C. GARANTIR LA PRÉSENCE PUBLIQUE DANS LES TERRITOIRES

La mission « Économie » du projet de loi de finances pour 2020 poursuit la réduction des effectifs de l'administration déconcentrée. E n 2020, 12 % des emplois (ETP) de l'action « Industrie et services » sont supprimés, c'est-à-dire 169 agents. Cette réduction porte principalement sur la réforme des pôles dits « 3E » des DIRECCTE en région, qui perdront 135 agents en 2020. À titre de comparaison, l'administration centrale ne supprime que 10 emplois. Nombre des personnes auditionnées par votre rapporteur ont déploré ce désengagement de l'État : en deux ans, les DIRECCTE auront perdu les trois quarts de leurs effectifs. La CPME a ainsi indiqué : « Le choix a été fait de condenser les interventions sur quelques priorités, sans que ces dernières soient suffisamment tournées vers les acteurs locaux. »

À l'heure où la décentralisation aux régions des compétences en matière de développement se met en place, il est plus que jamais nécessaire que l'État maintienne sa présence dans les territoires, afin d'apporter conseil et soutien à l'action des collectivités. Par exemple, le programme « Territoire d'Industrie », qui souhaite améliorer le dialogue au niveau local et mieux associer les collectivités à la politique industrielle, aura besoin d'un accompagnement fort par les services déconcentrés de l'État. La CFDT a estimé que « la réforme des DIRECCTE risque de venir freiner les dynamiques territoriales » , FO notant que cet affaiblissement aurait pour effet d' « accentuer les inégalités territoriales » au regard des pratiques encore peu harmonisées.

D'ailleurs, on ne peut que regretter que le programme « Territoires d'Industrie » coure le risque de rester une coquille vide, en l'absence de budget dédié et flexible mobilisé par l'État. En l'état, il s'assimile davantage à un recyclage de financements existants, et non à la levée de 1,3 milliard d'euros de nouveau budget comme le Gouvernement le met en avant.

Il ne faut pas que l'État se cache derrière la décentralisation de certaines compétences aux régions pour se retirer complètement de la politique industrielle ; ce que semble pourtant suggérer les déclarations du ministre de l'économie et des finances Bruno Le Maire devant la commission des affaires économiques : « Il faut aller plus loin dans la décentralisation des fonctions économiques. [...] Par cohérence, il faut accepter de réduire les effectifs déconcentrés [...]. »

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