IV. LA BNF DEVANT UN « MUR D'INVESTISSEMENTS »

A. LE PREMIER OPÉRATEUR DU MINISTÈRE DE LA CULTURE

En 2026, la dotation de la BnF diminue de 1,7 M€, pour s'établir à 248 M€ pour le fonctionnement et l'investissement, soit une quasi-stabilité. La BnF est le premier opérateur du ministère de la culture, et représente 70 % des crédits du programme.

B. UNE REMISE À NIVEAU TRÈS COÛTEUSE DU SITE FRANÇOIS MITTERRAND POUR LAQUELLE IL FAUDRA DÉGAGER DES MOYENS PENDANT PLUSIEURS ANNÉES

1. Un équipement hors norme qui se dégrade

Le site François Mitterrand de la BnF, qui représente un ensemble de 200 000 m² dont 54 000 m² pour les salles de lecture et un hectare de jardin-forêt, fête cette année ses 30 ans. Pendant ces trente ans, la BnF est parvenue à assurer sa mission de démocratisation des savoirs et de la culture, avec une fréquentation toujours en hausse aujourd'hui, atteignant un nouveau record de 1,7 millions de visiteurs en 2024.

Le rapport écrit en 2000 par les anciens membres de la commission de la culture Philippe Nachbar et Philippe Richert s'ouvrait sur cette interrogation : « Faut-il détruire les quatre tours de Tolbiac ? » : les débuts de cet outil culturel à 7,8 milliards de francs avaient en effet été extrêmement chaotiques, avec de nombreux inconvénients liés au parti pris architectural et de graves errements du système informatique au détriment des chercheurs. La BnF est encore aujourd'hui un équipement hors normes dans tous les domaines : budget annuel le plus important des opérateurs du ministère, fréquentation qui en fait l'une des bibliothèques les plus visitées du monde, immense fonds d'ouvrage de 15 millions de livre et imprimés.

2. Plus de 600 millions d'euros de travaux nécessaires

Des équipements en bout de course et une dégradation préoccupante du bâti

Le site François Mitterrand de la BnF est confronté aujourd'hui à la fois à l'obsolescence de l'ensemble de ses équipements et à la dégradation de ses lots architecturaux. La stratégie de maintenance qui a permis de reporter un grand nombre d'opérations d'entretien au fil des années atteint aujourd'hui ses limites, de l'éclairage aux ascenseurs, des toits aux planchers. La conception des façades vitrées, caractéristiques du bâtiment de Dominique Perrault, ne répond plus aux normes actuelles de performance énergétique, d'autant que les performances initiales se dégradent.

Pour la plupart, les pièces détachées ou les composants des équipements ne se fabriquent plus depuis plusieurs années : les équipements des armoires électriques de haute et basse tensions, les équipements de sécurité incendie comme les clapets coupe-feu, les équipements de toutes les centrales d'air gérant les magasins et les espaces publics, les équipements de sûreté tels que la vidéo-surveillance ou la sonorisation ainsi que les 80 000 sources d'éclairage de toutes sortes.

Concernant les lots architecturaux, les travaux de remise en état ont été très rares : la quasi-totalité des revêtements de sol sont d'origine, de même que les menuiseries et les composants du second oeuvre qui ont depuis longtemps dépassé leur durée de vie.

Les investissements sur le clos et couvert ont également été très limités, voire inexistants. Seules des actions de maintenance et d'entretien ont permis d'assurer l'étanchéité des toitures des tours et de l'ensemble du parvis-toiture au-delà des 20 ans habituellement constatés. La nécessité d'améliorer la performance énergétique s'est systématiquement heurtée aux volumes et aux coûts des investissements nécessaires qui en résultaient.

Pour l'ensemble du clos et couvert, le processus de vieillissement s'accélère aujourd'hui avec une nette augmentation des fuites et des désordres qui accroissent les risques sur le fonctionnement du bâtiment ainsi que sur la protection des collections de la BnF.

L'enveloppe globale pour des travaux qui ne couvriraient que le remplacement progressif des équipements critiques est évalué à environ 600 M€. L'établissement a donc élaboré un plan stratégique d'investissement sur une durée de 15 ans, qui nécessiterait pour sa mise en oeuvre, au cours des cinq prochaines années, de l'ordre de 190 M€ par an. Sans ce niveau d'investissement, le taux de vétusté ne baissera pas de façon significative et pourrait conduire dans quelques années, selon le ministère, à une fermeture complète du site pour travaux.

En outre, parallèlement, la BnF doit mener de nombreux autres chantiers. En particulier, la construction du nouveau centre de stockage à Amiens, pour lequel les travaux débuteront en 2026, est nécessaire compte tenu de la saturation des sites existants. Le coût de ce projet, selon la dernière évaluation réalisée, se montera à 116,4 M€, dont 33,6 M€ devraient être pris en charge par la région, 20,2 M€ par le Fonds européen de développement régional (FEDER), 2,5 M€ par le département de la Somme, 5,5 M€ par Amiens Métropole et la Ville d'Amiens. Le PLF 2026 prévoit 30 M€ d'AE complémentaires pour le financement de ce projet.

Or, le budget d'investissement de la BnF inscrit au sein du PLF 2026 n'est que de 35 M€. La BnF peut s'efforcer de développer davantage ses recettes propres, mais celles-ci ne représentent pour l'heure que 6 % de ses ressources. L'établissement ne dispose pas de beaucoup de leviers pour les développer, hormis le mécénat et la location du site Richelieu.

La mise en oeuvre du plan stratégique d'investissement reste donc devant la BnF. Cette mise en oeuvre supposera de dégager des marges de manoeuvres annuelles très importantes ; c'est à ce prix que cet équipement exceptionnel pourra conserver son rayonnement actuel.

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La commission de la culture, de l'éducation, de la communication et du sport a émis, lors de sa réunion plénière du 3 décembre 2025, un avis favorable à l'adoption des crédits du programme 334 « Livre et industries culturelles », au sein de la mission « Médias, livre et industries culturelles » du projet de loi de finances pour 2026.

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