II. LES GRAVES DIFFICULTÉS DE LA POLITIQUE DE L'EMPLOI

A. UN MARCHÉ DU TRAVAIL EXTRÊMEMENT DÉSÉQUILIBRÉ

1. Des évolutions préoccupantes

a) La croissance continue du chômage

Depuis 1991, la situation de l'emploi se dégrade de manière continue. Le taux de chômage est ainsi passé de 9,7 % en décembre 1991 à 21,6 % en août 1999 contre 11,3 % à la même date en métropole.

Après avoir souvent fait figure d'exception, l'état du marché du travail guyanais se rapproche progressivement de celui des autres départements d'outre-mer, même si le taux de chômage reste encore inférieur à celui des DOM (38,1 %). Le " boom de l'activité spatiale " ne suffit plus à cacher cette profonde dégradation.

Evolution du chômage

 

Déc. 95

Déc. 96

Déc. 97

Déc. 98

Août 99

Nombre de demandeurs d'emplois en fin de mois

9.757

10.782

12.555

13.073

13.296

dont jeunes de moins de 25 ans

1.638

2.290

2.530

2.357

2.026

dont chômeurs de longue durée

3.716

3.813

5.064

5.793

4.629

Indicateur de chômage (1)

20,0 %

19,2 %

21,4 %

21,4 %

21,6 %

(1) Taux de chômage estimé se fondant sur une évaluation de la population active

Source : secrétariat d'Etat à la l'outre-mer

Le taux de chômage des jeunes atteignait 56 % en mars 1998, selon l'enquête emploi de l'INSEE.

Cette aggravation continue du chômage est d'autant plus inquiétante que l'économie guyanaise crée pourtant des emplois, même si les créations d'emplois privés ont tendance à stagner depuis 1997.

Evolution des effectifs salariés du secteur privé

1993

1994

1995

1996

1997

1998

13.176

14.450

15.303

16.352

16.266

16.574

Source : secrétariat d'Etat à l'outre-mer

Il importe cependant de considérer ces statistiques avec prudence.

Elles ne présentent en effet que le marché " légal " du travail tel qu'il est suivi par la direction départementale de l'emploi et de la formation professionnelle (DDTEFP). Or, il existe parallèlement un marché clandestin, alimenté notamment par la forte immigration dont l'importance est très difficile à apprécier. Il échappe par définition à tout suivi statistique. Une enquête de l'INSEE des Antilles-Guyane avance par exemple que 30 % des allocataires du RMI exerceraient une activité informelle.

Le nombre de chômeurs indemnisés reste faible cependant et progresse moins rapidement que le nombre de chômeurs. Ainsi, en août 1999, seuls 35,3 % des chômeurs bénéficiaient de l'assurance-chômage.

Nombre d'allocataires de l'assurance chômage

Décembre 95

Décembre 96

Décembre 97

Décembre 98

Août 99

4.609

5.257

5.557

5.621

4.697

Source : ASSEDIC

b) Une montée de l'exclusion

Dès lors, la montée en charge régulière du RMI ne peut surprendre dans un contexte où le taux d'indemnisation du chômage diminue et où le nombre de chômeurs de longue durée est important.

Bilan du RMI*

 

1991

1995

1996

1997

1998

1999

Nombre d'allocataires

4.188

7.304

7.674

7.910

8.195

8.251

Versements effectués (en MF)

97,0

148,3

157,0

165,9

176,6

ND

Allocation mensuelle moyenne

ND

1.686 F

1.672 F

1.703 F

1.768 F

ND

* au 31 décembre sauf pour 1999 au 30 juin Source : CAF

Ainsi plus de 10 % de la population guyanaise vit actuellement, directement ou indirectement, grâce au RMI. Cela représente près de 18.000 personnes.

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