° À l’avant-dernier alinéa de l’article L. 382-1, les mots : « trois précédents » sont remplacés par les mots : « deuxième à quatrième » ;

La parole est à Mme la rapporteure générale.

Mme Élisabeth Doineau, rapporteure générale de la commission des affaires sociales. Amendement rédactionnel.

M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?

M. Jean-Pierre Farandou, ministre. Avis favorable.

M. le président. Je mets aux voix l’amendement n° 1816.

(Lamendement est adopté.)

M. le président. Je suis saisi de sept amendements faisant l’objet d’une discussion commune.

L’amendement n° 1234 rectifié, présenté par Mmes Apourceau-Poly, Brulin, Silvani et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky, est ainsi libellé :

I. Alinéas 2 à 4

Remplacer ces alinéas par quatre alinéas ainsi rédigés :

1° Le dernier alinéa de l’article L. 382-1 est remplacé par trois alinéas ainsi rédigés :

« L’affiliation est prononcée par l’organisme mentionné à l’article L. 213-1 désigné par le directeur de l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale. En cas de doute sur l’activité exercée, la commission d’affiliation et de recours amiable est consultée. Le refus d’affiliation est prononcé sur décision de la commission d’affiliation et de recours amiable. La commission d’affiliation et de recours amiable peut également être saisie à l’initiative des personnes dont l’affiliation a été refusée.

« La commission comprend majoritairement des organisations syndicales et professionnelles des artistes auteurs.

« Le conseil d’administration de l’association mentionnée à l’article L. 382-2 désigne en son sein les organisations qui siègent avec voix délibérative. »

II. – Pour compenser la perte de recettes résultant du I, compléter cet article par deux paragraphes ainsi rédigés :

– La perte de recettes résultant pour l’État du présent article est compensée, à due concurrence, par la création d’une taxe additionnelle à l’accise sur les tabacs prévue au chapitre IV du titre Ier du livre III du code des impositions sur les biens et services.

– La perte de recettes résultant pour les organismes de sécurité sociale du présent article est compensée, à due concurrence, par la création d’une taxe additionnelle à l’accise sur les tabacs prévue au chapitre IV du titre Ier du livre III du code des impositions sur les biens et services.

La parole est à Mme Silvana Silvani.

Mme Silvana Silvani. Cet amendement vise à restaurer une disposition essentielle du régime social des artistes auteurs, à savoir la présence déterminante des organisations syndicales et professionnelles au sein de la commission d’affiliation et de recours amiable.

Le projet du Gouvernement visant à transférer l’intégralité de la compétence d’affiliation à l’Urssaf du Limousin et n’accordant de voix délibérative à aucune instance professionnelle, une telle disposition nous paraît indispensable.

Ce transfert efface en effet en pratique la participation des organisations syndicales, qui sont pourtant les seules à pouvoir apporter un regard éclairé sur les pratiques professionnelles, les réalités des métiers et les situations hybrides propres aux artistes auteurs.

Le droit actuel, tel qu’il résulte de l’esprit du code de la sécurité sociale, prévoit que l’affiliation peut être précédée de la consultation de commissions professionnelles composées de représentants des syndicats et des organisations professionnelles d’artistes.

Ces commissions ont toujours été un élément de sécurité juridique pour les artistes auteurs : leur contribution permet d’éviter les erreurs d’appréciation, les exclusions injustifiées et les interprétations restrictives du champ d’affiliation. En supprimant leur intervention, on substitue à un mécanisme de dialogue professionnel un processus purement administratif, déconnecté des métiers de la création.

Le risque est celui d’un affaiblissement majeur de la protection sociale, d’une hausse du nombre de contestations et d’un éloignement encore plus grand entre les artistes et leurs institutions sociales.

Cet amendement vise donc à créer un équilibre indispensable entre décisions administratives et expertise professionnelle. Son objet est simple, puisqu’il s’agit de maintenir, au cœur du régime, la voix des artistes auteurs eux-mêmes par le biais de leurs syndicats et organisations professionnelles. Sans cette garantie, l’affiliation risque de devenir une procédure mécanique, opaque, voire injuste.

M. le président. L’amendement n° 1719 rectifié bis, présenté par Mmes S. Robert et Le Houerou, M. Kanner, Mmes Monier, Canalès, Conconne et Féret, MM. Fichet et Jomier, Mmes Lubin, Poumirol, Rossignol et Brossel, M. Chantrel, Mme Daniel, M. Lozach, Mme Matray, MM. Ros et Ziane, Mmes Artigalas et Bélim, MM. Cardon et Chaillou, Mme Conway-Mouret, M. Darras, Mme Espagnac, MM. Féraud et Gillé, Mme Harribey, MM. Jacquin et P. Joly, Mme Linkenheld, MM. Lurel, Marie, Mérillou, Michau, Montaugé, Pla, Redon-Sarrazy, Roiron, Tissot, Uzenat, M. Vallet et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

I – Alinéa 4

Remplacer les mots :

l’association

par les mots :

l’organisme

II. – Alinéa 7

Remplacer les mots :

une association

par les mots :

un organisme

III. – Alinéa 10

Remplacer les mots :

Cette association est saisie

par les mots :

Cet organisme est saisi

IV. – Alinéa 11

Remplacer les mots :

Seule l’association agréée

par les mots :

Seul l’organisme agréé

V. – Alinéa 12, première phrase

Remplacer les mots :

Cette association est administrée

par les mots :

Cet organisme est administré

VI. – Alinéa 22

Remplacer les mots :

de l’association agréée mentionnée

par les mots :

de l’organisme agréé mentionné

VII. – Alinéa 28

Remplacer les mots :

de l’association agréée

par les mots :

de l’organisme agréé

La parole est à Mme Sylvie Robert.

Mme Sylvie Robert. Conformément aux préconisations de la Cour des comptes, l’article 5 prévoit le transfert de l’affiliation des artistes auteurs à l’Urssaf du Limousin.

Je me réjouis que l’Assemblée nationale ait modifié le texte initial afin de préciser que le conseil d’administration du futur organisme de gestion des prestations sociales des artistes auteurs sera composé des représentants de ces derniers, de représentants des diffuseurs exploitant leurs œuvres, mais aussi de représentants de l’État.

Je salue également la création, par l’Assemblée nationale, d’une commission professionnelle.

J’en viens à l’objet du présent amendement, qui vise à préciser le statut juridique de ce nouvel organisme de gestion des prestations sociales des artistes auteurs. Le texte issu de l’Assemblée nationale octroie un statut associatif à cet organisme, statut extrêmement contraignant sur le plan juridique.

Or le modèle associatif expérimenté précédemment par une association agrée, l’Agessa, puis par la SSAA, s’est révélé absolument désastreux et sa gestion, lourde de conséquences pour les titulaires de droits qui, comme l’indiquait notre collègue Monique de Marco, ont été privés de droits de retraite, l’Agessa n’ayant pas appelé les cotisations de milliers d’entre eux.

Par cet amendement, nous souhaitons donc prévoir un statut souple pour ce futur organisme de gestion. Le terme d’« organisme » que je propose de retenir laisse toute latitude au pouvoir réglementaire, après concertation avec les titulaires de droits et d’éventuelles négociations, de déterminer le statut le plus idoine pour cette nouvelle structure.

M. le président. Les deux amendements suivants sont identiques.

L’amendement n° 1041 est présenté par Mmes de Marco, Souyris, Poncet Monge et Ollivier, MM. Benarroche, G. Blanc, Dantec, Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot, Mellouli et Salmon et Mmes Senée et M. Vogel.

L’amendement n° 1233 est présenté par Mmes Apourceau-Poly, Brulin, Silvani et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Alinéa 4, deuxième phrase

Remplacer le mot :

association

par le mot :

organisme

La parole est à Mme Monique de Marco, pour présenter l’amendement n° 1041.

Mme Monique de Marco. Dans le cadre de la réforme de la sécurité sociale des artistes auteurs, il est prévu que le futur organisme gestionnaire du régime prenne la forme d’une association agréée par l’État.

Actuellement, le terme d’« association » ne figure pas dans le code de la sécurité sociale. Or on risque de figer le mode de gouvernance de la sécurité sociale des artistes auteurs sur le long terme, en confiant celle-ci à un organisme qui n’a d’association que le nom…

Mes chers collègues, pouvez-vous me citer une seule association dont l’intégralité des membres du conseil d’administration est nommée par arrêté ministériel, sur le fondement d’un décret pris en Conseil d’État ? Le financement de la SSAA est contraire à l’article 6 de la loi de 1901. Il est paradoxal que l’on s’interdise de renommer cet organisme au nom de la liberté associative et que l’on prévoie dans le même temps, dans la loi et par décret, toute la composition de son conseil d’administration. Car ce n’est rien de moins que ce que nous apprêtons à faire aujourd’hui. C’est du Frankenstein : mi-association, mi-monstre… Soyons cohérents !

Une telle précision vise à conforter un bricolage institutionnel qui a déjà provoqué et qui provoque encore de graves dysfonctionnements – puisque la Cour des comptes en a encore relevé en juillet dernier. Lorsque l’on opte pour la forme associative, le contrôle de l’État ne suffit visiblement pas.

Pendant quatre décennies, l’organisme de gestion de la sécurité sociale des artistes auteurs n’a pas émis d’appels de cotisations. Aujourd’hui, des milliers de personnes s’en trouvent fragilisées, et l’État a été condamné par la justice. Les artistes auteurs renoncent en outre à contacter la SSAA pour obtenir des informations : ils préfèrent contacter directement l’Urssaf. C’est pourquoi la Cour des comptes recommande de retirer son agrément à cet organisme.

Reconduire un organisme aussi défaillant sans une profonde réforme de sa gouvernance constituerait une grave erreur. Cela reviendrait à envoyer le message que l’État ne reconnaît pas ses torts et qu’il ne prend pas la mesure de la gravité des dysfonctionnements passés.

Pour ma part, je vous propose de suivre la voie de la sagesse, en reportant l’examen de la question de la gouvernance du futur organisme et en transférant sans attendre les missions d’affiliation et d’aide sanitaire et sociale à l’Urssaf.

M. le président. La parole est à M. Fabien Gay, pour présenter l’amendement n° 1233.

M. Fabien Gay. Notre amendement vise à rétablir la cohérence du régime général et à mettre fin à une dérive qui affaiblit depuis trop longtemps la gouvernance de la sécurité sociale des artistes auteurs. En effet, le législateur n’a jamais eu l’intention de limiter l’agrément à une association relevant du statut de la loi de 1901. Cette contrainte ne correspond en rien à la philosophie originelle du régime. L’imposer aujourd’hui reviendrait à créer une dérogation injustifiée par rapport aux autres organismes sociaux existants chargés d’un régime de sécurité sociale.

Nous connaissons par ailleurs les effets néfastes de la forme associative, puisque, durant des décennies, l’agrément des associations existantes a toujours engendré une gouvernance confuse, opaque et inefficace. Ces structures, constituées initialement comme des associations privées, n’ont jamais été conçues pour assurer des missions de service public aussi sensibles que l’affiliation, l’action sociale ou la protection sociale des artistes auteurs.

D’ailleurs, la Cour des comptes l’a montré sans ambiguïté. La SSAA, héritière directe de l’Agessa, cumule défaillances de gestion, retards, erreurs et souffre d’une incapacité structurelle à remplir correctement ses missions. La Cour a même été jusqu’à recommander le retrait de son agrément.

Or le dispositif actuel de l’article 5, en maintenant le terme d’« association », ouvre la voie à une reconduction déguisée de la SSAA, à la confirmation d’un même statut menant aux mêmes insuffisances. Les artistes auteurs font eux-mêmes part de leur inquiétude : pas plus aujourd’hui qu’hier, ils ne veulent que l’on puisse accorder un tel agrément à une association privée.

C’est pourquoi nous proposons d’en revenir à la dénomination plus large, neutre et conforme au droit commun d’« organisme » agréé, laquelle ne permet pas de figer un statut juridique donné ni, donc, d’en préjuger, et contribue au contraire à la fondation d’une structure réellement adaptée, un organisme social digne de ce nom, transparent, efficace et gouverné dans le respect des principes du régime général.

M. le président. L’amendement n° 1042, présenté par Mmes de Marco, Souyris, Poncet Monge et Ollivier, est ainsi libellé :

Alinéa 7

Rédiger ainsi cet alinéa :

« I. – Le Conseil de protection sociale des artistes auteurs est un organisme de droit privé doté de la personnalité morale. Il veille à la mise en œuvre du présent chapitre. Il assure les missions suivantes :

La parole est à Mme Monique de Marco.

Mme Monique de Marco. Il est temps de mettre fin à un régime exceptionnel archaïque : le système de protection sociale des artistes auteurs.

Cela passe avant tout par la création d’un véritable organisme de sécurité sociale, comparable par exemple au Conseil de la protection sociale des travailleurs indépendants (CPSTI).

Après des décennies de défaillance, la gestion associative de la sécurité sociale des artistes auteurs doit être profondément transformée. La forme juridique du CPSTI, celle d’un « organisme de droit privé doté de la personnalité morale », a fait ses preuves et permis d’améliorer le système applicable aux travailleurs indépendants. C’est pourquoi nous proposons la création d’un conseil de protection sociale des artistes auteurs, organisme dont la forme juridique serait similaire.

M. le président. L’amendement n° 1047, présenté par Mmes de Marco, Souyris, Poncet Monge et Ollivier, MM. Benarroche, G. Blanc, Dantec, Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot, Mellouli et Salmon et Mmes Senée et M. Vogel, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 10

Remplacer les mots :

Cette association est saisie

par les mots :

Cet organisme est saisi

II. – Alinéa28

Remplacer les mots :

association agréée

par le mot :

organisme

La parole est à Mme Monique de Marco.

Mme Monique de Marco. L’article 5 prévoit d’inscrire dans le code de la sécurité sociale que l’organisme de gestion des artistes auteurs est une association agréée.

Dans son rapport du 11 juillet 2025, la Cour des comptes a recommandé de retirer son agrément à la sécurité sociale des artistes auteurs en raison de graves dysfonctionnements. Elle déplore notamment une mauvaise répartition des missions entre la SSAA, l’Urssaf du Limousin et la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav), ainsi que de sérieux problèmes de gestion, dont l’absence de comptes certifiés. Ces constats ont renforcé la défiance des affiliés.

Malgré son échec, l’article 5 prévoit la reconduction de la procédure d’agrément. L’association de gestion actuelle résulte pourtant de la fusion de deux structures déjà défaillantes qui ont causé d’importants préjudices aux artistes auteurs, en raison notamment d’un défaut de recouvrement des cotisations sociales, qui a été détecté trop tardivement, faute de contrôle de l’État.

Par ailleurs, le statut associatif offre une grande liberté de fonctionnement et alimente les conflits internes, comme on a pu le constater, et comme on le constate encore aujourd’hui, au sein du conseil d’administration.

Par cohérence avec nos précédents amendements, et comme l’a voulu l’Assemblée nationale, nous proposons de remplacer le terme « association » par celui d’« organisme ». Cette référence contribuerait à la création d’un organisme privé doté d’une personnalité morale spécifique, avec des instances définies par la loi et le règlement. C’est d’ailleurs la forme retenue par le Conseil de la protection sociale des travailleurs indépendants.

M. le président. L’amendement n° 589, présenté par Mme Doineau, au nom de la commission des affaires sociales, est ainsi libellé :

Alinéa 11

Supprimer cet alinéa.

La parole est à Mme la rapporteure générale, pour présenter cet amendement et pour donner l’avis de la commission sur les autres amendements en discussion commune.

Mme Élisabeth Doineau, rapporteure générale de la commission des affaires sociales. Avec cet article 5, j’ai été amenée à m’intéresser à la sécurité sociale des artistes auteurs, ce qui, ma foi, n’est pas inintéressant. Il est en effet instructif d’étudier l’évolution – ou, d’ailleurs, l’absence d’évolution – de ce régime au fil du temps. Pour ce faire, j’ai organisé un certain nombre d’auditions, échangé avec le président de la commission de la culture de notre assemblée, Laurent Lafon, ainsi qu’avec les services du ministère de la culture. J’ai tenté de comprendre la colère qui s’exprime ouvertement – elle ne couve pas du tout, croyez-moi – chez tous les artistes auteurs, une colère qui est donc bien réelle.

Madame de Marco, je sais combien ce sujet vous tient à cœur : nous sommes sans doute d’accord sur le constat, qui est du reste aussi celui de la Cour des comptes, de la nécessité d’un changement, d’abord, parce que certains affiliés n’ont aucun droit aujourd’hui et, ensuite, parce que certains artistes auteurs ne bénéficient même pas des trop-perçus de leurs droits à la retraite. Je partage donc, j’y insiste, le constat dressé par chacun d’entre vous ici même.

Pour autant, je ne pense pas que l’on puisse régler l’ensemble du problème de la sécurité sociale des artistes auteurs au travers d’un article du PLFSS. Car j’ai bien compris que plusieurs d’entre vous réclamaient une sécurité sociale spécifique aux artistes auteurs. Or cet article 5 n’a d’autre objet que de simplifier l’affiliation, la déclaration de revenus, l’action sociale et la gouvernance de cette sécurité sociale. En fait, nous voulons mettre fin à une gestion défectueuse, indigente, du régime. Autrement dit, nous souhaitons rationaliser, simplifier et, surtout, faire en sorte que les droits réels soient attribués. Nous sommes tous d’accord sur ce point.

Dans le cadre de l’examen de cet article, je ne compte donc pas régler tous les problèmes d’entente entre artistes auteurs. C’est impossible ! C’est avant tout à eux qu’il revient de se mettre d’accord.

J’ajoute, et c’est l’objet de mon amendement, que ce n’est pas en donnant tel ou tel nom à la future association agréée et en l’inscrivant dans la loi que l’on changera les choses.

Mes chers collègues, j’en viens aux autres amendements en discussion commune.

Tout d’abord, la commission est défavorable à l’amendement n° 1234 rectifié, car il vise à revenir sur le transfert de la décision d’affiliation de la sécurité sociale des artistes auteurs vers l’Urssaf du Limousin. Or on sait très bien, pour avoir auditionné les représentants de cet organisme durant nos travaux, que c’est précisément l’un des moyens de régler le problème que nous venons d’évoquer.

La commission émettra également un avis défavorable sur les amendements nos 1719 rectifié bis et 1047. En effet, ces deux amendements, dans la mesure où ils visent à substituer au mot « association » celui d’« organisme », tendent à faire en sorte que l’association agréée devienne un organisme de sécurité sociale, ce qui n’est absolument pas ce qui est prévu par le texte. Ainsi, l’association de gestion ne serait qu’un organisme de représentation, qui fixerait des orientations générales. Un organisme de sécurité sociale dispose en outre des outils pour gérer ses affiliés : or tel ne sera pas le cas de la future association agréée, puisque l’enjeu est précisément de transférer cette gestion à l’Urssaf du Limousin.

Pour les mêmes raisons, la commission est défavorable aux amendements identiques nos 1041 et 1233.

Enfin, la commission est défavorable à l’amendement n° 1042, car il ne relève pas de la loi de prévoir le nom précis d’une association.

En résumé, la commission a considéré que le fonctionnement de la future association agréée devait être le plus proche possible de celui du Conseil de la protection sociale des travailleurs indépendants. Ni plus, ni moins. On ne peut pas faire pour les uns ce que l’on ne pourrait pas faire pour les autres…

Mme Sylvie Robert. Les artistes auteurs ne sont pas des travailleurs indépendants !

Mme Élisabeth Doineau, rapporteure générale de la commission des affaires sociales. Nous sommes d’accord, ma chère collègue, mais je parlais seulement de leurs droits en matière de sécurité sociale.

Même si je partage le constat dressé par les uns et les autres, je ne suis pas favorable aux moyens qui ont été proposés pour sortir de cette situation : la commission sera donc défavorable à l’ensemble de ces amendements en discussion commune, à l’exception, naturellement, de son amendement n° 589.

M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?

M. Jean-Pierre Farandou, ministre. Comme vient de le mentionner Mme la rapporteure générale, ainsi que certains d’entre vous, mesdames, messieurs les sénateurs, ce sont des dysfonctionnements sérieux que nous sommes appelés à faire cesser.

Je le dis d’emblée, mon argumentaire et les avis que je vais rendre au nom du Gouvernement seront proches de ceux de la commission.

Le dialogue social avec les artistes auteurs, leurs représentants, les professionnels, a été très nourri : cet article 5 est donc le fruit d’un dialogue abouti, d’une forme de consensus. Je rappelle que l’on parle ici d’une centaine de milliers d’artistes auteurs : il s’agit donc d’un enjeu également important par le nombre des personnes concernées.

À travers l’amendement n° 1234 rectifié, nous abordons la question de l’éligibilité au régime spécifique des artistes auteurs. Le Gouvernement a décidé de confier la gestion des droits sociaux de ce régime à un organisme compétent, en région qui plus est, l’Urssaf du Limousin. Pour ma part, j’ai toute confiance dans cet organe et ses professionnels pour bien traiter – enfin ! – les artistes auteurs et administrer correctement l’ensemble de leurs droits sociaux. Cela relève, me semble-t-il, d’un choix de bon sens.

Si un recours – parce que la question pourrait se poser – venait à être formé par un cotisant contre une décision de l’Urssaf du Limousin, il faudra recourir à l’expertise de professionnels. C’est ce que nous recommandons, et c’est d’ailleurs l’un des points de consensus qui s’est dégagé au cours du dialogue que nous avons eu avec les représentants des artistes auteurs. À ce titre, le texte prévoit la création d’une commission chargée d’apprécier l’éligibilité au régime des artistes auteurs en cas de litige.

Compte tenu de ce que je viens d’indiquer, l’amendement n° 1234 rectifié me semble donc satisfait.

Les auteurs des amendements nos 1719 rectifié bis, 1041, 1233, 1042 et 1047 soulèvent un point de sémantique qu’il convient de clarifier. Le Gouvernement considère que la nouvelle rédaction de l’article L. 382-2 du code de la sécurité sociale, qui prévoit la mention « association » agréée, se justifie par la volonté de bien distinguer deux notions différentes : celle d’« organisme » et celle d’« association » – la confusion naît de ce que l’on est parfois trop imprécis dans le vocabulaire employé.

Nous estimons qu’il faut réserver le mot « organisme » à toute entité qui relève vraiment de la sécurité sociale, c’est-à-dire des Urssaf. En revanche, pour ce qui concerne ce que l’on appelle encore dans ce texte la sécurité sociale des artistes auteurs – nous reviendrons sur le nom définitif une autre fois, contrairement à ce que souhaiteraient les auteurs de l’amendement n° 1042 –, on parle d’« association » agréée. Nous avons volontairement choisi des termes différents pour éviter, justement, une confusion des genres telle qu’on a pu la connaître précédemment.

Le second sujet abordé à travers ces cinq amendements est celui du contrôle, dans la mesure où toute entité doit disposer d’instances de contrôle.

La nouvelle SSAA, en sa qualité d’association agréée, est bien placée sous la double tutelle du ministère chargé de la sécurité sociale et du ministère de la culture. Les textes en vigueur établissent, selon nous, suffisamment d’éléments de contrôle des actions de la SSAA : je pense – c’est important – au droit d’opposition sur les délibérations prises, aux pouvoirs de révision et de contrôle du budget et des pièces comptables, ainsi qu’au contrôle du pouvoir de nomination, qui nous semble solide, puisqu’il peut être exercé par l’une ou l’autre des tutelles, voire les deux à la fois.

Pour l’ensemble de ces raisons, le Gouvernement émet un avis défavorable sur les amendements identiques nos 1041 et 1233, ainsi que sur les amendements nos 1719 rectifié bis, 1042 et 1047.

Enfin, comme vous l’avez indiqué, madame la rapporteure générale, chaque association est libre de choisir son nom. L’Assemblée nationale a certainement voulu réserver le nom de SSAA, mais si l’association souhaite en changer, elle le fera. C’est la raison pour laquelle je m’en remets à la sagesse du Sénat sur votre amendement n° 589.

M. le président. La parole est à Mme Monique de Marco, pour explication de vote.

Mme Monique de Marco. Monsieur le ministre, vous n’avez pas compris le sens de nos amendements, bien que nous ayons été très clairs.

Nous sommes tous très favorables au transfert des missions de la SSAA à l’Urssaf du Limousin. Nous n’avons aucun problème avec cela, et c’est vraiment avec joie que les artistes auteurs ont appris la nouvelle – ils sont même rassurés que ce soit cet organisme qui gère dorénavant leurs droits sociaux. Nous sommes aussi favorables au transfert du traitement des recours. Ce n’est pas la question.

En réalité, le problème est ailleurs. Il tient à la gouvernance. Comment se fait-il que, dans sa grande sagesse, l’Assemblée nationale ait préféré le terme d’« organisme » à celui d’« association » ? Pouvez-vous me l’expliquer ? Aujourd’hui, vous privilégiez la forme associative, mais une association, qu’elle soit agréée ou non, est-elle vraiment adaptée à la gestion des droits des artistes auteurs ? Les mots ont une valeur ; quant à la structure juridique, elle a une portée précise. On vous a pourtant expliqué en quoi consistait une association relevant de la loi 1901. J’ajoute que le choix du statut associatif est mal vécu par certains artistes auteurs.

Monsieur le ministre, madame la rapporteure générale, mes chers collègues, je vous demande de faire preuve de sagesse, de réfléchir et de ne pas graver trop rapidement dans le marbre ce terme d’« association ».

M. le président. La parole est à Mme Sylvie Robert, pour explication de vote.

Mme Sylvie Robert. J’irai dans le même sens que notre collègue Monique de Marco.

D’abord, comme vous l’avez souligné, madame la rapporteure générale, nous sommes tous d’accord sur le constat : il est question ici d’un vrai scandale – on a d’ailleurs été jusqu’à parler du « scandale de l’Agessa ».

Ce qui nous est demandé aujourd’hui, c’est de choisir un pilote, de définir l’entité qui va gouverner la sécurité sociale des artistes auteurs. À travers cette question, qui est liée à la notion d’organisme – une dénomination qui a été retenue par l’Assemblée nationale –, on bascule dans le code de la sécurité sociale.

Madame la rapporteure générale, vous avez dressé un parallèle entre artistes auteurs et travailleurs indépendants. Mais les artistes auteurs ne sont pas des travailleurs indépendants ! D’ailleurs, quand on parle de « branches », il est question de branches « professionnelles » pour les travailleurs indépendants, mais de branches « d’activité » pour les artistes auteurs : ce n’est pas du tout la même chose. Et on parlera des élections professionnelles tout à l’heure…

Permettez-moi de vous poser une question qui a toujours trait à ce sujet : le Conseil de la protection sociale des travailleurs indépendants est-il une association ? Eh bien non ! Justement ! C’est bien là que le bât blesse.

Si l’on veut offrir aux artistes auteurs la possibilité de s’organiser eux-mêmes et leur permettre de choisir qui va piloter leur régime de sécurité sociale, il faut retenir le terme d’« organisme ». Sans cela, la gestion de leurs droits relèvera encore de la liberté associative – ce que vous avez dit à ce sujet est très juste, madame la rapporteure générale. En tout cas, en faisant un parallèle avec les travailleurs indépendants, votre raisonnement tombe à l’eau…

M. le président. Je mets aux voix l’amendement n° 1234 rectifié.

(Lamendement nest pas adopté.)

M. le président. Je mets aux voix l’amendement n° 1719 rectifié bis.