B. UN PAVILLON FRANÇAIS DONT LA SITUATION S'AMÉLIORE MAIS QUI CONTINUE DE PERDRE DES PARTS DE MARCHÉ

1. Une amélioration de la situation économique du pavillon français...

Portées par la croissance du trafic aérien mondial et national, et par un prix du carburant qui reste faible, malgré sa remontée depuis 2016, les compagnies aériennes françaises voient leur situation économique et financière s'améliorer cette année par rapport à 2016 .

En 2016, le résultat du groupe Air France-KLM s'était apprécié par rapport à l'exercice précédent grâce aux bons résultats de KLM (+ 297 millions d'euros), tandis que le résultat d'exploitation d'Air France diminuait de 54 millions d'euros.

Le chiffre d'affaires du groupe, qui avait atteint 24,8 milliards d'euros, s'était en revanche dégradé par rapport à l'année précédente (- 3,3 %) , en raison principalement de la baisse des recettes unitaires sur les réseaux moyen-courriers et long-courriers s'agissant du transport de passagers. Le chiffre d'affaires de Transavia avait, en revanche, progressé de 11 %, du fait de la forte croissance du nombre de passagers transportés (+22,7%).

Évolution du chiffre d'affaires du groupe Air-France KLM entre 2015 et 2016

(en millions d'euros)

2015

2016

Variation 2016/2015

Passagers réguliers (hors Transavia)

19 707

18 849

- 4,4 %

Autres recettes passagers

834

833

- 0,1 %

Transavia

1 086

1 206

+ 11,0 %

Autres recettes Transavia

13

12

- 7,7 %

Fret

2 263

1 904

- 15,9 %

Autres recettes fret

162

165

+ 1,9 %

Total transport aérien

24 065

22 969

- 4,6 %

Maintenance

1 577

1 834

+ 16,3 %

Autres

47

41

- 12,8 %

Total chiffre d'affaires

25 689

24 844

- 3,3 %

Source : DGAC

La situation s'est nettement améliorée en 2017. La forte croissance du trafic mondial a profité au groupe Air-France KLM qui a transporté, au cours du 1 er semestre 2017, 47,1 millions de passagers (hors Transavia), en nette progression par rapport au 1 er semestre 2016 (+ 6,5 %), avec un taux d'occupation qui s'améliore également pour atteindre 86,3 %.

Sur les neuf premiers mois de cette année, le résultat d'exploitation d'Air France a atteint 545 millions d'euros, contre 326 millions en 2016 .

2. ... qui s'accompagne d'une stratégie offensive de croissance...

Après deux années difficiles et le rejet de différents projets stratégiques portés par la direction d'Air France, le climat social de l'entreprise s'est apaisé en 2017 .

L'année 2015 a été marquée par l'échec de l'adoption d'un nouveau plan stratégique baptisé « Perform 2020 » qui prévoyait, sur la période 2015-2020 une croissance de plus de 2 % par an des capacités offertes, l'arrivée de nouveaux appareils et un développement du réseau long-courrier à partir de 2017, en contrepartie de gains de productivité devant permettre une réduction des coûts unitaires d'environ 8,5 %, notamment par le biais de plans de départs volontaires.

Faute d'accord avec les organisations syndicales sur l'application de ce plan, le nouveau président directeur général d'Air France-KLM, Jean-Marc Janaillac, a présenté, le 2 novembre 2016, un nouveau plan « Trust Together » , dont la mesure emblématique consiste en la création d'une nouvelle compagnie initialement connue sous le nom de projet « Boost », devant investir des marchés concurrentiels en ouvrant de nouvelles lignes ou en reprenant des lignes fermées ou menacées de fermeture car non rentables. Ce plan prévoit également une réduction des coûts unitaires sur la période 2017-2020 de plus de 1,5 % par an afin de réduire son écart de compétitivité avec les autres compagnies aériennes.

Après plusieurs mois de négociation, un accord a été obtenu avec les organisations syndicales le 18 juillet 2017 pour créer la nouvelle compagnie, baptisée « Joon ». Cette compagnie démarrera ses activités le 1 er décembre prochain avec quatre liaisons moyen-courriers vers Barcelone, Berlin, Porto et Lisbonne. Les liaisons long-courriers débuteront à la fin du mois de mars 2018, avec des vols déjà prévus vers Mahé aux Seychelles et Fortaleza au Brésil.

Tout en restant dans les standards d'Air France en termes de qualité d'offre, Joon proposera des services spécifiques destinés à cibler la clientèle des « millenials » , c'est-à-dire les 18-35 ans. Les pilotes seront ceux d'Air France. En revanche, les personnels navigants commerciaux (PNC) seront recrutés par la nouvelle compagnie avec des conditions de travail et de rémunération moins avantageuses que celles des salariés d'Air France.

La compagnie prévoit d 'embaucher plus de 1 000 personnels navigants d'ici 2021 . Cette compagnie sera dotée, à terme, d'une flotte de 18 appareils moyen-courriers de type A320 et A321 et 10 appareils de type A340 et A350.

Plan de recrutement de PNC par la compagnie Joon d'ici 2021

Source : Air France

S'agissant de la filiale Transavia France , après avoir enregistré des pertes régulières depuis sa création, en 2007, en raison d'un développement rapide ayant nécessité de forts investissements, les premiers résultats de l'année 2017 laissent augurer une année bénéficiaire. En 2016, Transavia France a augmenté sa flotte de cinq avions, ce qui lui a permis d'accroitre son offre de 23 %.

Quant à la filiale Hop ! , issue de la fusion des compagnies Régional, Brit Air et Airlinair en 2013, qui exploite des réseaux court-courriers, son résultat d'exploitation s'est redressé de 31 millions d'euros en 2016 , bien qu'il soit resté négatif (- 4 millions d'euros). En 2017, le groupe pourrait parvenir à la rentabilité.

Le groupe Air France-KLM a également annoncé à l'été 2017 plusieurs opérations capitalistiques en vue de renforcer ses partenariats vers l'Atlantique Nord et la Chine , avec l'entrée à son capital des compagnies Delta Airlines et China Eastern, pour 10 % chacune et pour un montant de 750 millions d'euros, dans le cadre d'une augmentation de capital 1 ( * ) . Le groupe Air-France KLM entrera, pour sa part, dans le capital du groupe britannique Virgin Atlantic à hauteur de 31 %. Ces opérations permettront au groupe d'améliorer son bilan en réduisant son endettement de 500 millions d'euros .

Air France axe son offensive sur le long-courrier vers les destinations les plus prometteuses en termes de croissance (Atlantique Nord et Asie), ce qui est de nature à faire retrouver au groupe une croissance qui n'est pas principalement tributaire du prix conjoncturellement bas du pétrole.

D'autres compagnies françaises sont, en outre, lancées dans une stratégie de croissance à l'instar de French Blue, qui poursuit le développement de son offre low-cost sur des long-courriers, et proposera à partir de mai 2018 un nouveau vol Paris-Tahiti.

Ces différents projets montrent que les compagnies aériennes françaises poursuivent une stratégie de conquête de marché et font état d'une dynamique retrouvée , ce qui est un signal encourageant.

3. ... mais qui n'empêche pas la part de marché des compagnies françaises de continuer à se réduire

Si le pavillon français va mieux, sa situation économique demeure fragile . En effet, les compagnies françaises pâtissent toujours d'un différentiel de compétitivité par rapport à leurs concurrents, en particulier les compagnies low-cost et les compagnies du Golfe, dont la croissance demeure extrêmement dynamique.

Cela est particulièrement visible s'agissant du marché domestique, où la filiale HOP ! d'Air France est confrontée à la concurrence des compagnies Volotea et Easyjet, dont les parts de marché continuent d'augmenter. HOP ! a également subi la concurrence de la ligne LGV Sud Europe Atlantique, dont la mise en service le 2 juillet 2017 a conduit à une réduction de 32 % des sièges proposés sur la ligne Orly-Bordeaux.

En conséquence, malgré le dynamisme du trafic aérien, la part de marché du pavillon français a continué de baisser l'année dernière pour atteindre 41,8 % sur l'ensemble du trafic passagers au départ/à destination de la France, contre 43,1 % en 2015. Les entreprises françaises profitent moins que leurs concurrentes de la croissance du trafic aérien.

Cette évolution se confirme au 1 er semestre 2017, puisque la part du pavillon français en passagers transportés vers les destinations européennes a chuté de 0,6 point, pour atteindre 25,1 %.

La part de marché des transporteurs français s'érode régulièrement depuis plusieurs années . La part de marché du groupe Air France-KLM, en termes de passagers transportés sur les principaux faisceaux de trafic passagers au départ/à destination de la France, est passée de 42,5 % à 36,9 % entre 2009 et 2016.

Évolution de la part de marché du groupe Air-France KLM

Source : DGAC


* 1 La participation de l'État devrait par conséquent passer de 17,6 % à 14 %.

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