B. POUR AUTANT, IL EXISTE UN NET DECALAGE ENTRE LES DONNÉES STATISTIQUES ET LA PERCEPTION DU NIVEAU DE SÉCURITÉ

Lors de sa réunion du 21 novembre 1996, votre commission des Lois s'est longuement interrogée sur l'interprétation à donner à la baisse des statistiques de la criminalité en 1995.

MM. Pierre Fauchon, Daniel Hoeffel et Christian Bonnet, notamment, ont souligné le décalage entre d'un côté des chiffres objectivement favorables, de l'autre la montée concomitante d'un sentiment d'insécurité qui, comme l'a noté le Président Jacques Larché, s'observe non seulement en ville mais également dans les zones rurales.

M. Pierre Fauchon a également insisté sur la difficulté d'interpréter des statistiques qui, si précises soient-elles, ne reflètent qu'une partie du phénomène, ne serait-ce qu'en raison du nombre toujours plus élevé des non-dépôts de plainte.

En fait, la perception par chacun de l'insécurité qui le menace demeure très subjective.

Or, la diminution de la criminalité globale n'est pas clairement perçue par l'opinion publique car elle est exprimée en chiffres globaux qui ne rendent pas exactement compte d'une situation beaucoup plus contrastée.

À cet égard, toutes les infractions n'ont pas la même répercussion en termes de déficit de sécurité.

La baisse du nombre des homicides (- 4,98 % en 1995), par exemple, demeure pratiquement inaperçue, du fait de la rareté de cette infraction (1328 homicides en 1995, dont près d'une centaine dans des règlements de comptes entre malfaiteurs). Il en va de même, quoique dans de tout autres domaines, de la baisse des fraudes alimentaires et autres infractions aux règles d'hygiène (- 41,61 %), des délits à la législation sur les courses et les jeux (- 30,65 %), etc.. Ces pourcentages, si favorables soient-ils, ne sont pas ressentis comme de véritables avancées dans le niveau de sécurité.

En revanche, beaucoup d'infractions de proximité -les violences contre les personnes, les coups et blessures, les dégradations de biens privés, etc.- continuent d'augmenter, au point parfois d'être banalisées. Ce sont ces infractions qui touchent les gens dans leur quotidien et qui entretiennent le sentiment diffus d'insécurité.

La délinquance de voie publique -une des plus visibles- représente à elle seule 63 % du total de la criminalité. Ses conséquences en termes de préjudice pour les victimes sont considérables : près d'un milliard de francs pour les seuls vols à la roulette, par exemple.

Là encore, si des succès ont été enregistrés dans la lutte contre cette forme de délinquance, il n'en demeure pas moins que sa réduction doit rester au rang des priorités absolues, faute de quoi, les statistiques globales, aussi satisfaisantes soient-elles, risqueraient fort de masquer une certaine dégradation du niveau réel de sécurité au quotidien.

Il convient dans cette optique de porter une attention particulière à certaines infractions de voie publique et de proximité qui continuent d'augmenter.

Entrent notamment dans cette catégorie : différentes infractions de violences contre les personnes, en hausse globale de 9 %, dont +12,1 % pour les blessures volontaires et + 16 % pour les menaces et chantages ; les vols avec violences sans arme (+ 3,7 %), etc....

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