C. L'ÉVOLUTION CONTRASTÉE DU DROIT DES TÉLÉCOMMUNICATIONS
Alors que les technologies évoluent à un rythme très rapide, le cadre réglementaire français s'adapte de façon chaotique à ces mutations . Si certains sujets -tel l'accès à l'Internet à haut débit- ont récemment pu évoluer, d'autres restent en souffrance, parfois à cause de tergiversations politiques. Ainsi le Gouvernement est-il tenté de faire évoluer le droit en dehors du Parlement , compte tenu des positions parfois adoptées par sa majorité- on pense notamment au sujet du dégroupage de la boucle locale-, ou encore à faire purement et simplement l'économie du débat, avec la transposition par ordonnances des directives communautaires.
1. Une perspective d'avenir : la généralisation de l'Internet à haut débit
L'année 2000 va voir l'émergence et le
développement de l'accès à l'Internet à haut
débit, c'est à dire avec des bandes passantes larges, permettant
la transmission plus rapide de signaux plus nombreux.
Cet accès est
essentiel pour le développement de nombreux services de la
société de l'information.
Certes, la fourniture, depuis 1996, de connexions à Internet à
haut débit est déjà juridiquement possible sur les
réseaux câblés
. Même si la situation juridique
complexe issue du " plan câble " a, un temps, ralenti la
commercialisation de tels services sur des réseaux appartenant à
France Télécom mais exploités par ses concurrents, les
arbitrages rendus par l'ART en la matière et la mise en vente
progressive par France Télécom de ces réseaux ont
contribué à rendre possible l'extension de tels services. Ainsi,
d'après l'association des villes câblées, au 31 mars 2000,
ce sont 63 844
16(
*
)
personnes
qui étaient abonnées à Internet via le câble, contre
22 605
17(
*
)
abonnés au
téléphone via le câble et 2,8 millions de personnes
aux services de télévision câblée.
D'autres technologies vont désormais pouvoir être
mobilisées pour les connexions à Internet à haut
débit : c'est le cas des technologies " xDSL " mises en
oeuvre sur le réseau téléphonique traditionnel, de la
boucle locale radio et de la téléphonie mobile de
troisième génération, deux technologies pour lesquelles
des autorisations ont été ou sont en cours d'attribution dans
notre pays.
a) Le déploiement des technologies " xDSL " sur le réseau téléphonique traditionnel
Une
réelle avancée technologique
Techniquement, les technologies " xDSL " permettent, sur le
réseau téléphonique commuté classique, fait de fils
de cuivre, de faire passer, en quelque sorte " au dessus " des
conversations téléphoniques analogiques classiques, des
données numériques.
L'ADSL (Asymetric Digital Subscriber Line) est une des technologies de la
famille xDSL, qui comprend plusieurs normes (le HDSL, le HDSL 2, le VDSL...) et
qui est en constante évolution.
L'ADSL utilise les fréquences supérieures aux fréquences
du réseau analogique (de 25kHz à 1,1 MHz), avec des techniques de
codage et de modulations numériques complexes. Plus
précisément, la bande passante disponible est divisée en
sous-porteuses : une partie est dédiée au trafic remontant
du client vers le réseau, l'autre au trafic descendant du réseau
vers le client. Les débits offerts sont asymétriques. La norme
spécifie des débits maxima : descendant (centre vers
client), jusqu'à 8Mb/s, remontant (client vers centre), jusqu'à
640kb/s.
L'avantage principal de cette technologie est de pouvoir
offrir des services
de transmission des données à haut débit sur une
infrastructure existante,
donc sans nécessiter de travaux de
génie civil.
Concrètement, le débit du réseau est significativement
amélioré par rapport à une connexion à Internet
" classique ", (avec un modem analogique) : la transmission est
jusqu'à 70 fois plus rapide
.
Un développement commercial à peine amorcé
C'est en 1998 que France Télécom a commencé
l'expérimentation de cette technologie sur quatre sites (Noisy le
Grand ; Rennes ; Le Mans et Nice). En 1999, son offre de connexion
rapide à Internet au moyen de la technologie ADSL
(" Netissimo " et " Turbo IP ") a reçu
l'homologation tarifaire du ministre (le 12 juillet 1999) et a fait l'objet
d'un développement commercial à compter du 3 novembre 1999, pour
les six premiers arrondissements de Paris, Issy-les-Moulineaux, Vanves et
Neuilly-sur-Seine.
Alors que France Télécom, encore titulaire d'un monopole de fait
sur la partie terminale du réseau, annonçait la poursuite du
déploiement géographique de son offre, pour la proposer, en 2001,
dans 250 villes de France, un recours a été déposé
auprès du Conseil de la Concurrence par des opérateurs
concurrents afin d'assurer les conditions du
développement de la
concurrence
sur un segment de marché (la boucle locale) encore
largement dominé par France Télécom.
C'est ainsi qu'après avoir interrogé l'ART, le Conseil a enjoint,
dans une décision du 18 février 20000, à France
Télécom "
de proposer aux opérateurs tiers, dans
un délai maximum de huit semaines à compter de la notification de
la présente décision, une offre technique et commerciale
d'accès au circuit virtuel permanent pour la fourniture d'accès
à Internet à haut débit par la technologie ADSL ou toute
autre solution technique et économique équivalente permettant aux
opérateurs tiers l'exercice d'une concurrence effective, tant par les
prix que par la nature des prestations offertes
".
Le Conseil a en effet considéré que l'offre de France
Télécom d'un service d'accès à haut débit
à Internet constituait pour les clients finals et pour les fournisseurs
de services une innovation porteuse d'un progrès incontestable, en
termes de capacité de réseau et de rapidité
d'accès, comme en témoignait d'ailleurs l'attente qu'elle suscite
chez les usagers résidentiels et chez les professionnels d'Internet. Le
Conseil a donc estimé que la mise en oeuvre de cette innovation,
lorsqu'elle implique l'accès à des infrastructures
détenues en quasi monopole
, ne devait pas se faire dans des
conditions telles
qu'elle interdisait dans les faits aux autres
opérateurs de télécommunications de commercialiser leurs
propres services d'accès à haut débit à
Internet
, concurrents de ceux de l'opérateur historique. La
restriction de concurrence intervenant au moment du lancement de l'innovation a
été considéré par le Conseil comme revêtant
un caractère "
grave et immédiat
"
nécessitant l'adoption de mesures d'urgence permettant aux
opérateurs tiers l'exercice d'une concurrence effective, tant par les
prix que par la nature des prestations offertes.
C'est d'ailleurs la volonté de ne pas entraver le développement
des technologies xDSL qui a conduit le ministre de l'industrie à
préconiser le
dégroupage de la boucle locale et le
Gouvernement à prendre un décret en ce sens,
qui devrait
permettre, notamment, la généralisation d'offres concurrentes
à compter de 2001.
S'agissant de France Télécom, en juin 2000, les offres de
l'opérateur couvraient 60 communes représentant 11,5 millions
d'habitants ; fin 2000 300 communes et 19 millions d'habitants devraient
être couverts par cette technologie.
En ce qui concerne les nouveaux entrants, un groupe de travail sur le
dégroupage a été établi en février 2000
à l'initiative de l'ART, qui a poursuivi ses travaux tout au long de
l'année. Ceux-ci ont conduit à la mise en place d'un processus
d'expérimentations à l'été 2000.
La première phase d'expérimentations a débuté le 3
juillet 2000 sur sept sites, tant à Paris qu'en province. 25
opérateurs se sont portés candidats pour expérimenter des
technologies xDSL, 20 contrats expérimentaux ont été
signés et 5 sont en cours de signature. 12 opérateurs ont
déjà obtenu à titre expérimental un accès
dégroupé au réseau, les problèmes constatés
étant essentiellement d'ordre opérationnel.
La deuxième phase est mise en oeuvre depuis la fin septembre 2000.
Trente sept opérateurs (25 opérateurs de la première
phase plus 12 nouveaux opérateurs) se sont d'ores et
déjà portés candidats pour réaliser des
expérimentations sur un ou deux sites (Paris et province). 4 nouveaux
sites expérimentaux, dont 1 site en zone rurale, compléteront les
7 sites ouverts pour la première phase. Cette deuxième phase
devrait permettre de tester sur le terrain les différentes
procédures opérationnelles définies dans le cadre des
groupes de travail et pour les opérateurs de tester d'autres types
d'équipements avec différents constructeurs.
Votre rapporteur pour avis estime que cette technologie doit être
utilisée sans tarder. Le fait que l'ART ait été
obligée d'émettre des " recommandations " pour sa mise
en oeuvre montre que certains seraient tentés de faire traîner les
choses, ce qui n'est pas acceptable.
b) L'attribution des licences de boucle locale radio
L'accès à Internet à hauts débits
peut
également se faire par l'installation d'une boucle locale radio,
technologie qui permet aux opérateurs de
télécommunications de raccorder directement, par voie hertzienne,
des clients à leurs réseaux. L'introduction de systèmes de
boucle locale radio constitue ainsi un enjeu majeur pour les
télécommunications en France, en contribuant d'une part à
l'ouverture d'une concurrence effective et durable sur la boucle locale et
d'autre part à l'accès aux services à haut débit.
Elle constitue une solution attractive et innovante permettant de proposer des
offres de téléphonie et de services Internet à hauts
débits concurrents et complémentaires des moyens filaires actuels
comme la fibre optique, le câble ou l'ADSL. Elle présente
l'avantage d'une certaine souplesse de mise au oeuvre, requiert des
investissements progressifs et permet une offre de gammes de services
importante.
De nombreux pays européens
ont engagé une procédure
d'attribution de telles licences : Allemagne, Espagne, Irlande,
Royaume-Uni, Pays-Bas, de même que les Etats-Unis. Le schéma
d'attribution français est clairement orienté vers la fourniture
de services à haut débit, qui semble aujourd'hui constituer le
marché porteur pour ce type de réseau.
La quantité de spectre attribuée par opérateur est en
effet relativement importante, notamment pour les hauts débits (2x112
MHz dans la bande des 26 MHz contre 2x56MHz en Allemagne). En outre,
l'ensemble des licences attribuées en France permettront d'offrir des
services à haut débit, ce qui n'est pas nécessairement le
cas dans l'ensemble des pays (l'Irlande a par exemple choisi d'attribuer 4
licences haut débit et 4 licences bas débit).
Le calendrier européen d'introduction de cette technologie est
indiqué ci-après :
CALENDRIER D'ATTRIBUTION DES LICENCES DE BOUCLE LOCALE
RADIO
EN EUROPE AU 30 AVRIL 2000
Pays |
Lancement de la procédure de sélection |
Attribution des licences |
Allemagne (2 soumissions) |
1
ère
étape : 10 juillet 1998
|
1
ère
étape : septembre 1998
|
Belgique |
septembre 2000 |
NC |
Danemark |
2
étapes :
|
Décembre 2000 |
Espagne |
Octobre 1999 |
18 avril 2000 |
Finlande |
NC |
janvier 1999 |
France |
30 novembre 1999 |
juillet 2000 |
Irlande |
février 1999 |
septembre 1999 |
Italie |
Consultation publique-novembre 1999 |
NC |
Norvège |
7 novembre 1999 |
mars 2000 |
Pays-Bas |
juillet 2000 |
septembre 2000 |
Royaume-Uni |
septembre 2000 |
NC |
Suisse |
8 mars 2000 |
NC |
Source
: DRS Group et ART NC : non
communiqué
En France, un avis d'appel à candidatures a été
publié le 30 novembre 1999, qui définissait les
modalités et les conditions d'attribution des autorisations
d'établissement et d'exploitation "
d'un réseau ouvert au
public de boucle locale radio pour le territoire
métropolitain
", pour chacune des régions
métropolitaines et pour les quatre départements d'outre-mer, soit
au total 54 licences (2 nationales ; 44 régionales en
métropole -soit 2 par régions- et 8 licences pour les
départements d'outre mer).
La procédure de sélection a été instruite par l'ART
pour le compte du ministre chargé des télécommunications,
conformément à l'article L.33-1 du code des postes et
télécommunications. Le Secrétaire d'Etat à
l'Industrie a confirmé les choix de l'ART en attribuant des
autorisations de boucle locale radio nationales et régionales à
dix opérateurs, comme l'indique le tableau suivant :
CANDIDATS RETENUS POUR L'ATTRIBUTION
DES LICENCES DE
BOUCLE
LOCALE RADIO
Nom du candidat |
Actionnaires |
Licences obtenues |
Belgacom France |
Belgacom (100 %) |
7 licences : Bretagne, Champagne-Ardenne, Nord-Pas-de-Calais, Basse-Normandie, Haute-Normandie, Pays de la Loire ; Picardie |
BLR Services |
LD Com (50,1 %) - Teligent France (40 %) - Artemis (9,9 %) |
8 licences : Alsace, Bourgogne, Centre, Languedoc-Roussillon, Lorraine, Midi-Pyrénées, Nord-Pas-de-Calais, Pays de la Loire, Picardie, Poitou-Charentes, PACA, Rhône-Alpes |
Broadnet France |
Broadnet Holding BV (90 %) - Axa (9,9 %) |
14 licences : Alsace, Aquitaine, Bretagne, Centre, Ile-de-France, Languedoc-Roussillon, Lorraine, Midi-Pyrénées, Nord-Pas-de-Calais, Pays de la Loire, Picardie, Poitou-Charentes, PACA, Rhône-Alpes |
Cegetel Caraïbes |
Cegetel (85 %) - Media Overseas (12 %), AIS (3 %) |
2 licences : Guadeloupe, Martinique |
Cegetel La Réunion |
Cegetel (100 %) |
1 licence : La Réunion |
Completel 1 |
Completel Europe (100 %) |
4 licences : Auvergne, Corse, Franche-Comté, Limousin |
Informatique Télématique 1 |
SPI (69,68 %) - Part'Com (6,08 %) - CDC Innovatech (2,03 %) |
1 licence : Guyane |
FirstMark Communications |
FirstMark Communications Europe (34 %) - Suez Lyonnaise des Eaux (18 %) - Groupe Arnault (18 %) - Rallye (10 %) - Rothschild (10 %) - BNP Paribas (10 %) |
1 licence : Métropole |
Fortel |
Prority Wireless BV (groupe UPC) (47,5 %) - Marine Wendel (47,5 %) - Sogetec (groupe NRJ) (5 %) |
1 licence : Métropole |
LandTel France |
|
7 licences : Aquitaine, Bourgogne, Champagne-Ardenne, Franche-Comté, Ile-deFrance, Limousin, Poitou-Charentes |
Siris 1 |
Deutsche Telekom (100 %) |
2 licences : Auvergne, Corse |
XTS Network Caraïbes |
XTS Network |
3 licences : Guadeloupe, Guyane, Martinique |
XTS Network Océan Indien |
XTS Network |
1 licence : La Réunion |
1
Completel, Siris et Informatique Télématique s'étant
désistés, les régions ou DOM correspondants feront l'objet
d'un nouvel appel à candidatures.
Le montant des investissements prévus par les projets
sélectionnés s'élève
à 18 milliards
de francs
sur la période 2000-2004 ;
6.400 créations
d'emplois
sont envisagées par les opérateurs.
Votre commission déplore qu'à la suite du désistement,
le 21 juillet 2000, de Completel et de Siris, suivis d'Informatique
Télématique, deux régions (la Corse et l'Auvergne) se
retrouvent sans opérateur régional de boucle locale radio et
trois autres (Franche Comté, Limousin, Guyane) avec un seul
opérateur régional. Ce résultat, peu en phase avec le
souci d'aménagement du territoire censé orienter toute la
procédure de sélection, a suscité certaines interrogations
quant à la méthode proposée par l'ART et
entérinée par le ministre.
En effet, la société Siris (filiale à 100 % de
Deutsche Telekom), candidate pour l'ensemble des régions, a
considéré que l'obtention de deux d'entre elles (Corse et
Auvergne) n'était pas pour elle "
un objectif
suffisant
", d'après le communiqué diffusé par
l'ART.
La société Completel, qui, à l'issue de la
procédure de sélection, pouvait obtenir une licence dans quatre
régions (Auvergne, Corse, Franche-Comté et Limousin), a
préféré retirer ses candidatures, considérant
notamment que "
les objectifs de couverture qu'elle avait
présentés pour ces régions n'étaient pas finalement
compatibles avec ses prévisions financières
".
En outre, la société Informatique Télématique SA,
qui pouvait obtenir une licence en Guyane, s'est elle aussi
désistée.
Certes, comme l'a aussitôt fait remarquer l'Autorité, les deux
opérateurs bénéficiaires d'une licence nationale de boucle
locale radio (FirstMark et Fortel) ont des engagements de couverture qui leur
imposent d'être
présents dans toutes les régions
métropolitaines
. Ceci veut dire que chaque région
métropolitaine bénéficiera, au moins, des services de ces
deux opérateurs de boucle locale radio, auxquels viennent s'ajouter les
opérateurs choisis sur une base régionale.
Il n'en demeure pas moins que la situation actuelle paraît
éminemment regrettable à votre commission.
Souhaitons que le nouvel appel à candidatures (pour deux licences
régionales en Corse et en Auvergne, ainsi que pour une en
Franche-Comté, Guyane et Limousin) aboutisse rapidement à la
sélection d'opérateurs aptes à fournir aux territoires
concernés les services de télécommunications si utiles
à leur développement économique. Après le lancement
officiel de la procédure, par la publication de l'avis du ministre de
l'industrie, le calendrier retenu est assez serré, puisque la date
limite de dépôt des candidatures devrait être fixée
au 15 novembre et la publication des résultats par l'autorité
devrait intervenir le 30 janvier 2001 au plus tard.
Votre commission insiste pour que tout retard de déploiement puisse
être évité : les candidats devraient être tenus
de formuler des engagements de déploiement aux même dates
d'échéance que celles prévues dans le cadre de la
procédure initiale.
On ne peut que souhaiter un aboutissement rapide de cette phase de
sélection.
c) L'appel à candidatures pour la téléphonie mobile de troisième génération
L'Internet mobile à hauts débits
Si le trafic écoulé aujourd'hui par les mobiles est
essentiellement constitué par de la voix, cette situation devrait
évoluer rapidement :
le trafic de données
sur les
réseaux GSM
18(
*
)
devrait, d'après l'Association des opérateurs GSM,
représenter 20 % du trafic d'ici 2002 et 50 % d'ici cinq ans.
Les messages courts, par exemple, qui représentent la forme la plus
simple de transmission de données par l'intermédiaire d'un
téléphone mobile, ont été au nombre de
230 millions à être échangés en France en 1999,
contre 500 millions en Allemagne.
Ce mouvement va s'amplifier avec, dès 2000, la mise en service de
la technologie GPRS (General Packet Ratio Service) sur les réseaux GSM,
qui va permettre d'augmenter les débits de transmission accessibles
à partir d'un mobile (jusqu'à 115 Kb/s contre 9,6Kb/s
aujourd'hui).
Outre cet accroissement du débit, la diffusion du protocole WAP (Wirclen
Application Protocol) qui adapte Internet à l'environnement mobile, va
généraliser l'accès Internet depuis une
téléphonie mobile.
Mais c'est surtout le déploiement des
systèmes de
troisième génération
dits UMTS (Universal mobile
Telecommunications System) qui offrent les plus grandes perspectives. Ces
systèmes permettront d'offrir, via les téléphones
portables, une large gamme de services à hauts débits
intégrant la voix, les données et les images.
Par une décision du 28 juillet 2000, l'ART a proposé au
ministre chargé des télécommunications les
modalités et les conditions d'attribution des autorisations pour
l'introduction en France métropolitaine des systèmes mobiles de
troisième génération (3G).
Le Gouvernement a publié le 18 août 2000
l'appel
à candidatures
qui marque officiellement le lancement la
procédure pour l'octroi de quatre licences de portée
métropolitaine sur une durée de quinze ans. Chaque
opérateur se verra attribuer la même quantité de
fréquences, dans le cas précis 2 X 15 MHz.
La procédure de sélection des opérateurs se
déroulera selon le calendrier ci-dessous :
18 août 2000 |
- publication de l'avis d'appel à candidatures |
31 janvier 2001 |
- dépôt des dossiers de candidatures
|
- 28 février 2001, au plus tard |
- publication de la liste des candidats et de leurs principaux actionnaires |
31 mai 2001 |
- publication par l'Autorité du compte rendu et du résultat motivé de la sélection |
30 juin 2001, au plus tard |
- délivrance par le ministre chargé des télécommunications des autorisations à chacun des candidats retenus |
juillet 2001 |
- premières attributions de fréquences aux opérateurs |
Rappelons que la décision du Parlement européen
et du
Conseil en date du 14 décembre 1198 relative à
l'introduction coordonnée dans la Communauté des systèmes
mobiles de troisième génération prévoyait notamment
que les Etats membres devaient la permettre de manière progressive sur
leur territoire pour le 1
er
janvier 2002.
Votre commission regrette que le Parlement n'ait pas été
associé à l'élaboration de la procédure de
sélection, qui a été considérée, à
tort, comme un débat d'experts. Elle prend acte de l'engagement du
Gouvernement de transmettre au Parlement les cahiers des charges des licences
avant leur attribution.
Une méthode d'attribution " mixte "
Votre rapporteur pour avis ne reviendra pas sur les termes d'un débat
qui semble désormais clos sur le mode de sélection à
retenir pour l'octroi des licences de troisième
génération, entre la proposition initiale de l'ART de la pure
sélection sur dossier
(méthode dite du "
beauty
contest
", le
"
concours de
beauté
"
ou encore de la "
soumission
comparative
"), ou celle des
enchères,
(censée,
en théorie, aboutir à l'optimum économique s'agissant de
l'attribution d'une ressource rare), méthode utilisée dans nombre
de pays européens et ayant conduit, il est vrai, à faire peser
sur les opérateurs des montants très importants.
En Europe, sept pays ont opté pour la mise aux enchères des
licences (Royaume-Uni, Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Autriche, Danemark,
Italie), d'autres pour la sélection sur dossier (Luxembourg, Finlande,
Suède, Portugal, Islande et Espagne). A la clôture de la
procédure allemande, le 18 août 2000, le montant
cumulé des enchères atteignait dans ce pays le chiffre record de
330 milliards de francs.
La méthode finalement retenue en France est une méthode mixte, de
sélection sur dossier avec versement d'une "
redevance
d'utilisation des fréquences
" pour le moins conséquente
(32,5 milliards de francs par licence).
Les candidats seront donc sélectionnés en France par la
méthode de la soumission comparative, comme cela fut le cas pour la
boucle locale radio. Cette méthode s'appuiera sur quatorze
critères de sélection, répartis en trois volets :
technique, commercial et financier. Chaque candidature fera l'objet d'une
notation sur chacun de ces critères, déterminant une note globale
sur 500 points. Les quatre candidats qui recevront les quatre meilleures
notes globales se verront attribuer une licence.
Les critères majeurs sont les suivants :
- " ampleur et rapidité de déploiement du
réseau " (100 points) ;
- " cohérence et crédibilité du projet "
(100 points) ;
- " cohérence et crédibilité du plan
d'affaires " (75 points) ;
- " offre de services " (50 points).
Ces critères correspondent aux objectifs de développement de
nouveaux services et fonctionnalités et de couverture du territoire dans
les meilleurs délais possibles.
Par ailleurs, des dispositions de l'appel à candidatures visent à
assurer qu'il sera exigé des opérateurs la fourniture d'un
service présentant réellement les qualités de la
troisième génération, et de portée
métropolitaine. Les engagements des candidats portant en particulier sur
l'ampleur et la rapidité de déploiement du réseau
,
l'offre de services et la qualité de service, seront repris en tant
qu'obligations dans leur autorisation.
D'autres dispositions visent à établir les conditions d'une
concurrence effective et équilibrée entre les différents
opérateurs appelés à évoluer sur le marché
de la troisième génération. Ainsi, le ou les
opérateurs 3G ne disposant pas d'ores et déjà de licence
GSM pourront compléter leur couverture au cours des premières
années de déploiement grâce à
l'itinérance
entre les systèmes 3G et GSM, dès lors qu'ils auront
satisfait à des exigences préalables et minimales de couverture.
Par ailleurs, le
partage des sites
sera favorisé et permettra aux
opérateurs 3G ne disposant pas d'infrastructures mobiles en France
d'accéder, de la même manière que leurs concurrents qui en
disposeraient, aux sites existants.
Des redevances aux montants importants
Au nom de "
l'occupation du domaine public hertzien
"
lié au développement des services de troisième
génération mobile, l'avantage de l'attribution des
fréquences pour les licences de troisième
génération donnera lieu au paiement d'une
redevance d'un
montant total cumulé de 32,5 milliards de francs par
opérateur.
Ce montant se répartit en une première
composante traduisant l'avantage immédiat lié à
l'attribution de la licence et une seconde correspondant à la valeur
d'usage du spectre des fréquences hertziennes publiques.
Le graphique suivant détaille le calendrier de paiement
prévisionnel de ces redevances :
Source
: projet de loi de finances
Notons toutefois que les montants sont exprimés en francs
courants ; le montant de 32,5 milliards de francs par
opérateur équivaut à environ 25 milliards de francs
en valeur actualisée.
L'article 23
du projet de loi de finances pour 2001 fixe, comme
indiqué ci-dessus, l'échéancier du paiement des redevances
" au titre de l'utilisation des fréquences
allouées
", somme dont le montant cumulé
(130 milliards de francs) sera affecté, d'une part au fonds de
réserve pour les retraites et, dans la limite de 14 milliards de
francs pour chacune des années 2001 et 2002, à la Caisse
d'amortissement de la dette publique.