2. La question du plafonnement des aides

La mission d'information considère que le plafonnement limitant les aides directes par exploitation ne peut suffire à légitimer le soutien . Même s'il peut permettre de répondre à des situations difficilement défendables et d'éviter de jeter le discrédit sur l'ensemble des aides directes, il présente néanmoins des effets pervers dans la mesure où :

- il génère des effets de seuil : intérêt à l'agrandissement jusqu'au seuil, démantèlement des exploitations au-delà du seuil ;

- il peut être en contradiction avec l'objectif de préservation de l'emploi ;

- il s'applique de façon identique aux exploitations spécialisées dans les productions soutenues par les primes et aux exploitations mixtes qui tirent une partie de leur revenu d'activités non soumises au plafonnement mais soutenues éventuellement par les prix (lait, betteraves, hors-sol, viticulture...).

Par ailleurs, compte tenu de l'arrivée de nouveaux pays dans l'Union Européenne, la mise en place d'un plafonnement pourrait se révéler inégalitaire : en effet, des subsides seraient redistribués aux pays où le nombre d'agriculteurs est très supérieur à celui de la France. En outre, notre niveau de technicité est tel par rapport à nos concurrents Européens que nous n'avons que peu de marge d'augmentation de rendement.

Rappelons quelques données importantes dans le secteur des grandes cultures :


 

France

Etats-Unis

Rendements

71 quintaux/ha

26 quintaux/ha

Revenu

2000 F/ha

425 F/ha

Superficie

100 ha

400 ha

Outre, le problème de l'extensification, qui nécessiterait d'accepter de diviser par 4 ou 5 le nombre d'agriculteurs céréaliers pour retrouver un revenu équivalent par exploitation, le plafonnement des compensations peut s'avérer problématique.

Afin d'éviter certains excès, ne serait-il pas plus opportun de mieux identifier qui est agriculteur et qui ne l'est pas, qui doit bénéficier des aides ou non, afin que des sociétés financières n'aient pas comme principale activité de spéculer sur les aides.

C'est pourquoi la mission d'information est favorable au principe d'un mécanisme de dégressivité des aides, en fonction de la taille de l'exploitation, prenant en compte les actifs et le territoire. Ce mécanisme permettrait, sous réserve qu'il ne soit pas source de distorsions, de mieux répondre aux objectifs de politique agricole.

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