avoir atteint un plafond en 1993 et 1994 (63 %), ce taux a connu une progression régulière depuis l'entrée en vigueur de la réforme : 66 % en 1995, 69 % en 1996, 74 % au premier semestre 1997. Ces chiffres semblent donner raison au législateur de 1995 qui avait estimé que la refonte de la procédure inciterait les créanciers à se montrer plus conciliants en phase amiable pour éviter la phase des recommandations.

L'efficacité du dispositif doit se mesurer à l'aune non seulement du taux de succès de la phase amiable, mais aussi et surtout en fonction du taux de réussite dans la mise en oeuvre des plans conventionnels . Or, en l'absence de système de suivi de l'exécution des plans, aucune étude statistique d'ensemble ne permet de procéder à une telle évaluation. La mesure de la viabilité des plans a seulement fait l'objet d'une étude ponctuelle, à partir d'un échantillon représentatif, réalisée par le CREP (Centre de Recherche sur l'Épargne) en mai 1995 à la demande du comité consultatif du Conseil national du crédit : le taux d'échec correspondant à la proportion de plans frappés de caducité du fait du non respect par le débiteur des engagements souscrits était de l'ordre de 10 %. Les statistiques tirées du FICP révèlent en outre qu'au 31 mars 1997, seulement 13,2 % des plans ont fait l'objet d'un incident caractérisé postérieurement à leur signature.

Le dispositif révisé en 1995 a par ailleurs permis une importante amélioration des délais de traitement des situations de surendettement . Alors qu'au moment de la réforme, le Ministère de la Justice estimait que pour un quart des dossiers en instance soumis à la procédure du redressement judiciaire civil, le délai de traitement atteignait quinze mois, ce même délai devant la commission de surendettement serait aujourd'hui de l'ordre de 160 jours calendaires, soit un peu plus de cinq mois. Ce chiffre correspond cependant à une moyenne et ne reflète pas les écarts substantiels entre les commissions qui, pour certaines, doivent faire face à des stocks importants.

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