CONCLUSION
Le Maroc
vit un moment décisif de son évolution. Sur le plan interne, des
changements se profilent qui vont déjà au-delà des seuls
symboles. De nouvelles méthodes de gouvernement sont mises en place par
le Roi dans la gestion de dossiers prioritaires. Celui-ci est attendu sur les
nécessaires réformes qu'il a lui-même définies et
qui devront concourir à réunir une société
marocaine encore divisée entre riches et pauvres, hommes et femmes,
ruraux et citadins.
Pour parachever la transition, toutefois, des changements concrets devront
intervenir rapidement, faute de quoi, l'impatience d'une grande partie de la
population pourrait être tentée de s'exprimer en dehors des
structures politiques traditionnelles et risquerait alors d'affecter l'image de
grande stabilité jusque-là donnée par le Royaume et qui
tranche, sur ce point, avec ses voisins.
Sur le plan externe, à partir du 1er janvier 2000, le Maroc sera au
rendez-vous de l'Union européenne, ce qui constituera pour le Royaume un
défit économique et social de grande ampleur. Enfin, la nouvelle
donne algérienne, qui pourrait débloquer bien des
problèmes dans l'avenir, est encore aujourd'hui source d'incertitude et
de perplexité à Rabat.
Ce sont pourtant ces deux dossiers de voisinage, avec son voisin
européen au nord, d'une part, et avec l'Algérie, à l'est,
d'autre part, qui détermineront, dans une large mesure, l'avenir du
Maroc. Dans ces deux domaines, la France n'est pas sans influence et nos
interlocuteurs comptent sur la détermination de notre pays pour les
aider à relever ces défis.
EXAMEN EN COMMISSION
La
commission des affaires étrangères, de la défense et des
forces armées a examiné le présent rapport d'information
lors de sa séance du mercredi 3 novembre 1999.
A la suite de l'exposé de M. Xavier de Villepin, président,
Mme Paulette Brisepierre a formulé les observations suivantes :
- la délégation avait eu des entretiens particulièrement
intéressants avec le président et des membres de la
Confédération générale des entreprises marocaines
(CGEM), l'organisation patronale marocaine ;
- le dossier de la pêche était essentiel pour le Maroc qui
s'estimait victime de la bonne volonté dont il avait fait preuve lors de
la conclusion des précédents accords ;
- le roi Mohammed VI avait récemment décidé la
gratuité de l'enseignement primaire ;
- la question du Sahara occidental dépassait le cadre strictement
marocain et l'Union européenne devait s'y intéresser davantage.
La situation des réfugiés sahraouis à Tindouf
n'était guère enviable. En revanche, le Maroc avait consenti,
dans les " provinces sahariennes ", des efforts considérables.
M. Christian de La Malène a estimé que l'Europe ne devait pas
pousser le Maroc à une occidentalisation telle qu'il y perde son
identité spécifique.
M. Xavier de Villepin, président, a estimé que tel n'était
pas l'objectif de l'Union européenne. En revanche, une certaine
ouverture -à l'instar de ce qui avait pu se produire, sur le plan
économique, en Tunisie- pouvait aider le Maroc à opérer
les transformations nécessaires.
Mme Danielle Bidard-Reydet a salué l'évolution positive qui
semblait se dessiner depuis l'avènement du roi Mohammed VI. Sur le
référendum au Sahara occidental, elle a considéré
que, malgré les difficultés, les décisions internationales
devaient être appliquées. A défaut, comment
répondrait-on au souhait des réfugiés de retourner dans
leur pays ? Elle n'a pas partagé l'appréciation
négative portée par Mme Paulette Brisepierre sur la situation des
réfugiés sahraouis à Tindouf. Elle s'est enfin
interrogée sur la production de stupéfiants au Maroc.
M. Xavier de Villepin, président, a indiqué que des actions
étaient conduites pour tenter d'éradiquer la production de
cannabis dans le Rif. Sur le référendum du Sahara occidental, il
a estimé que, s'il devait tout de même avoir lieu, il importait de
fixer un délai impératif. L'intérêt
général commandait peut-être, a-t-il poursuivi, d'aboutir
à une solution où il n'y ait " ni vainqueur, ni
vaincu ". Il a reconnu que le Maroc avait consenti beaucoup d'efforts pour
le développement futur de cette région et a
considéré que, pour les amis du Maroc, comme la France, il
s'agissait d'un dossier délicat. Il a estimé par ailleurs que
l'hypothèse d'une transformation de la monarchie marocaine en un
modèle " à l'espagnole " n'était pas
réaliste compte tenu de la légitimité religieuse
spécifique qui entoure le roi du Maroc.