M. le président. La parole est à Mme Marie-Do Aeschlimann. (Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains, UC et INDEP.)
Mme Marie-Do Aeschlimann. Monsieur le président, mesdames, monsieur les ministres, mes chers collègues, pour la première fois depuis 2017, les crédits de la mission « Solidarité, insertion et égalité des chances », s'élevant à un peu moins de 30 milliards d'euros, enregistrent une baisse dans le projet de loi de finances qui nous est soumis. Cette situation résulte à la fois du gel de plusieurs prestations sociales prévu à l'article 44 du projet de loi de financement de la sécurité sociale, de diverses mesures paramétriques et de la mise en œuvre de la solidarité à la source.
Le programme 304 « Inclusion sociale et protection des personnes » représente 55 % du budget de la mission. Il comprend notamment les crédits consacrés à l'aide alimentaire, qui disposera cette année de 160 millions d'euros, soit 10 millions de plus qu'en 2025.
Dans un contexte de reprise de l'inflation, notamment sur les produits alimentaires, cette politique est essentielle pour répondre à l'urgence sociale et à la précarité alimentaire. Depuis plusieurs semaines, partout en France, les campagnes d'hiver des collectes alimentaires ont repris.
Monsieur le ministre, vous avez pu mesurer la force de l'engagement désintéressé de nombreux bénévoles lorsque vous êtes venu lancer la quarante et unième campagne d'hiver des Restos du Cœur à Asnières-sur-Seine.
Toutefois, je considère que seul le retour à l'emploi garantit la subsistance et préserve la dignité de chacun. Le chantier de l'aide sociale unique devrait encourager cette évolution.
Les crédits du programme 157 « Handicap et dépendance » atteindront 16,2 milliards d'euros en 2026, en progression de 1,25 %.
Au sein de ce programme, permettez-moi de m'arrêter quelques instants sur les moyens alloués aux maisons départementales des personnes handicapées (MDPH), qui jouent un rôle capital dans le traitement de l'inclusion, notamment scolaire. Ces moyens semblent notoirement insuffisants face aux inextricables et douloureuses situations humaines, qu'il convient de régler et qui sont aggravées par la pénurie de médecins partout sur notre territoire.
Dans mon département, les Hauts-de-Seine, les familles nous alertent : les délais d'instruction atteignent jusqu'à dix-huit mois, madame la ministre, alors que la loi fixe un délai maximal d'instruction de quatre mois. Malgré plusieurs lois votées par le Parlement, en 2024, puis de nouveau en 2025, la situation devient insoutenable pour les personnes en situation de handicap et leurs proches.
En 2025, la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) a lancé une nouvelle offre d'accompagnement à destination de toutes les MDPH afin de soutenir leur redressement ; mais c'est un peu vider la mer avec une cuillère…
Pour finir, laissez-moi dire quelques mots à propos du programme 137 « Égalité entre les femmes et les hommes ». Il atteindra 95 millions d'euros, soit une hausse de 1,73 % par rapport à 2025. L'essentiel de ces crédits concerne l'aide universelle d'urgence pour les femmes victimes de violences, ou plutôt pour les victimes de violences conjugales – le lapsus est important.
Ce dispositif, je le rappelle, est issu d'une proposition de loi sénatoriale portée par notre ancienne collègue Valérie Létard. Selon la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf), depuis décembre 2023, plus de 60 000 femmes en ont bénéficié, pour un montant moyen avoisinant 900 euros.
Toutefois, comme l'ont exprimé nos collègues rapporteurs spéciaux, Arnaud Bazin et Pierre Barros, dans un rapport d'information publié l'été dernier, l'hébergement est le « nerf de la guerre, mais [le] maillon faible face au besoin de décohabitation », qui empêche bien souvent de faire cesser les violences conjugales.
Les collectivités locales trouvent des solutions face à ces situations d'urgence, comme la région Île-de-France, qui a des conventions avec les bailleurs sociaux, mais aussi la ville d'Asnières-sur-Seine, qui a mobilisé des logements pour servir d'abri aux femmes victimes de violences. Il faut les soutenir.
Mes chers collègues, au travers de ce budget, nous démontrons qu'il est possible de concilier l'exigence de solidarité et la maîtrise de la dépense publique : renoncer à l'une reviendrait inévitablement à fragiliser l'autre et, avec elle, l'avenir même de notre modèle social. Le groupe Les Républicains votera donc les crédits de cette mission. (Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains, UC et INDEP.)
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Pierre Farandou, ministre du travail et des solidarités. Monsieur le président, messieurs les rapporteurs, mesdames, messieurs les sénateurs, je suis heureux de revenir au Sénat pour vous présenter le budget du ministère du travail et des solidarités, tel qu'il est proposé dans le projet de loi de finances pour 2026.
Le débat s'ouvre sur le programme 304 de la mission « Solidarité, insertion, égalité des chances », qui finance les dispositifs de prévention et de lutte contre la pauvreté, d'inclusion sociale et de protection des personnes vulnérables. Une partie de ces crédits soutient également des politiques publiques relevant du périmètre de mes collègues, Stéphanie Rist, représentée par Charlotte Parmentier-Lecocq, ici présente, et Aurore Bergé.
Vous connaissez la situation des finances publiques et vous savez également que le texte du Gouvernement entend répondre à l'urgence du redressement des comptes publics. Le ministère du travail et des solidarités est mis à contribution dans cet effort au travers des missions qu'il gère.
Un tel effort doit être juste et équitable pour être accepté, ce qui suppose de faire attention aux plus vulnérables. Je songe notamment aux travailleurs pauvres, aux familles monoparentales ou encore aux étudiants. Les propositions qui concernent le programme 304 s'inscrivent dans cette recherche d'équilibre entre maîtrise budgétaire et préservation des dispositifs de solidarité nationale.
Le projet de loi de finances pour 2026 prévoit une baisse des crédits de 7 % sur le périmètre de ce programme. Toutefois, il faut remettre les chiffres en perspective. En effet, le budget du programme 304 proposé pour 2026 reste supérieur à la moyenne annuelle des crédits dont il a bénéficié entre 2017 et 2025 : 13,1 milliards d'euros, contre 11,5 milliards. De plus, je rappelle que ce budget a connu une forte hausse depuis 2018, puisqu'il s'élevait à 5,7 milliards d'euros en 2017.
L'effort de l'État reste donc important et, en particulier, il préserve le financement du pacte des solidarités.
Ce pacte, lancé en 2023, a conduit au déploiement de dispositifs nouveaux à la forte capacité transformatrice : dédoublement des classes en réseau d'éducation prioritaire, cantine à un euro, solidarité à la source ou encore le programme Mieux manger pour tous.
L'enveloppe pour 2026 maintient ces ambitions en permettant la poursuite des mesures nationales, comme les cantines à un euro ou les petits déjeuners à l'école, qui bénéficient respectivement à 200 000 élèves et à 255 000 élèves. L'État pourra honorer ses engagements dans le cadre de la contractualisation avec les conseils départementaux et les métropoles, et le programme Mieux manger pour tous sera poursuivi.
Dans sa version actuelle, le pacte des solidarités, conçu pour cinq ans, arrivera à son terme en 2027. Il faudra donc relancer très rapidement les réflexions, tant sur le fond que sur la forme. Nous pourrons nous appuyer sur le prochain rapport du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale (CNLE), qui définira les conditions nécessaires pour réduire la pauvreté à un horizon de dix ans.
Le travail doit être un levier de lutte contre la pauvreté. C'est le sens du périmètre de mon ministère, qui associe travail et solidarités. Renforcer l'accès au travail, maintenir l'emploi, mieux accompagner les entreprises qui recrutent, valoriser le travail, encourager les partenaires sociaux à travailler sur la rémunération ou la promotion interne sont autant de moyens qui doivent permettre de lutter contre la pauvreté et d'élever le niveau de vie des Français.
Le lien entre travail et solidarités est également au cœur du travail en cours sur le projet de loi relatif à l'allocation de solidarité unifiée. Notre système de solidarité est l'un des plus protecteurs d'Europe : il évite à 3,5 millions de nos concitoyens de basculer dans la pauvreté. Toutefois, il souffre de quelques incohérences, qui minent sa légitimité et qui peuvent poser une question de confiance à nos concitoyens.
Dans le cadre de ce projet de loi à venir, nous nous sommes fixé deux objectifs communs avec le pacte des solidarités : protéger les plus fragiles et toujours encourager la contribution à l'activité. Le Premier ministre m'a confié la mission de réunir toutes les bonnes volontés autour de ce projet et je demeure naturellement, mesdames, messieurs les sénateurs, à votre disposition pour travailler avec vous sur cette réforme.
Sur le budget 2026, sur le plan d'action du Gouvernement de lutte contre la pauvreté, comme sur tous les textes qui vous sont présentés, je suis à l'écoute de vos propositions.
Ma feuille de route est simple.
Il s'agit, premièrement, d'articuler solidarité et travail. La lutte contre la pauvreté repose sur un lien étroit entre accompagnement social et insertion professionnelle.
Il convient, deuxièmement, d'intervenir tôt plutôt que de réparer tard. La prévention doit prévaloir sur la gestion des crises : investir dans le parcours des jeunes, soutenir les familles fragilisées et agir avant que les difficultés ne s'installent constitue la stratégie la plus efficace pour réduire durablement la précarité.
Il importe, troisièmement, de renforcer la cohérence, le ciblage et l'efficience des politiques publiques jusqu'à la lutte contre la fraude sociale, et d'intégrer systématiquement la dimension territoriale pour ajuster les réponses aux besoins réels, tout en garantissant l'équité sur l'ensemble du territoire.
Je sais déjà que, dans le débat qui s'ouvre, vous aurez beaucoup à dire sur ces questions. Je suis heureux de pouvoir en discuter avec vous.
M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.
Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée auprès de la ministre de la santé, des familles, de l'autonomie et des personnes handicapées, chargée de l'autonomie et des personnes handicapées. Monsieur le président, messieurs les rapporteurs, mesdames les sénatrices, messieurs les sénateurs, tout en participant au nécessaire effort collectif, le champ du handicap et de l'autonomie demeure une priorité du Gouvernement. C'est dans cet esprit que nous vous proposons un budget équilibré pour le programme 157 « Handicap et dépendance ».
J'en viens directement à la question du gel de l'allocation aux adultes handicapés (AAH). Vous étiez opposés à cette mesure et le Premier ministre a confirmé suivre le Sénat dans cette décision. Il n'y aura donc pas de gel de l'AAH.
M. Guy Benarroche et M. Pierre Jean Rochette. Très bien !
Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée. Par ailleurs, vous avez évoqué la question de la protection des majeurs, au sujet de laquelle je souhaite réaffirmer que les engagements du Ségur sont pleinement pris en compte. J'ai par ailleurs lancé une mission spécifique afin d'améliorer l'efficacité du fonctionnement de ces services, en concentrant les efforts sur les fonctions support et pas seulement sur l'accompagnement.
En outre, le budget prévoit le maintien des aides au poste versées par l'État aux établissements et services d'accompagnement par le travail (Ésat) dans le cadre de la garantie de ressources des travailleurs handicapés (GRTH), de manière, là aussi, à continuer de soutenir l'emploi des personnes en situation de handicap, qui nous a beaucoup occupés durant la Semaine européenne pour l'emploi des personnes en situation de handicap, organisée en novembre dernier. J'avais alors pu évoquer devant vous de nouveaux outils tels que Handimatch, qui fonctionne bien pour aider les personnes en situation de handicap à surmonter certaines barrières à l'emploi, ainsi que l'emploi accompagné, qui, avec l'objectif d'être plus efficace, relève désormais directement de la compétence de France Travail.
S'agissant toujours du champ du handicap et des personnes vulnérables, je veux également vous dire l'attachement que j'ai à promouvoir la stratégie de lutte contre les maltraitances. Ce budget prévoit le renforcement du numéro national unique, accessible aux personnes sourdes et malentendantes sur l'ensemble du territoire.
Je dirai également un mot pour évoquer, au sein du programme 304 « Inclusion sociale et protection des personnes », l'action n° 17 « Protection et accompagnement des enfants, des jeunes et des familles vulnérables » – je vous prie d'excuser l'absence de Stéphanie Rist –, qui prévoit un budget de 55 millions d'euros de crédits supplémentaires pour l'aide sociale à l'enfance.
Plus largement, vous le savez et M. Iacovelli l'a rappelé, le Gouvernement maintient une ambition de refonte de la politique de protection de l'enfance. Stéphanie Rist et le garde des sceaux y travaillent, pour faire en sorte, là encore, d'être plus efficaces en amont des difficultés rencontrées par nos enfants et d'éviter ainsi les situations dramatiques dans lesquelles nous nous retrouvons.
M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.
Mme Aurore Bergé, ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations. Monsieur le président, messieurs les rapporteurs, mesdames les sénatrices, messieurs les sénateurs, l'égalité entre les femmes et les hommes est un combat pour lequel nous avons la responsabilité de ne jamais relâcher nos efforts et notre vigilance, de consolider ce qui a été acquis, souvent de haute lutte, et d'engager de nouveaux progrès.
Entre 2020 et 2025, les crédits consacrés à l'égalité ont plus que triplé. Dans un contexte budgétaire et politique inédit, en 2025, nous avons fait un choix clair : celui d'investir dans l'égalité. Ce choix sera maintenu pour 2026, puisque les crédits s'élèvent à 95,6 millions d'euros.
Je me félicite par ailleurs de ce que le compromis parlementaire obtenu dans le cadre du projet de loi de fin de gestion ait permis de renforcer encore le soutien aux associations et qu'il soit possible de le déléguer pour 2026 si tout ne pouvait être exécuté en 2025.
J'apporterai quelques éléments de réponse aux questions soulevées.
Les conventions pluriannuelles conclues avec les grandes associations nationales sont renouvelées pour la période 2026-2028. Plus de 13 millions d'euros sont consacrés aux accueils de jour et aux lieux d'écoute, d'accueil et d'orientation, premier point de contact pour les femmes victimes de violences.
Le soutien à la Fédération nationale Solidarité Femmes, le gestionnaire du 3919, sera poursuivi à hauteur de 5,4 millions d'euros.
Le financement des parcours de sortie de prostitution sera reconduit, à la faveur aussi de la stratégie nationale de lutte contre le système prostitutionnel et de la revalorisation que vous aviez votée au Sénat, à l'unanimité, l'an dernier, pour l'aide financière à l'insertion sociale et professionnelle (Afis).
Des crédits à hauteur de 9 millions d'euros soutiendront les actions locales, notamment les dispositifs d'aller-vers, la lutte contre les mutilations sexuelles féminines et l'accompagnement des femmes les plus vulnérables, en particulier dans les outre-mer et en grande ruralité.
En 2026 aussi, les moyens du réseau des CIDFF seront consolidés et renforcés, puisqu'ils bénéficieront d'un soutien de près de 9 millions d'euros. Les crédits consacrés aux espaces vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars) seront portés à 5,8 millions d'euros et donc reconduits pour consolider ce maillage territorial.
Enfin, plus de 9 millions d'euros seront consacrés à l'égalité professionnelle, à la mixité des métiers, à l'entrepreneuriat au féminin et à la diffusion d'une culture de l'égalité.
Le budget pour 2026 traduit donc une conviction simple : l'égalité ne se proclame pas, elle se finance ; elle ne s'improvise pas, elle se construit. Une seule boussole guide chacun de nos choix : la promesse républicaine d'égalité, de dignité et d'émancipation. (Applaudissements sur les travées des groupes UC, INDEP et RDSE.)
M. le président. Mes chers collègues, nous allons procéder à l'examen des crédits de la mission « Solidarité, insertion et égalité des chances », figurant à l'état B.
ÉTAT B
(En euros) |
||
Mission / Programme |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
Solidarité, insertion et égalité des chances |
29 478 541 851 |
29 482 305 025 |
Inclusion sociale et protection des personnes |
13 120 127 815 |
13 121 340 299 |
dont titre 2 |
3 400 000 |
3 400 000 |
Handicap et dépendance |
16 262 766 446 |
16 265 317 136 |
Égalité entre les femmes et les hommes |
95 647 590 |
95 647 590 |
M. le président. Je suis saisi de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° II-1130, présenté par M. Rochette, Mmes Bessin-Guérin et Bourcier, MM. Brault, Capus, Chasseing et Chevalier, Mme L. Darcos, MM. Grand et Laménie, Mme Lermytte, MM. V. Louault, Malhuret, A. Marc et Médevielle, Mme Paoli-Gagin et MM. Pellevat, Verzelen, L. Vogel et Wattebled, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Inclusion sociale et protection des personnes dont titre 2 |
|
589 646 101 |
|
589 646 101 |
Handicap et dépendance |
|
|
|
|
Égalité entre les femmes et les hommes |
|
|
|
|
TOTAL |
|
589 646 101 |
|
589 646 101 |
SOLDE |
- 589 646 101 |
- 589 646 101 |
||
La parole est à M. Pierre Jean Rochette.
M. Pierre Jean Rochette. Il est défendu, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° II-1287 rectifié bis, présenté par M. Canévet, Mme N. Goulet et MM. Cambier, Maurey, Longeot, Menonville, Folliot et Delahaye, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Inclusion sociale et protection des personnes dont titre 2 |
|
500 000 000 |
|
500 000 000 |
Handicap et dépendance |
|
|
|
|
Égalité entre les femmes et les hommes |
|
|
|
|
TOTAL |
|
500 000 000 |
|
500 000 000 |
SOLDE |
-500 000 000 |
-500 000 000 |
||
La parole est à Mme Nathalie Goulet.
Mme Nathalie Goulet. Il est défendu.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Arnaud Bazin, rapporteur spécial. Mes chers collègues, vous proposez des rabots qui ne sont pas ciblés. Or dans cette mission, les trois quarts des crédits sont consacrés à des dépenses de guichet, qui sont d'ailleurs parfaitement estimées, voire dépassées. Vos propositions risqueraient donc de mettre en péril le budget de la mission.
Par conséquent, l'avis est défavorable sur les deux amendements.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Pierre Jean Rochette. Je retire mon amendement, monsieur le président !
Mme Nathalie Goulet. Monsieur le président, j'ai cosigné cet amendement par amitié et je le retire par conviction. (Sourires.)
M. le président. L'amendement n° II-1287 rectifié bis est retiré.
Je suis saisi de trois amendements faisant l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° II-1076, présenté par M. Fargeot, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Inclusion sociale et protection des personnes dont titre 2 |
|
265 500 000 |
|
265 500 000 |
Handicap et dépendance |
|
|
|
|
Égalité entre les femmes et les hommes |
|
|
|
|
TOTAL |
|
265 500 000 |
|
265 500 000 |
SOLDE |
- 265 500 000 |
- 265 500 000 |
||
La parole est à M. Daniel Fargeot.
M. Daniel Fargeot. Cet amendement vise à désinscrire en totalité les crédits prévus pour le versement de la prime exceptionnelle de fin d'année à l'action n° 11 du programme 304 « Inclusion sociale et protection des personnes ».
Cette prime de Noël est versée en une seule fois aux bénéficiaires de minima sociaux. D'un montant de 152 euros, elle est majorée de 30 % à 50 % en fonction de la composition du foyer pour les allocataires du RSA.
Alors que le contribuable devra réaliser des efforts considérables pour participer au redressement des comptes publics, il n'est pas acceptable que les bénéficiaires de la solidarité nationale se voient dotés d'une prime.
La prime de Noël étant attribuée sur décret du Premier ministre, nous proposons donc de ne pas inscrire ces crédits au budget pour l'année 2026.
M. le président. L'amendement n° II-1112, présenté par Mmes Poncet Monge et Souyris, MM. Benarroche, G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Ollivier, M. Salmon et Mmes Senée et M. Vogel, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Inclusion sociale et protection des personnes dont titre 2 |
210 000 000 |
|
210 000 000 |
|
Handicap et dépendance |
|
210 000 000 |
|
210 000 000 |
Égalité entre les femmes et les hommes |
|
|
|
|
TOTAL |
210 000 000 |
210 000 000 |
210 000 000 |
210 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
||
La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge.
Mme Raymonde Poncet Monge. À l'inverse, le groupe écologiste souhaite revenir sur la suppression de la prime exceptionnelle de fin d'année, nommée « prime de Noël », pour les foyers sans enfant à charge. Cette décision se traduira par une perte de 152 euros, voire du double pour un couple bénéficiaire du RSA sans enfant à charge.
Mais surtout, la suppression de cette prime priverait des milliers de foyers de la possibilité de partager un repas lors des fêtes de fin d'année ou d'offrir un cadeau. Elle accentuera donc l'isolement social et la pauvreté matérielle pour un gain budgétaire très restreint.
Je rappelle qu'une personne sur huit est en situation de privation matérielle et sociale. Je rappelle également que la France se situe à un niveau supérieur à la moyenne européenne pour les privations matérielles et sociales. La prime de Noël est non pas une prime à l'enfant, mais une prime pour participer à un moment social du vivre ensemble.
Nous demandons donc le maintien intégral de la prime de Noël pour tous les foyers bénéficiaires, quelle que soit leur composition, et réaffirmons notre attachement à une politique de solidarité fondée sur la justice sociale, mais aussi sur la dignité de chacun. Nous rappelons que la prime de Noël est une conquête sociale obtenue en 1998 (Marques d'impatience sur les travées du groupe Les Républicains.), sous la pression des grandes mobilisations de chômeurs et de travailleurs précaires.
M. le président. L'amendement n° II-1304, présenté par Mmes Silvani, Apourceau-Poly, Brulin et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste - Kanaky, est ainsi libellé :
Modifier ainsi les crédits des programmes :
(En euros) |
||||
Programmes |
Autorisations d'engagement |
Crédits de paiement |
||
|
+ |
- |
+ |
- |
Inclusion sociale et protection des personnes dont titre 2 |
205 000 000 |
|
205 000 000 |
|
Handicap et dépendance |
|
205 000 000 |
|
205 000 000 |
Égalité entre les femmes et les hommes |
|
|
|
|
TOTAL |
205 000 000 |
205 000 000 |
205 000 000 |
205 000 000 |
SOLDE |
0 |
0 |
||
La parole est à Mme Silvana Silvani.
Mme Silvana Silvani. Par cet amendement, nous demandons nous aussi le maintien de la prime de Noël pour les foyers bénéficiaires, quelle que soit leur composition. Je veux simplement rappeler à ceux qui s'offusquent d'une prime de fin d'année que le RSA pour une personne seule est de 595 euros par mois. En outre, il a été décidé que cette allocation serait gelée.
C'est donc la double peine : non seulement le RSA ne sera pas indexé l'année prochaine, mais en plus on veut attaquer cette prime assez modique. Pour éviter d'aborder les choses sous l'angle purement idéologique, je le ferai sur le plan comptable : nous savons parfaitement qu'aggraver la pauvreté aura des conséquences financières par ailleurs.
Je reviendrai vers vous, monsieur le ministre, pour vous présenter nos propositions relatives à la lutte contre la pauvreté.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Pierre Barros, rapporteur spécial. M. Fargeot propose la suppression de la prime de Noël ; Mme Poncet Monge souhaite inscrire 210 millions d'euros pour rétablir la prime de Noël pour tous les foyers : Mme Silvani vient de défendre un amendement de 205 millions d'euros, dont l'objet est similaire.
Dans le PLF 2026, le Gouvernement a décidé de recentrer la prime de Noël sur les seuls bénéficiaires des aides sociales ayant un enfant à charge, faisant passer les crédits consacrés à cette prime de 470 millions à 260 millions d'euros.
S'agissant des familles monoparentales très précaires, il n'est pas pertinent, de l'avis de la commission, de diminuer leur pouvoir d'achat dans la période actuelle. En revanche, le recentrage du Gouvernement semble une mesure satisfaisante et il n'y a donc pas lieu de rehausser les crédits de la prime de Noël.
Par conséquent, la commission émet un avis défavorable sur ces trois amendements.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Farandou, ministre. Voilà pourquoi nous nous appelons « le centre » ! Nous sommes au milieu de ce qui est proposé : remettre la prime de Noël à 100 % ou l'arrêter complètement.
Nous maintenons notre position, car nous essayons de trouver des réponses concrètes à la dualité que j'évoquais : comment maîtriser les finances publiques tout en assurant la solidarité ? Nous avons donc recentré le dispositif, en gardant à l'esprit la situation des familles monoparentales, c'est-à-dire des familles qui ont des enfants.
Par conséquent, j'émets un avis défavorable sur ces amendements.
M. le président. La parole est à Mme Silvana Silvani, pour explication de vote.
Mme Silvana Silvani. Monsieur le ministre, j'entends votre argument et j'imagine qu'il sera récurrent au fur et à mesure des discussions que nous aurons.
Toutefois, je souhaite rappeler que les personnes dont nous parlons ne sont en rien responsables de l'état actuel des comptes publics.
En outre, comme je vous le disais, nous avons des propositions de lutte contre la pauvreté. En voici une : commençons par ne pas aggraver la pauvreté déjà existante !
M. le président. La parole est à Mme Corinne Féret, pour explication de vote.
Mme Corinne Féret. Monsieur Fargeot, en vous écoutant défendre votre amendement, je me suis dit : « Ah, vous nous manquiez ! » En effet, tout au long de l'examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale, vous et d'autres de vos collègues avez fait des propositions de ce type, déroutantes dans un premier temps, puis totalement inacceptables.
Cela vaut aussi pour celle que vous venez de faire, car au travers de votre amendement, vous dites à ceux qui n'ont quasiment rien – en effet, comme l'a rappelé ma collègue, le RSA représente moins de 600 euros : « Faites un effort, nous ne vous verserons pas la prime de Noël de 152 euros. » Il est vrai que cette prime est tellement énorme ! Elle représente 12,66 euros par mois. Est-ce trop ? Est-ce trop, à vos yeux, d'aider et d'accompagner ces familles, qui sont souvent, M. le ministre l'a rappelé, des familles monoparentales ? Considérez-vous que seules ces personnes devraient participer à l'effort national ?
Je rappelle que, dans le cadre du PLFSS, vous avez voté contre toutes les propositions que nous avons faites pour demander à ceux qui ont beaucoup de participer un peu plus que ceux qui n'ont rien ; vous ne leur avez demandé aucun effort.