Comme cela a été dit en séance publique, cette affectation est totalement orthogonale avec notre cadre juridique et contraire au droit européen. Elle met en péril la taxe elle-même, dont le produit serait en outre affecté, conformément aux dispositions du code des douanes, aux douaniers, faute d'avoir la possibilité juridique de l'affecter ailleurs.

Je propose donc de supprimer une telle affectation, qui n'est ni opérante ni conforme au droit européen.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Amélie de Montchalin, ministre. Mesdames, messieurs les sénateurs, je profite de l'examen de cet amendement, sur lequel j'émets un avis favorable, pour vous indiquer que, sur chaque amendement déposé dans le cadre de cette seconde délibération, je m'en tiens aux avis que mes collègues ou moi-même avons exprimés au banc du Gouvernement.

Nous étions défavorables à l'amendement n° I-1810 rectifié ; je suis donc, par cohérence, favorable à celui qui est proposé par M. le rapporteur général.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° A-5.

J'ai été saisi d'une demande de scrutin public émanant du groupe Les Républicains.

Je rappelle que l'avis du Gouvernement est favorable.

Il va être procédé au scrutin dans les conditions fixées par l'article 56 du règlement.

Le scrutin est ouvert.

(Le scrutin a lieu.)

M. le président. Personne ne demande plus à voter ?…

Le scrutin est clos.

Voici, compte tenu de l'ensemble des délégations de vote accordées par les sénateurs aux groupes politiques et notifiées à la présidence, le résultat du scrutin n° 80 :

Nombre de votants 341
Nombre de suffrages exprimés 340
Pour l'adoption 240
Contre 100

Le Sénat a adopté.

Je mets aux voix l'article 36, modifié.

(L'article 36 est adopté.)

M. le président. La parole est à Mme la ministre.

Mme Amélie de Montchalin, ministre. Mesdames, messieurs les sénateurs, pour des raisons que vous pourrez comprendre, nous avons besoin de quelques minutes pour pouvoir vous présenter l'article d'équilibre et l'article liminaire parfaitement mis à jour, compte tenu des votes intervenus et des décisions prises dans le cadre de la seconde délibération.

Monsieur le président, je sollicite donc une courte suspension de séance, afin de permettre au Gouvernement de proposer au Sénat une version actualisée de ces deux articles.

M. le président. Mes chers collègues, nous allons interrompre nos travaux pour quelques instants.

La séance est suspendue.

(La séance, suspendue à douze heures cinquante, est reprise à douze heures cinquante-cinq.)

M. le président. La séance est reprise.

Article 48 et état A

L'amendement n° A-6 rectifié, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :

I. – État A

Modifier ainsi les évaluations de recettes :

I. Budget général

(En euros)

N° de ligne

Évaluationpour 2026

1. Recettes fiscales

4. Autres impôts directs et taxes assimilées

majorer de

+200 000 000

1430

Taxe sur les services numériques

minorer de

-300 000 000

1442

Taxe sur les petits colis

majorer de

+500 000 000

Récapitulation des recettes du budget général

N°de ligne

Intitulé de la recette

1. Recettes fiscales

majorer de

+200 000 000

4

Autres impôts directs et taxes assimilées

majorer de

+200 000 000

Total des recettes fiscales et non fiscales (I)

majorer de

+200 000 000

Total des recettes (I), nettes des prélèvements

majorer de

+200 000 000

II. – Alinéa 1, tableau

Rédiger ainsi ce tableau :

(en millions d'euros*)

 RESSOURCES

CHARGES

SOLDE

dont fonctionnement

dont fonctionnement

dont investissement

dont investissement

Budget général

Recettes fiscales** / dépenses***

360 166

360 166

447 414

417 423

29 990

Recettes non fiscales

28 730

15 691

13 039

Recettes totales / dépenses totales

388 896

375 857

13 039

447 414

417 423

29 990

À déduire : Prélèvements sur recettes au profit des collectivités territoriales et de l'Union européenne

73 558

73 558

Montants nets pour le budget général

315 339

302 300

13 039

447 414

417 423

29 990

-132 075

Évaluation des fonds de concours et des attributions de produits

6 143

4 873

1 269

6 143

4 873

1 269

Montants nets pour le budget général, y compris fonds de concours

321 481

307 173

14 308

453 556

422 297

31 260

Budgets annexes

Contrôle et exploitation aériens

2 774

2 774

2 426

2 149

277

+349

Publications officielles et information administrative

175

175

147

130

17

+28

Totaux pour les budgets annexes

2 949

2 949

2 573

2 279

293

+376

Évaluation des fonds de concours et des attributions de produits :

- Contrôle et exploitation aériens

45

33

13

45

33

13

- Publications officielles et information

administrative

Totaux pour les budgets annexes y compris fonds de concours

2 995

2 982

13

2 618

2 312

306

Comptes spéciaux

Comptes d'affectation spéciale

77 513

72 092

5 421

77 535

71 834

5 700

-21

Comptes de concours financiers

149 718

149 718

150 140

3 878

146 262

-422

Comptes de commerce (solde)

+1

Comptes d'opérations monétaires (solde)

+110

Solde pour les comptes spéciaux

-332

Solde général

-132 031

III. – Alinéa 4, tableau

Rédiger ainsi ce tableau :

(en milliards d'euros)

Besoin de financement

Amortissement de la dette à moyen et long termes

169,9

Dont remboursement du nominal à valeur faciale

167,5

Dont suppléments d'indexation versés à l'échéance (titres indexés)

2,4

Amortissement de la dette reprise de SNCF Réseau

2,5

Amortissement des autres dettes reprises

0,0

Déficit à financer

132,0

Autres besoins de trésorerie

3,0

Total

307,4

Ressources de financement

Émissions de dette à moyen et long termes nettes des rachats

310,0

Ressources affectées à la Caisse de la dette publique et consacrées au désendettement

0,0

Variation nette de l'encours de titres d'État à court terme

-0,6

Variation des dépôts des correspondants

0,0

Variation des disponibilités du Trésor à la Banque de France et des placements de trésorerie de l'État

0,0

Autres ressources de trésorerie

-2,0

Total

307,4

La parole est à Mme la ministre.

Mme Amélie de Montchalin, ministre. Je profite de cette intervention pour exprimer toute ma gratitude aux équipes de Bercy, aux commissaires du Gouvernement et à tous ceux qui, hors de cet hémicycle, s'efforcent de préparer au mieux les débats et de garantir leur sincérité.

Comme vous pouvez le constater, il ne leur a fallu que quelques minutes pour adapter les montants figurant dans les amendements que je m'apprête à présenter, afin que ceux-ci traduisent le résultat de vos votes le plus fidèlement possible. Qu'ils en soient de nouveau remerciés, car je sais qu'ils suivent nos discussions derrière leur écran.

J'adresse par ailleurs des remerciements aux membres de mon cabinet et de ceux des ministres qui se sont succédé au banc pour permettre au Gouvernement de transmettre au Sénat les informations les plus précises possible.

L'article d'équilibre, actualisé par rapport à ce que je vous ai indiqué voilà un peu moins d'une heure, affiche désormais un déficit budgétaire qui s'établit désormais à 132 milliards d'euros.

La dégradation s'élève à présent à 7,7 milliards d'euros par rapport au texte initial. Cela s'explique notamment par le fait que, au travers des votes que vous avez émis dans le cadre de la seconde délibération, vous avez amélioré nos recettes fiscales nettes de 200 millions d'euros, en revenant en particulier sur la taxe sur les petits colis et sur la taxe sur les services numériques.

Un certain nombre de dispositions actées lors de cette même seconde délibération ne sont pas facilement chiffrables. Il s'agit notamment, j'y reviendrai, d'éléments qui relèvent davantage de la technique que du rendement. Ils n'ont donc pas d'impact sur le solde budgétaire.

Mesdames, messieurs les sénateurs, j'en viens au montant qui est sans doute le plus important. Le déficit, au moment où le PLF vous a été transmis, c'est-à-dire une fois que vous aviez achevé l'examen du PLFSS, s'élevait à 4,8 % du PIB. Dans le texte issu de vos travaux, il représente maintenant 5,1 % du PIB, soit une dégradation de 0,3 point.

Cette dégradation est presque intégralement portée par des transferts supplémentaires aux collectivités et, dans une moindre mesure, à certaines agences et à certains opérateurs. Cela entraîne donc davantage de dépenses dans ces sous-secteurs, soit autant d'argent qui, j'imagine, sera dépensé et dégradera donc, en miroir, le solde de l'État. En effet, je le rappelle, l'article liminaire présente uniquement le solde de l'ensemble des administrations publiques centrales.

Afin de vous permettre d'examiner la seconde partie du projet de loi de finances et de débattre aussi bien des dépenses prévues que des économies attendues, je vous invite donc à adopter les amendements nos A-6 rectifié et A-7, qui visent à actualiser respectivement le tableau d'équilibre et l'article liminaire.

Ces dispositions constituent en quelque sorte la photographie, la description fidèle des choix que vous avez réalisés lors de la première partie et qu'il est indispensable de prendre en compte avant d'entamer l'examen de la seconde. Je vous remercie par avance de la confiance que vous voudrez bien accorder au Gouvernement sur ce point.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Jean-François Husson, rapporteur général de la commission des finances. Sagesse.

M. le président. La parole est à M. Pascal Savoldelli, pour explication de vote.

M. Pascal Savoldelli. Le budget qui nous avait été soumis par le Gouvernement se fondait sur un tiers d'augmentation des recettes et deux tiers de réduction des dépenses.

La majorité sénatoriale se préparait à transférer 90 % de l'ajustement budgétaire sur les services publics et leurs usagers, pour une économie de 31 milliards d'euros. Nous voyons désormais que c'était un mensonge, non seulement d'un point de vue comptable, mais aussi politique : vous demandez seconde délibération sur seconde délibération, avec l'assurance de ceux qui craignent d'envisager le pire.

Le problème de la seconde délibération, ce n'est pas sa légalité ou sa légitimité technique – on pourrait discuter de l'histoire de cette procédure, qui est d'ailleurs très intéressante –, c'est son sens politique. En effet, vous amputez les moyens de l'État et vous nous placez entièrement sous la tutelle des marchés financiers !

Si nous critiquons la seconde délibération, ce n'est pas parce qu'elle ne plaît pas au groupe communiste. C'est parce que le projet de budget déposé par le Gouvernement n'emportait l'adhésion que de 8 % des Français. À combien tombera ce pourcentage après cette seconde délibération ? (Sourires.)

Le problème de la seconde délibération est donc d'ordre politique : il a trait à la cohésion sociale. Telle est la question qui est posée ! Nous avons débattu, quels que soient nos avis respectifs, d'un budget approuvé par seulement 8 % des Français.

Mme Amélie de Montchalin, ministre. Ce n'est pas l'objet de cet amendement !

M. Pascal Savoldelli. C'est précisément pour cette raison que les différents groupes ont travaillé pour trouver de nouvelles recettes, sans nécessairement suivre, d'ailleurs, la ligne de partage entre majorité et opposition : le vote sur l'amendement n° A-1, visant à supprimer l'article 3 sexies créé par un amendement de nos collègues centristes, l'a bien montré.

Nous avons essayé de faire évoluer ce texte, afin qu'il soit le budget non plus de seulement 8 % des Français, mais du plus grand nombre de nos concitoyens.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° A-6 rectifié.

(L'amendement est adopté.)

M. le président. Je mets aux voix l'ensemble constitué de l'article d'équilibre et de l'état A annexé, modifié.

(L'article 48 et l'état A sont adoptés.)

Article liminaire

M. le président. Le Sénat a précédemment adopté l'article liminaire dans la rédaction suivante :

Les prévisions de solde structurel et de solde effectif de l'ensemble des administrations publiques, les prévisions de solde par sous-secteur, la prévision, déclinée par sous-secteur d'administration publique, de l'objectif d'évolution en volume et la prévision en milliards d'euros courants des dépenses d'administrations publiques, les prévisions de prélèvements obligatoires, de dépenses et d'endettement de l'ensemble des administrations pour l'année 2026, les prévisions pour 2026 de ces mêmes agrégats de la loi de programmation des finances publiques pour les années 2023 à 2027, ainsi que les données d'exécution pour l'année 2024 et les prévisions d'exécution pour l'année 2025 de ces mêmes agrégats, s'établissent comme suit :

(En points de produit intérieur brut, sauf mention contraire)

Loi de finances initiale pour 2025

LPFP 2023-2027

2024

2025

2026

2026

Ensemble des administrations publiques

Solde structurel (1)

-5,8

-5,1

-4,3

-2,9

Solde conjoncturel (2)

0,0

-0,2

-0,4

-0,2

Solde des mesures ponctuelles et temporaires (3)

-0,1

0,0

0,0

0,0

Solde effectif (1 + 2 + 3)

-5,8

-5,4

-4,7

-2,7

Dette au sens de Maastricht

113,2

115,9

117,9

109,6

Taux de prélèvements obligatoires (y compris Union européenne, nets des crédits d'impôts)

42,8

43,6

43,9

44,4

Dépense publique (hors crédits d'impôt)

56,6

56,8

56,4

54,4

Dépense publique (hors crédits d'impôt, en milliards d'euros)

1 652

1 696

1 725

1 705

Évolution de la dépense publique hors CI en volume (en %) (1)

2,1

1,7

0,3

0,5

Principales dépenses d'investissement (en milliards d'euros) (2)

26

29

35

35

Administrations publiques centrales

Solde

-5,3

-4,6

-4,5

-4,2

Dépense publique (hors crédits d'impôts en milliards d'euros)

651

663

683

678

Évolution de la dépense publique en volume (en %) (3)

-0,8

1,0

1,8

1,5

Administrations publiques locales

Solde

-0,6

-0,5

-0,3

0,2

Dépense publique (hors crédits d'impôt, en milliards d'euros)

330

337

338

329

Évolution de la dépense publique hors CI en volume ( %) (3)

3,2

1,2

-0,7

-1,9

Administrations de sécurité sociale

Solde

0,0

-0,3

0,1

0,9

Dépense publique (hors crédits d'impôt, en milliards d'euros)

778

805

814

798

Évolution de la dépense publique hors CI en volume ( %) (3)

3,8

2,4

-0,3

0,7

Les chiffres en comptabilité nationale relatifs au projet de loi de finances pour 2026 se réfèrent, pour 2024, au compte publié par l'Insee en comptabilité nationale en base 2020, et pour 2025-6, aux prévisions du Gouvernement dans la même base. Les prévisions relatives à la loi de programmation des finances publiques pour les années 2023 à 2027 en comptabilité nationale, antérieures au changement de base des comptes nationaux français, étaient relatives à la base antérieure des comptes nationaux, la base 2014. Le passage des comptes nationaux en base 2020, opéré par l'Insee sous le contrôle d'Eurostat, a significativement affecté les ratios de finances publiques et la comparabilité des exercices. La sortie de l'Établissement de Retraite Additionnelle de la Fonction Publique (ERAFP), structurellement excédentaire, du champ des administrations publiques a conduit à une dégradation du déficit public d'environ 2,6 Md€ en 2023. Par ailleurs, des changements méthodologiques affectant significativement les ratios de finances publiques ont entraîné un niveau nettement plus élevé des dépenses publiques et des recettes hors prélèvements obligatoires sans impact sur le solde. Deux principaux effets expliquent cette augmentation : (i) l'intégration du compte complet de SNCF Réseau (dont seul le solde était retracé précédemment) pour 10 Md€ environ de hausse des recettes hors PO et des dépenses en 2023 et (ii) un nouveau traitement des corrections liées à la recherche et développement pour 4 Md€ environ de hausse des recettes hors PO et des dépenses. Ainsi, s'agissant tout particulièrement de la dépense, les effets du changement de base contribuent largement aux écarts importants sur le montant en milliards d'euros et sur la part dans le PIB de la dépense publique.

Le scénario potentiel retenu dans ce projet de loi de finances a évolué depuis la loi de programmation de finances publiques (LPFP) 2023-2027 afin de tirer les conséquences des révisions de la chronique de PIB opérées par l'Insee depuis l'adoption de la LPFP. La croissance du PIB ayant été revue à la hausse sur les années antérieures à 2024, le diagnostic sur la capacité de rebond de l'économie française ont été révisés. Par ailleurs, la croissance potentielle est désormais estimée à 1,20 % par an en 2025 et 2026, contre 1,35 % dans la LPFP.

(1) À champ constant.

(2) Au sens du projet de loi de programmation des finances publiques pour 2023-2027.

(3) À champ constant, hors transferts entre administrations publiques

L'amendement n° A-7, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :

Alinéa 1, tableau

Rédiger ainsi ce tableau :

En % du PIB sauf mention contraire

2024

2025

2026

2026

Projet de loi de finances pour 2026

LPFP 2023-2027

Ensemble des administrations publiques

Solde structurel (1) (en points de PIB potentiel)

-5,8

-5,1

-4,7

-2,9

Solde conjoncturel (2)

0,0

-0,2

-0,4

-0,2

Solde des mesures ponctuelles et temporaires (3) (en points de PIB potentiel)

-0,1

0,0

0,0

0,0

Solde effectif (1 + 2 + 3)

-5,8

-5,4

-5,1

-2,7

Dette au sens de Maastricht

113,2

116,0

118,3

109,6

Taux de prélèvements obligatoires (y.c UE nets des CI)

42,8

43,6

43,7

44,4

Dépense publique (hors CI)

56,6

56,8

56,5

54,4

Dépense publique (hors CI, en Md€)

1 652

1698

1729

1 705

Évolution de la dépense publique hors CI en volume (%)1

2,1

1,8

0,5

0,5

Principales dépenses d'investissement (en Md€)2

 26

28

35

35

Administrations publiques centrales

Solde

- 5,3

-4,6

-4,9

-4,2

Dépense publique (hors CI, en Md€)

651

664

681

678

Évolution de la dépense publique en volume (%)3

-0,8

1,3

1,6

1,5

Administrations publiques locales

Solde

- 0,6

-0,5

-0,3

0,2

Dépense publique (hors CI, en Md€)

330

337

341

329

Évolution de la dépense publique hors CI en volume (%)3

3,2

1,2

0,0

-1,9

Administrations de sécurité sociale

Solde

0,0

-0,3

0,2

0,9

Dépense publique (hors CI, en Md€)

778

805

815

798

Évolution de la dépense publique hors CI en volume (%)3

3,8

2,3

-0,1

0,7

Cet amendement est déjà défendu.

Quel est l'avis de la commission ?

M. Jean-François Husson, rapporteur général de la commission des finances. Cet amendement tend à procéder à des ajustements sur des décimales, que je ne conteste pas. En revanche, j'ai été interpelé sur la modification apportée à l'évolution de la dépense des administrations publiques locales en volume, c'est-à-dire hors inflation.

Alors que la dépense publique locale devait diminuer de 0,7 % dans la version initiale de ce projet de budget, le Gouvernement déduit de l'adoption du projet de loi de finances de fin de gestion et du vote imminent de la première partie du projet de loi de finances par le Sénat que cette dépense publique locale sera nulle.

Or, madame la ministre, un écart de 0,7 point, cela me paraît beaucoup. C'est une dépense supplémentaire de l'ordre de 2 milliards à 3 milliards d'euros de plus que par rapport à la copie initiale.

L'amendement du Gouvernement à l'article liminaire part du principe que 1 euro de recette supplémentaire pour les collectivités locales équivaut à 1 euro de dépense locale de plus.

Madame la ministre, permettez-moi de vous dire que je trouve votre raisonnement tout à fait contestable au regard de l'état des finances de certaines collectivités locales. Les départements, en particulier, sont soumis à d'importantes contraintes, liées notamment aux allocations individuelles de solidarité et aux politiques d'accompagnement social.

Néanmoins, j'émets un avis de sagesse sur cet amendement.

M. le président. La parole est à Mme la ministre.

Mme Amélie de Montchalin, ministre. Ce débat est récurrent. Il s'agit, au fond, de savoir comment nous comptabilisons l'utilisation par les collectivités des transferts et recettes octroyés par l'État.

En fonction de leur statut – région, département, intercommunalité, commune –, de leur taille et de leurs finances, les collectivités préfèrent parfois épargner ces recettes pour financer des investissements. Les cycles communaux peuvent aussi entraîner des reports.

Il se trouve que, dans notre pays, il existe, sur ce sujet, un juge de paix : lorsque nous lui soumettons les prévisions du Gouvernement dans le cadre du projet de loi de finances, le Haut Conseil des finances publiques (HCFP) nous invite à considérer que tout euro transféré aux collectivités par l'État est dépensé.

Une telle méthode est cohérente avec la logique selon laquelle les collectivités doivent voter des budgets à l'équilibre : en général, donc, les collectivités prévoient d'associer des dépenses à chaque recette. Je le répète, c'est un débat intéressant. Mais le juge de paix qu'est le Haut Conseil des finances publiques a retenu cette convention pour examiner les textes que nous lui soumettons.

Puisque cette convention prévaut au début de l'examen du projet de loi de finances, elle s'applique également à mi-parcours des débats – c'est-à-dire là où nous sommes parvenus aujourd'hui. Aussi, par souci de cohérence, nous avons utilisé cette méthode pour que je puisse vous présenter des chiffres comparables.

Bien sûr, nous pourrions raffiner nos calculs et présenter au HCFP des données différentes ; s'il en était décidé ainsi, je m'y conformerais évidemment.

Ainsi, cette méthode ne fait pas l'objet d'une polémique entre M. le rapporteur général et le Gouvernement. Elle résulte seulement d'une convention imposée par le Haut Conseil aux finances publiques, qui est, comme vous le savez, une institution indépendante.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° A-7.

(L'amendement est adopté.)

M. le président. Je mets aux voix l'article liminaire, modifié.

(L'article liminaire est adopté.)

2

Mise au point au sujet d'un vote

M. le président. La parole est à M. Jacques Fernique.