2.2 Historique des grandes tendances et évolutions passées
Le trafic total de l'ensemble des ports français est pratiquement stable depuis 1990 et se situe, depuis cette date, à un niveau annuel de l'ordre de 300 Mt (+/- 2 %). Il a atteint pour la première fois ce niveau dans les années 73-74 (respectivement 295 et 305 Mt) après une longue période de forte croissance. Il a ensuite fluctué dans une fourchette de +/- 10 % entre 1974 et 1990, atteignant son point culminant en 1979 (330,5 Mt).
Les grandes évolutions des trafics de vrac trouvent souvent leur explication dans l'analyse de l'activité des filières qui leur sont liées plus que dans celle de la compétitivité des ports. En revanche, alors que les échanges de produits manufacturés continuent à augmenter à un rythme supérieur à celui de la croissance économique des pays, les ports français subissent sur ces trafics une forte concurrence des autres ports européens et l'évolution de leurs trafics de marchandises diverses reste nettement inférieure à celle de leurs voisins.
Les conteneurs
Le trafic de conteneurs des ports français augmente de façon assez régulière jusqu'en 1989 où il atteint 16,8 Mt. Cette croissance se ralentit ensuite et le trafic stagne, avec une forte baisse d'activité en 1992 en raison des conflits sociaux qui ont accompagné la réforme de la filière portuaire et son volet sur le statut de la main d'oeuvre docker. Le trafic retrouve en 1993 son niveau "normal" des années 1990-1991. Hormis cette baisse ponctuelle de 1992, le trafic conteneurisé des ports français évolue lentement au cours des dernières années, alors qu'il continue à augmenter fortement dans les ports étrangers concurrents, comme le montrent les évolutions pour les principaux ports européens entre 1990 et 1996 :
Évolution des trafics conteneurisés entre 1990 et 1996 (tonnes) :
Ensemble des ports français : |
+ 13 % |
Port de Hambourg : |
+ 59 % |
Port d'Anvers : |
+ 81 % |
Port de Rotterdam : |
+ 36 % |
Port de Barcelone : |
+ 67 % |
Port de Valence : |
+ 118 % |
Port d'Algésiras 85 ( * ) : |
+ 148 % |
Port de Gênes : |
+ 145 % |
Globalement, le trafic de conteneurs devient de plus en plus concurrentiel, et il apparaît clairement que les ports français perdent progressivement de leur compétitivité par rapport à leurs concurrents.
Le trafic routier
Le trafic roulier connaît une croissance régulière assez forte jusqu'en 1995, le trafic transmanche étant tiré par la croissance des échanges avec les îles britanniques et augmentant de 7 à 8 % par an en moyenne au cours des 5 dernières années. La mise en service du tunnel sous la Manche et la montée en puissance du trafic pendant l'été 1996 modifie sensiblement la donne sur ce marché : les opérateurs renforcent leurs services sur certains ports au détriment d'autres sur lesquels des services disparaissent. Les évolutions sont contrastées, mais globalement, le trafic roulier transmanche des ports français subit la concurrence de ce nouveau mode de transport.
Le trafic conventionnel
Malgré une reprise assez sensible dans quelques ports à la suite de la réforme de 1992, le trafic conventionnel global stagne dans les ports français. Les comparaisons sont difficiles avec les ports étrangers concurrents, car les statistiques fournies par les ports distinguent rarement le conventionnel du roulier au sein des statistiques sur les marchandises diverses. Toutefois, les évolutions de l'ensemble du trafic de diverses non conteneurisées ne sont pas très différentes dans les ports du Nord et dans les ports français, ce qui semble traduire une stabilité des niveaux de compétitivité relatifs. Notons toutefois que les ports français sont peu actifs sur ce marché : alors que le trafic de diverses non conteneurisées s'élève en 1996 à 18 Mt environ pour l'ensemble des ports autonomes français dont 10 Mt dans les ports de la façade Manche/mer du Nord, il atteint la même année 23 Mt au seul port d'Anvers, 14 Mt à Zeebrugge, 6,5 Mt à Amsterdam et 18,5 Mt à Rotterdam, soit un total de 65 Mt pour les principaux ports du Bénélux ! On note donc un écart considérable entre l'activité des ports français sur le conventionnel et celle de leurs concurrents nord-européens.
* 84 Y compris taxe d'usage.