État civil :
Né le 3 septembre 1866
Décédé le 22 janvier 1940
Profession :
Professeur
Département :
Seine
IIIème République

Ancien sénateur de la IIIe République

Elu le 11 janvier 1920
Fin de mandat le 8 janvier 1927 ( Non réélu )

1889-1940  (Extrait du «Jean Jolly»)

1889-1940

DAUSSET ((Louis, JEAN, JOSEPH), né le 3 septembre 1866 à Tarbes (Hautes-Pyrénées), mort le 22 janvier 1940 à Neuilly-sur-Marne (Seine-et-Oise). Sénateur de la Seine de 1920 à 1927.

Né à Tarbes le 3 septembre 1866, Louis Dausset se signala très tôt à ses maîtres, les professeurs du lycée de cette ville, par ses dons pour les langues mortes et un goût très vif pour les belles lettres. Aussi, le moment venu pour lui de choisir un établissement dans la vie, décida-t-on tout naturellement de l'envoyer à Paris, au collège Stanislas, où il préparerait sa licence, puis, s'il se pouvait, pousserait jusqu'à l'agrégation. Ainsi fut fait, et Louis Dausset ne déçut aucun des espoirs qu'on avait mis en lui.

Le voilà agrégé des lettres, professeur de rhétorique, et c'est Guéret, puis Angoulême, de lycée en lycée, l'échelle qui doit conduire jusqu'à une chaire à Paris même. Toutefois, déjà, à cette époque, Louis Dausset ne se peut résigner à ce qu'il y a de trop lent, de quotidien, de provincial dans ces carrières-là. Il veut voyager, parler. Il prend langue, tant avec la ligue de l'enseignement qu'avec l'Alliance française, lesquelles ne font pas de difficultés à lui demander des conférences ici et là. Il voyage, il court la province, il parle, et déjà dans ce qu'il dit, apparaît sa conception du monde, qui est de droite tout à fait, réactionnaire, conservatrice, nationaliste, et qu'il exprime avec la fougue propre à un jeune homme de cet âge.

C'est qu'on est en plein dans l' « Affaire » et il n'est pas qu'en Louis Dausset que le ton monte : les passions s'exacerbent. Lui est contre Dreyfus, on ne peut plus, et le dit, le clame dans l'Eclair, dans l'Echo de Paris, dans La Liberté, mais c'est trop peu, à son estime ; il faut encore qu'il fonde, avec François Coppée, avec Jules Lemaître, avec divers autres qui sortent de littérature, de poésie, pour défendre l'honneur de l'armée, le groupement dit de La Patrie française, dont il passe aussitôt, et à bon droit, pour l'un des chefs. Résultat : révoqué. Un arrêté ministériel d'avril 1900.

Le mois suivant, par chance, c'étaient les élections municipales, l'occasion, donc, d'une revanche. Pas plus dans un quartier que dans l'autre, Dausset n'a d'attache à Paris, et c'est un problème, que de savoir où se porter. S'il choisit en fin de compte les « Enfants Rouges », dans le 3e arrondissement, ce n'est pas en vertu d'une affinité particulière, c'est que l'adversaire, l'homme à battre, le conseiller sortant est de taille : Louis Lucipia, élu et réélu depuis dix ans, président du Conseil municipal et grand dignitaire de la Franc-maçonnerie - un symbole 1 Au terme d'une campagne des plus vives, Lucipia est battu par le « nationaliste » et voilà donc Dausset conseiller municipal de Paris pour ne plus cesser de l'être, toujours réélu par les « Enfants Rouges » jusqu'à ce que la Seine, vingt ans plus tard, se le donne pour sénateur.

C'est à l'Hôtel de ville - il s'était marié, entre temps, à une demoiselle Le Roux de Bretagne - que Dausset va désormais donner le meilleur de lui-même. Un an ne s'est pas passé que ses collègues le 8 mai 1901 le distinguent : ils le portent à la présidence du Conseil municipal, poste dans lequel, hasard ironique, cet élu des « Enfants Rouges » succède à un autre élu des « Enfants Rouges », le malheureux Lucipia.

En 1902, comme sa présidence s'achève, il juge l'heure venue de se faire élire député par ce même 3e arrondissement qui vient de lui marquer sa faveur. Il se porte « nationaliste » ; mais contre le radical Louis Puech, c'est une autre affaire que contre Lucipia : le 11 mai, 10.290 suffrages vont à Puech, quand Dausset en trouve juste 8.395. Même lutte, même issue en 1906, aux élections générales législatives suivantes, où l'écart se creuse encore au désavantage de Dausset. Comme si les « Enfants Rouges » voulaient bien de celui-ci comme conseiller (ils le réélisent en 1904 puis continuellement), mais non pas comme député.

A l'Hôtel de ville, cependant, il ne cesse de monter. Depuis 1900, il n'est guère de commissions importantes de l'assemblée municipale et du Conseil général dont, ayant fait partie, il ne soit finalement le président : président de la Commission de l'enseignement (un grand rôle est là pour lui : l'organisation de l'enseignement professionnel), président de la Commission mixte des transports en commun, président de la Commission de contrôle des tramways, président de la Commission de contrôle du gaz, président de la Commission des expositions, etc. Bref, en 1908, c'est le couronnement de tant d'activités : on le trouve rapporteur général du budget de la ville de Paris. Dans cette haute fonction, il excelle. Ses rapports, qui n'étaient rien de moins qu'une « véritable encyclopédie des services municipaux », la presse s'en empare, les commente avec passion, il n'est pas un journal qui ne veuille en voir jusqu'au détail. Pour Dausset, une manière de célébrité que ses rapports. Cependant, il a la Légion d'honneur : il sera Officier, en fin de vie.

Survient la guerre de 1914-1918.

Dausset est alors prodigieux d'activité. Déjà vice-président de l'Aide immédiate aux mutilés et réformés de guerre, c'est la présidence qui lui est donnée de la section des trains de blessés de l'office départemental.

Un cas humain surtout l'intéresse : celui de nos soldats dont la santé a mal résisté au cloaque des taudis et qui sont tuberculeux. Pour eux, avec son collègue Henri Rousselle, il demande qu'on crée, et l'obtient, à Brévannes, un sanatorium de pas moins de .2.000 lits. Infatigable, aussi, en Conseil général, il va, en 1918, jusqu'à briguer la présidence de cette institution, qui la lui donne.

Toutefois, l'an d'après, aux élections sénatoriales du 11 février 1920, c'est vers la Haute Assemblée que se tournent les regards de Dausset. Membre du Parti républicain, démocratique et social, il se porte sur une liste d'Union nationale. Il est élu au premier tour, deuxième sur dix, par 589 voix sur 1.017 votants.

Curieusement, au Luxembourg, l'action de cet homme qui avait montré tant d'efficacité dans les affaires communales, chacun s'accorde à la juger plutôt effacée. Certes, il fait bien partie, suivant les années, des Commissions importantes, soit des affaires étrangères, soit des finances, soit des colonies, soit des trois ensemble, certes il rapporte bien régulièrement le budget du Ministère des Finances et les dépenses administratives supplémentaires de la Chambre des députés, certes il interpelle quelquefois le Gouvernement sur sa politique financière et fiscale à l'égard des collectivités locales, certes le Sénat le charge, en 1922, de deux rapports particuliers, dont l'un regarde l'application dans les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle de la législation française des distilleries, alambics, alcool dénaturé et de la législation des tabacs et l'autre tend à faire approuver la convention monétaire du 9 décembre 1921 entre la Belgique, la France, la Grèce, l'Italie et la Suisse, mais il ne se trouve là rien d'assez marquant pour rappeler l'attention sur lui.

C'est que, nous dit-on, l'homme fougueux de l'opposition l'a depuis longtemps cédé en lui à l'homme modéré des conseils du Gouvernement. Qu'on en juge : lui l'anti-dreyfusard, le révoqué, le « tombeur » de Lucipia, arrivé au Sénat, s'inscrivit au groupe de l'Union démocratique et radicale. Il songe même à accepter un poste de sous-secrétaire d'Etat dans un ministère radical, son nom est avancé ; las, le cabinet meurt avant d'avoir vécu !

Il lui faut des occasions toutes particulières comme une discussion, en 1920, sur « l'invasion de certains quartiers de Paris par des réfugiés juifs d'Orient » pour que sa vieille passion anti-sémite se rallume mais alors quels accents!... « Le plus souvent, s'écrie-t-il, le mariage de ces gens se fait devant un rabbin, souvent un rabbin d'occasion... Ils compromettent la santé physique de notre population. Et alors, comment faire pour ces insectes qui sont sur ces étrangers ? Il n'y aurait qu'un moyen, les dépouiller tous quand ils arrivent à la frontière. Tâche impossible!... »

En 1927, Louis Dausset sollicite du collège électoral de la Seine le renouvellement de son mandat de sénateur. Sans succès, c'est la gauche qui le bat, un socialiste : Pierre Laval.

De ce jour, jusqu'au 22 janvier 1940, où la mort le prendra à l'âge de 74 ans à Neuilly-sur-Marne (Seine-et-Oise), Louis Dausset politiquement ne sera plus rien. Il donnera beaucoup de son temps à une association élégante : le Country Club.

Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Jean Jolly (1960/1977)

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaire
de Louis DAUSSET

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