CHAPITRE IV -

L'ÉNERGIE EN FRANCE EN 2000-2001

I. LE SECTEUR PÉTROLIER

La poursuite du mouvement de concentration

A l'instar du marché du gaz et de celui de l'électricité, le secteur pétrolier mondial connaît un nombre élevé de fusions-acquisitions. C'est ainsi qu'au cours des dix derniers mois 11( * ) les fusions ont représenté 166,6 milliards de dollars dans le monde. Cette concentration du capital s'accompagne de la disparition périodique de nombreuses petites compagnies. Aux dires de certains experts, compte tenu du rythme de ces changements, il ne resterait, dans cinq ans, plus que dix grands opérateurs pétroliers indépendants dans le monde. A titre d'exemple, on retiendra qu'en 2001, on a enregistré non moins de dix-sept fusions en Amérique du Nord, avec un montant unitaire record de 8,5 milliards de dollars lors de l'achat de Westcoast Energy par Duke Energy.

Une autre des raisons pour lesquelles les experts considèrent que ce mouvement se poursuivra tient à ce que l'achat de réserves identifiées est moins coûteux que la recherche de nouveaux gisements et qu'en outre, les investisseurs anticipent une forte augmentation de la demande de gaz dans les années à venir (le gaz étant un sous produit de l'exploitation pétrolière).

C'est dans ce contexte général que se situe la politique française à l'égard d'une source d'approvisionnement qui satisfait plus d'un tiers de la consommation énergétique totale.

La situation du marché pétrolier français

En termes géographiques, les sources d'approvisionnement de la France sont diversifiées. Les trois premiers fournisseurs de notre pays sont la Norvège (22,6 %), l'Arabie Saoudite (14,6 %) et le Royaume-Uni. La part des trois suivants (Russie, Nigéria et Irak) évolue entre 5,5 et 7,5 % du total des importations. Hormis l'Algérie, aucun des vingt autres fournisseurs ne détient plus de 3,3 % du marché français.

Votre Commission des Affaires économiques souhaiterait connaître les stocks prévus pour faire face à toute éventualité, dans le contexte géopolitique tendu qui prévaut à l'automne 2001.

Alors que la marge de raffinage (différence entre le prix des produits finis et le prix du pétrole brut) avait fortement diminué en 1999, la hausse du prix des produits survenue en 2000 a rétabli cette marge à un niveau élevé, ce qui explique la forte augmentation des résultats des compagnies pétrolières.

Sur le marché intérieur français, les ventes de produits pétroliers ont, du fait de la hausse des prix, diminué de 1,7 % pour atteindre 8 millions de tonnes (Mt). Au cours de la même période, la demande de carburants routiers est restée stable. Cet état de fait procède d'un mouvement de sens contraire :

- une baisse de 4,7 % de la demande d'essence ordinaire (carburant le plus lourdement taxé) ;

- un ralentissement des ventes de gazole-moteur qui, quoique ralentie par rapport à 1999, atteint cependant +2,6 %.

On retiendra qu'en dix ans, les ventes de gazole-moteur ont progressé jusqu'à atteindre le double des ventes d'essence, alors que le volume respectif des unes et des autres était identique au début des années 1990. Ce mouvement est indissociable de la hausse du taux de « diésélisation » du parc automobile français. Désormais, les ventes de véhicules diesel représentent 53 % des immatriculations de voitures particulières, contre 44% en 1999.

Votre Commission des Affaires économiques s'interroge sur l'incidence de la hausse de la part du diesel dans la motorisation du parc automobile. Elle souhaiterait savoir si, d'après les évaluations du Gouvernement, celle-ci a une incidence sur le volume des émissions polluantes rejetées dans l'atmosphère.

La mise en oeuvre du mécanisme de TIPP « flottante »

Institué par la loi de finances pour 2001, le mécanisme de flottement des taux de la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP) neutralise l'accroissement des recettes de TVA en cas de hausse des cours . Si ce dispositif n'a pas vocation à compenser la hausse des prix du pétrole, il évite , dans un contexte de grande volatilité des cours du pétrole brut, une augmentation purement mécanique des recettes de l'Etat , lorsque le prix de vente des produits pétroliers croît fortement.

Depuis le 1 er octobre 2000, les tarifs de la TIPP sur les supercarburants, le gazole et le fioul domestique sont abaissés à hauteur du surcroît de TVA consécutif à l'augmentation des prix des produits pétroliers, dès lors que le cours moyen du pétrole brut de référence Mer-du-Nord constaté au cours d'un bimestre augmente de plus de 10 % par rapport au bimestre précédent. Ces tarifs sont systématiquement revalorisés lorsque les cours du pétrole brut sont de nouveau orientés à la baisse. Ce mécanisme a joué une première fois, le 1 er octobre 2000. Les tarifs de la TIPP ont été abaissés d'environ 2,59 €/hl sur les supercarburants, le gazole et le fioul domestique. Cette baisse a résulté de l'application conjointe du mécanisme de flottement de la TIPP et d'une réduction exceptionnelle temporaire d'environ 0,76 €/hl sur le supercarburant et sur le gazole, 0,91 €/hl sur le supercarburant sans plomb et 0,3 €/hl sur le fioul domestique. Il a été mis en oeuvre une seconde fois, le 21 mars. Les tarifs de la TIPP ont été relevés d'environ 1,07 €/hl sur les supercarburants et le gazole et d'environ 1,22 €/hl sur le fioul domestique.

La desserte territoriale en carburants et la disparition des stations-services

Depuis plusieurs années, votre rapporteur pour avis s'interroge sur la dégradation progressive du « maillage » du territoire en stations-services .

Celle-ci s'est une nouvelle fois accrue en 2000, puisque les ventes des centrales d'achat de la grande distribution ont , avec une progression de près de 10 % en volume, dépassé le seuil symbolique de la moitié du marché, en passant de 48,8 à 53,53 %. La forte hausse du prix à la pompe en l'an 2000 a donc accru la compétitivité du secteur de la grande distribution.

Parallèlement, le nombre des points de vente poursuit sa diminution, de 19.970 en 1996 à 16.230 en 2000 . Selon les informations communiquées à votre rapporteur pour avis, « les contraintes de mise aux normes pour la protection de l'environnement des stations dont le débit annuel est supérieur à 500 m 3 ainsi que les départs à la retraite, pour plus d'un tiers des exploitants dans les cinq années à venir, pourraient provoquer une nouvelle érosion du réseau ».

Votre commission regrette que la totalité du produit de la taxe perçue sur les grandes surfaces (taxe additionnelle à la TACA) n'ait pas été, dès l'origine, intégralement versé au CPDC 12( * ) . Elle craint que malgré la hausse des crédits alloués en 2001, dont le total atteint 73 millions de francs, le système existant ne permette pas au CPDC de faire face aux demandes d'aides qui lui sont présentées dans un délai raisonnable, c'est-à-dire avant la fermeture des stations les plus menacées .

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