d) L'actionnariat salarié

Introduit dès 1959, l'actionnariat salarié, c'est à dire les dispositifs propres à offrir aux salariés la possibilité de devenir actionnaires de leur entreprise, directement ou indirectement, a connu un certain nombre d'expérimentations dans les années soixante-dix par le biais de possibilités réservées aux seuls salariés des entreprises publiques d'acquérir des actions gratuites. Dans le secteur privé, la loi du 27 décembre 1973 a permis d'offrir, dans le cadre d'augmentations de capital, la possibilité d'acheter des titres en bénéficiant d'une décote de 10 % ; la loi du 24 octobre 1980 offrait quant à elle la possibilité de distribuer gratuitement des actions jusqu'à 3 % du capital.

Ce sont les privatisations qui ont véritablement permis le développement de l'actionnariat salarié : les ordonnances de 1986 ont ainsi prévu que 10 % des titres seraient réservés aux salariés, avec une décote pouvant aller jusqu'à 20 %, des délais de paiement et des perspectives de distributions d'actions gratuites. Toujours en vigueur, ce dispositif est un vecteur important de l'actionnariat salarié.

La deuxième voie de l'actionnariat salarié réside dans les possibilités d'achats d'actions par la voie de la participation, des PEE et des FCPE. Fin 1998, 38 % de l'encours des FCPE, soit 88 milliards de francs, consistaient en la détention d'actions de l'entreprise.

L'actionnariat salarié a pour principal avantage de développer le sentiment d'appartenance des salariés à leur entreprise : ils touchent en tant qu'actionnaires les dividendes liés à l'évolution de leurs résultats ; ils bénéficient donc aussi financièrement de l'évolution de la création de valeur dont bénéficie l'actionnaire et pas toujours le salarié. A partir d'un certain seuil, la possibilité d'obtenir des représentants au conseil d'administration renforce ce sentiment d'être pleinement lié à l'évolution de l'entreprise.

Pour celle-ci, l'avantage principal est de mobiliser le personnel, de renforcer ses fonds propres, d'aider les salariés à mieux comprendre la marche et les objectifs de l'entreprise, et de disposer d'un pourcentage de son capital très stable (comme l'ont montré de récentes batailles boursières).

Enfin, pour la collectivité, le développement de l'actionnariat salarié participe au développement de l'actionnariat populaire, permet de mieux rémunérer le travail sans peser sur les coûts fixes (ce qui justifie l'intervention de la puissance publique) et peut par l'effet de richesse accentuer les phases d'expansion économique. Cependant, l'actionnariat salarié n'est pas sans risque, notamment pour le salarié doublement dépendant financièrement, par son salaire et son épargne, de la bonne marche de l'entreprise, mais aussi pour les relations sociales dans la mesure où les plans de développement de l'actionnariat salarié ne dépendent pas d'un accord collectif mais du bon couloir de l'entreprise, et où une partie des employés en reste écartée.

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