2. La redevance, ressource naturelle de l'audiovisuel public

Il est de bon ton de critiquer la redevance, cette taxe - disent certains - inefficace, injuste et archaïque. Il y a là une idée reçue, qui méconnaît la réalité technique et la signification politique de ce mode de financement.

La redevance serait d'abord coûteuse. Cela n'est pas exact puisque ses frais de perception dépassent à peine 4 % du montant des ressources collectées, soit une dépense de 23 francs par compte. Ce résultat est d'autant plus remarquable qu'il a été obtenu en dépit des contraintes de gestion liées notamment à la gestion de près de 4 millions de comptes exonérés. Un hommage doit être rendu aux efforts de modernisation - informatisation, utilisation du titre interbancaire de paiement - entrepris par ce service et ses personnels depuis une dizaine d'années.

La redevance, dit-on également, serait une survivance des temps du monopole. Certes, son sens a changé ; elle n'est plus cette taxe pour service rendu, payée, légitimement, par tous ceux qui en bénéficiaient à une époque où la télévision était encore un luxe. Aujourd'hui, à l'heure où tout le monde - ou presque - possède un poste, certains se demandent si l'on ne ferait pas mieux de financer le secteur public par des crédits du budget général et de supprimer en conséquence la redevance. Or, ce serait une grave erreur que de couper le lien qui s'établit, à travers cette taxe, entre les Français et le secteur public. Celui-ci a un coût, les citoyens en sont conscients, les contribuables le comprennent et les consommateurs le savent.


Enfin, pour d'autres, la redevance serait injuste. Elle méconnaîtrait les différences de capacités contributives des Français, comme s'il fallait que le prix des biens que nous consommons soit systématiquement modulé en fonction des revenus. Comme pour les autres services publics, une telle modulation est légitime, mais seulement pour un petit nombre de cas sociaux. La France, avec près de 4 millions de foyers exonérés sur un total de 20 millions, fait exception en Europe : le pourcentage d'exonérations est trois fois inférieur en Allemagne (7 % en moyenne, la proportion variant selon les Länder), en Belgique (7,9 %). Ce taux n'est que de 0,6 % aux Pays-Bas, tandis que les exonérations totales n'existent quasiment pas en Grande-Bretagne.

Le poids de ces exonérations, qui représentaient, en 1997, une somme de l'ordre de deux milliards de francs pour le secteur public, pèse en définitive sur les contribuables - téléspectateurs-consommateurs -, soit qu'elles fassent l'objet de compensation budgétaire, soit qu'elles obligent les chaînes à trouver des ressources publicitaires supplémentaires avec les conséquences que l'on connaît.

Cette taxe doit maintenant s'interpréter comme une participation citoyenne au financement du secteur public audiovisuel. Elle est le prix de l'indépendance tant vis-à-vis des impératifs commerciaux, que vis-à-vis d'un flot d'images importées que le secteur privé n'a aucun intérêt à endiguer.

La redevance, c'est l'occasion pour tous les citoyens de se mobiliser et de participer à cette bataille de France, dont dépend la survie de notre identité culturelle. Par conséquent, chaque foyer français doit prendre sa part de cette bataille comme d'autres l'ont fait avant eux pour la défense de nos libertés.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page