2. Analyse de la position concurrentielle des ports français
2.1 Présentation générale de l'activité des ports français
Le trafic total de l'ensemble des ports français représente un volume annuel de 300 millions de tonnes environ dont environ 70 % à l'import et 30 % à l'export.
Ce trafic se décompose comme suit :
les vracs liquides : 155 Mt par an environ, soit un peu plus de la moitié du trafic. Ils sont constitués en majorité de produits pétroliers (94 % environ) et concernent principalement les importations (plus de 85 % de ces trafics sont à l'import). La majorité de ce trafic est destinée aux industries lourdes localisées à proximité des grands ports de France. Une fois les décisions d'implantation prises, les industriels sont très dépendants du port à proximité duquel ils ont choisi de s'implanter. Les trafics liés à ces activités sont donc sont peu volatils et sont souvent considérés comme captifs par les ports concernés et ces trafics. Toutefois, lorsque la décision de restructurer une activité ou de créer une nouvelle unité doit être prise par ces industriels, la compétitivité des ports joue un rôle important dans les choix. Bien entendu, ces choix sont ensuite déterminants, sur le long terme, pour l'activité des sites portuaires retenus.
les vracs solides : 70 Mt par an environ, dont plus de 70 % sont des importations, sont très liés à des filières spécifiques ou à des secteurs d'activité (charbon et minerais à l'import pour la sidérurgie, charbon pour les centrales électriques, céréales à l'export, engrais, aliments pour animaux, sucres, ciment, clinker, sables ou graves, etc.). Une partie de ces trafics est destinée à des industries lourdes, dont certaines se sont implantées en zone portuaire afin de minimiser les coûts de transport. Une autre partie de ces trafics de vrac est destinée à, ou originaire de régions plus éloignées des ports. Dans ce cas, la position géographique du port joue bien entendu un rôle important dans les choix logistiques, mais les possibilités d'accès terrestre par des modes de transport adaptés sont fondamentales (voie d'eau pour les pondéreux, chemin de fer pour les céréales...). Ces trafics sont donc assez peu concurrentiels, ou tout au moins assez peu volatils sur le court terme. Comme pour les vracs liquides, les sites portuaires sont mis en concurrence lors de choix stratégiques d'implantation de nouvelles unités industrielles.
les marchandises diverses conteneurisées : 18,3 millions de tonnes en 1996. En raison des logiques armatoriales d'organisation des lignes régulières qui transportent ces marchandises, le trafic est très concentré sur quelques ports (Le Havre 9,5 Mt, Marseille-Fos 5,8 Mt, Rouen 1,1 Mt, Nantes St Nazaire 0,7 Mt, Dunkerque 0,7 Mt, Bordeaux 0,3 Mt). Les principales caractéristiques de ce trafic sont d'être à la fois très diffus et très volatil. Très diffus, car les chargeurs expédiant ou recevant des marchandises conteneurisées sont implantés dans toutes les régions de France, et traitent parfois des trafics annuels très faibles (les grandes régions économiques françaises drainent toutefois une large part du trafic). Très volatil car les chargeurs ont souvent le choix entre plusieurs ports. Le premier client du port pour ces trafics est donc l'armateur de ligne régulière car c'est lui qui, en choisissant d'inscrire tel port sur sa ligne, fait que la chaîne de transport passant par ce port existe ou non. Notons également la faiblesse des armateurs nationaux sur les lignes régulières, et que le marché mondial est dominé par des armateurs étrangers (Europe du Nord, États Unis, et surtout Asie du sud-est). Il s'agit donc d'un trafic extrêmement concurrentiel pour lequel et aucune position n'est définitivement acquise.
les trafics routiers (Roll on - Roll off ou RORO) : désignent les marchandises qui sont déchargées des navires par roulage (ou manutention horizontale). Ils représentent environ 50 millions de tonnes par an, dont 40 Mt/an pour le trafic transmanche, c'est à dire les échanges entre les îles britanniques et l'Europe continentale, 5 Mt/an pour les échanges entre la façade méditerranéenne de la France et la Corse ou le Maghreb et 5 Mt/an pour quelques lignes spécifiques (entre Nantes et l'Espagne par exemple) ou des lignes "car carriers" transocéaniques transportant des véhicules neufs. Il s'agit également de trafics fortement concurrentiels.
Les trafics conventionnels (ou "breakbulk") : désignent les marchandises diverses non unitisées et représente environ 12 Mt par an. Il s'agit principalement de produits sidérurgiques, de bois, de sacherie ou "big bags", de palettes, cartons... Ce trafic est souvent très concurrentiel pour les ports, et la manutention portuaire joue un rôle déterminant dans la compétitivité d'un port sur ces activités qui restent très consommatrices de main d'oeuvre.