d) Vers une nouvelle révolution verte ?

L'augmentation des rendements depuis 50 ans

La problématique de l'accroissement de la population mondiale et des besoins nutritionnels n'est pas nouvelle pour l'agriculture, qui a, jusqu'à présent, répondu aux sollicitations qui lui étaient adressées.

Depuis la deuxième guerre mondiale, une augmentation considérable des rendements et de la productivité agricole, ou " révolution verte ", a ainsi permis d'assurer la sécurité alimentaire de la planète.

Sous le triple effet de la sélection des variétés, de la mécanisation et de l'utilisation des produits phytosanitaires, les rendements agricoles se sont spectaculairement accrus.

Ainsi, en France, le rendement moyen du maïs est passé de 12,5 quintaux à l'hectare en 1950 à 84 quintaux en 1996, soit une multiplication par 7 qui a permis d'atteindre les meilleurs rendements du monde. L'augmentation des rendements moyens est presque aussi spectaculaire pour le blé, dont on ne récoltait avant la révolution verte que 20 quintaux à l'hectare -soit à peu près autant qu'au moyen-âge-, alors que le rendement actuel atteint, dans certaines zones, 130 quintaux à l'hectare, pour une moyenne avoisinant les 70 quintaux.

Comme le rappelle l'excellent rapport précité de notre collègue Jean Bizet sur les organismes génétiquement modifiés, les progrès de la génétique , permettant la sélection des variétés, auraient été à l'origine de la moitié des grains de productivité réalisés pendant la " révolution verte ".

A cet égard, les évolutions récentes en matière de génie génétique, retracées dans le rapport d'information précité, laissent entrevoir les prémices d'une nouvelle révolution agricole.

Une nouvelle révolution verte en marche ?

Les évolutions de ces dernières décennies ne se sont pas faites sans dommage : les progrès agronomiques, importants, réalisés, ont entraîné une augmentation de l'utilisation des engrais -multipliée par 3,6 en 20 ans- et des produits phytosanitaires -multipliée par 4,2-. Cette logique ne peut impunément être menée à terme.

La " révolution génétique " dont on ressent déjà les prémices, au travers de l'adaptation de plus en plus rapide des biotechnologies par de nombreuses puissances agricoles telles que les Etats-Unis, le Canada, l'Argentine, le Brésil, la Chine ou l'Australie, pourrait être à l'origine d'une nouvelle révolution verte, d'une ampleur considérable, donnant un nouveau souffle à l'augmentation des rendements et s'insérant dans une logique de développement durable, moins consommatrice d'intrants agricoles, même si la compatibilité de ces nouvelles technologies avec l'indispensable respect de l'environnement doit être assurée, de même que l'acceptation par le consommateur de cette technique.

Certains Etats s'engagent, en effet, résolument dans l'ère des cultures transgéniques, ainsi que le détaille l'encadré suivant, tiré du rapport précité de notre collègue Jean Bizet :

GÉOPOLITIQUE MONDIALE DES BIOTECHNOLOGIES

- l'Amérique du Nord dispose d'une avance certaine en matière de biotechnologie ;

- la sphère Pacifique semble s'engager dans cette voie (notamment le Japon et l'Australie) ;

- d'autres Etats émergents se sont résolument investis dans ce secteur : ainsi l'Amérique du Sud et la Chine ;

- au sein des pays Européens, des différences sensibles apparaissent dans la politique des différents Etats, des refus autrichien et luxembourgeois à la mobilisation des pouvoirs publics allemands.

QUELQUES CHIFFRES ÉLOQUENTS :

SURFACES DE CULTURES TRANSGÉNIQUES PAR PAYS EN 1997



TAUX DE CROISSANCE DES SURFACES TRANSGÉNIQUES ENTRE 1996 ET 1997

(en %)

Source : rapport de M. Jean Bizet précité.

Ainsi, un récent rapport de la Banque mondiale 31( * ) , consacré à la contribution que les biotechnologies pourraient apporter à la résolution du problème de la sécurité alimentaire mondiale, constatait que les techniques modernes de transgénèse sont un outil puissant pour améliorer l'agronomie, la lutte contre les pathologies, la physiologie des plantes et le rendement des cultures.

La Banque mondiale soulignait en outre que les biotechnologies sont " hautement compatibles " avec le but d'une agriculture durable, en raison de leur précision " chirurgicale " dans la lutte contre certains problèmes spécifiques, sans interférer sur les autres composantes du système agricole (contrairement aux herbicides et aux pesticides).

Les applications en vue de ces méthodes génétiques sont en effet, comme le détaille le rapport précité de notre collègue Jean Bizet, édifiantes : lutte contre les maladies, les ravageurs, adaptation des cultures aux conditions climatiques extrêmes, à la sécheresse, au froid, à la salinité des sols...

La " révolution génétique " en marche pourrait contribuer à enclencher une nouvelle révolution verte qui permette à l'agriculture d'accroître la quantité et la qualité de ses productions et de répondre aux besoins alimentaires du siècle à venir.

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