II. FISCALITÉ LOCALE : MAÎTRISE DES TAUX ET AMPUTATION DES BASES

A. L'ALOURDISSEMENT DE LA PRESSION FISCALE LOCALE : UNE IDÉE REÇUE

Au début de l'année 1999, une étude de la Caisse des dépôts et consignations, réalisée à partir d'un nombre limité de communes, annonçait que la pression fiscale locale, en proportion du revenu, avait augmenté de 40% entre 1992 et 1997.

Les données statistiques du ministère de l'Intérieur 26( * ) apportent un éclairage différent et témoignent du caractère vertueux de la politique fiscale des élus locaux. Il en ressort en effet une " forte limitation de la pression fiscale " et que " la progression de la fiscalité directe locale en 1997 et 1998 repose presque uniquement sur l'évolution des bases d'imposition ".

En outre, " depuis 1997, la volonté de maîtrise de la croissance des impôts locaux se traduit par une stabilisation de l'évolution des taux d'imposition : les taux moyens ne s'accroissent que de 0,8% en 1998, ce qui constitue la plus faible augmentation depuis plus de dix ans. Les premières indications dont on dispose sur l'année 1999 laissent présager une progression encore plus réduite des taux ".

B. LES INTENTIONS FLOUES DU GOUVERNEMENT

Le gouvernement n'a pas de doctrine claire en matière de fiscalité locale. Une tendance se dessine pourtant : un parti pris en faveur de la réduction de l'importance des ressources fiscales directes dans les ressources totales des collectivités locales.

Ainsi, lors de son audition au Sénat par la mission d'information chargée de dresser le bilan de la décentralisation, le 2 mars 1999, le ministre de l'Intérieur a estimé que " l'autonomie de la gestion locale n'avait pas nécessairement pour corollaire le recours à la fiscalité directe locale " et a constaté que " chez nos principaux partenaires en Europe, la part relative des ressources transférées par l'Etat, par rapport à celles résultant de la fiscalité propre, était plus importante qu'en France ".

Cette position est en contradiction avec la jurisprudence du Conseil constitutionnel selon laquelle " les règles posées par la loi ne sauraient avoir pour conséquence de restreindre les ressources fiscales des collectivités territoriales au point d'entraver leur libre administration " 27( * ) , mais elle fournit un éclairage intéressant sur l'esprit qui a présidé à la réforme de la taxe professionnelle, par la suppression de la part " salaires " de son assiette, dans la loi de finances pour 1999 28( * ) .

Lorsque le secrétaire d'Etat chargé du budget déclarait en 1998, devant le Comité des finances locales, que l'Etat était devenu " le premier contributeur à la fiscalité locale " et qu'il faudrait " remédier " à cette situation " insatisfaisante ", il était difficile de se douter que le gouvernement résoudrait en partie le problème un an plus tard en supprimant un sixième de l'assiette totale de la fiscalité directe locale.

En tout état de cause, si une réflexion sur les recettes des collectivités locales est nécessaire, notamment en raison du décalage croissant entre les produits votés par les exécutifs locaux et l'impôt acquitté par les contribuables, votre commission considère que le gouvernement doit clairement énoncer ses orientations afin d'éviter d'accroître les incohérences actuelles et d'empêcher que d'autres réformes ne se traduisent, comme celle de la taxe professionnelle, par une réduction des ressources des collectivités locales 29( * ) .

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