II. LES RÉACTEURS NUCLÉAIRES DU FUTUR

Afin de préserver le savoir-faire français dans le domaine de l'énergie nucléaire, il apparaît indispensable d'intensifier les efforts de recherche dans ce secteur. Face à l'échéance de 2006 fixée par la loi de 1991, les recherches sur la transmutation des déchets nucléaires revêtent une importance particulière.

A. LE REDÉMARRAGE DE PHÉNIX

Comme votre rapporteur pour avis l'avait noté dans son avis budgétaire de l'année dernière, l'autorité de sûreté s'apprêtait alors à autoriser le redémarrage du réacteur Phénix, situé à Marcoule, afin de poursuivre les recherches sur la transmutation des déchets nucléaires à vie longue, qui constitue l'un des trois axes de recherche fixé par la loi de 1991. En effet, le CEA a terminé les travaux de mise en conformité du réacteur Phénix, exigés par l'Autorité de sûreté nucléaire, et les installations ont fait l'objet de multiples examens et inspections. Ces travaux ont conduit l'Autorité de sûreté à autoriser la reprise du fonctionnement en puissance en décembre 2002. Les équipes du CEA, qui exploitent le réacteur ont procédé, par paliers, aux étapes préparatoires à la remontée en puissance, telles que le remplissage des deux circuits secondaires en sodium, le chargement du coeur du réacteur avec de nouvelles expériences de transmutation, la requalification des barres de commande ainsi que d'autres vérifications.

Au total, le réacteur a repris son fonctionnement en puissance le 15 juin 2003, ce qui va permettre d'y réaliser des expériences de transmutation de déchets nucléaires à vie longue. Le programme expérimental, qui comporte six cycles d'irradiation, devrait durer jusqu'en 2008.

Votre rapporteur pour avis note que la reprise du fonctionnement de Phénix est un événement important pour les recherches effectuées afin de réduire la toxicité des déchets à vie longue issus de la production électronucléaire, en les transformant en éléments à vie plus courte. Du fait de ses caractéristiques de réacteur à neutrons rapides, Phénix est en effet le seul outil expérimental européen qui permette de réaliser, dans des conditions représentatives, des expériences de transmutation des déchets à vie longue. Si la faisabilité scientifique de telles réactions a été démontrée depuis plus de quinze ans, Phénix apportera des réponses indispensables quant à leur faisabilité technologique, comme par exemple celles relatives au comportement sous irradiation des dispositifs de transmutation. Par ailleurs, le réacteur Phénix constitue un outil de première importance dans le cadre du programme international « Génération IV ». Les futurs réacteurs seront conçus afin d'être économes dans leur consommation d'uranium et aptes à brûler leurs propres déchets. De par sa spécificité, Phénix permettra d'approfondir la maîtrise de l'exploitation de la filière à neutrons rapides refroidie au sodium, qui est l'une des six options retenues dans le programme « Génération IV ».

Toutefois, selon les dernières informations obtenues par votre rapporteur pour avis, des défaillances, qui ne concernent pas la partie nucléaire du réacteur et qui n'engagent en rien les conditions de sûreté nucléaire, compromettraient la poursuite de ce redémarrage. Dans le cas, que votre rapporteur pour avis espère improbable, d'une indisponibilité définitive, les expérimentations relatives à la transmutation ne pourraient s'effectuer que dans un réacteur à neutrons rapides japonais ou russe. Si les autorités étaient obligées de recourir à cette extrémité, cela démontrerait, une fois de plus, le caractère contestable de l'arrêt du réacteur Superphénix, décidé par le précédent gouvernement pour des raisons tenant plus à des considérations politiques que scientifiques ou économiques .

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