D. LA RÉSERVE OPÉRATIONNELLE RESTE À CONSTRUIRE

Les effectifs de réservistes ayant souscrit un contrat d'engagement à servir dans la réserve (ESR) s'élevaient au 1 er septembre 2001 à 8 640 hommes, dont 4 166 officiers, 3 365 sous-officiers et 1 109 militaires du rang. Ce résultat est inférieur à l'objectif fixé pour l'année 2001 (12 000 ESR), même si l'armée de terre espère encore dépasser le chiffre de 10 000 contrats en fin d'année. La différence entre les droits ouverts en organisation (30 000) et l'objectif de recrutement (12 000) est comblée par le personnel maintenu en disponibilité.

Les besoins en réservistes à l'échéance 2002 avaient été fixés pour l'armée de terre à 6 000 officiers, 8 450 sous-officiers et 13 550 militaires du rang, et il semblerait que la réalisation de cet objectif soit désormais repoussée à la fin de la future loi de programmation militaire, c'est-à-dire en 2008. Un effort particulier devra donc être engagé pour susciter le volontariat des militaires du rang de réserve , dont l'effectif reste modeste même s'il progresse, ainsi que celui des sous-officiers.

La contribution des réservistes de l'armée de terre aux opérations extérieures s'est notablement accrue depuis trois ans, puisque l'on est passé de 51 personnes en 1998 à 117 en 1999 et 143 en 2000. Elle s'élevait à 115 personnes au 30 juin 2001, dont 55 pour une durée supérieure à 100 jours.

Les événements du 11 septembre dernier, à la suite desquels les Etats-Unis ont mobilisé leurs réservistes et notre pays s'est trouvé face à la nécessité de renforcer la contribution des armées à la sécurité intérieure, ont souligné les résultats insuffisants enregistrés dans la mise en place de notre réserve opérationnelle . Il est vrai que la loi sur la nouvelle réserve n'a été adoptée qu'il y a deux ans et que, jusqu'à l'échéance 2002, tous les efforts étaient concentrés sur la mise en oeuvre de la professionnalisation.

Il importe désormais d'accorder une attention beaucoup plus soutenue au renforcement de la réserve opérationnelle, notamment en militaires du rang.

C'est dans cette perspective que le Premier ministre a annoncé le 17 novembre dernier le projet de création à partir de 2002, pour les jeunes, d' une formation militaire élémentaire , sous la forme d'un engagement à servir dans la réserve, pour une période de 15 jours durant leurs congés scolaires, l'objectif étant de toucher 10 000 jeunes par an à partir de 2004.

Cette formation se traduirait par une affectation comme militaire du rang et, pour certains des jeunes concernés, comme cadres, dans la réserve opérationnelle dès l'été suivant.

Pour intéressante qu'elle soit, cette mesure ne résout pas la difficulté de fond qui, pour reprendre l'expression du ministre de la défense, touche au « contrat... entre les forces armées, le réserviste et son employeur ». M. Alain Richard soulignait en effet le 17 novembre la relative « contradiction entre le fondement de l'appel à la réserve, qui est la réponse à une crise par définition imprévisible, et la nécessaire planification des absences d'un employé », et estimait que la réponse passait « par le développement de contacts réguliers et la connaissance mutuelle des contraintes, au niveau local, entre les armées, les réservistes et leurs employeurs », notamment au sein d'une « instance de rencontre et de coordination entre les différents acteurs concernés, à l'instar des exemples anglo-saxons ».

Il s'agit là assurément d'un enjeu très important pour les prochaines années.

Plus généralement, on peut se demander s'il n'y aurait pas lieu de réduire l'effectif de militaires du rang réservistes au profit de celui des sous-officiers. Cette solution pourrait offrir à d'anciens engagés volontaires une occasion de servir en tant que sous-officiers dans la réserve. Elle constituerait pour eux, mais aussi éventuellement pour des jeunes directement issus du civil, un élément d'attractivité pour servir dans la réserve.

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