B. LA DISTRIBUTION DE L'EAU CHEZ L'USAGER

1. Le plomb dans les réseaux

a) Les réseaux de distribution

Après avoir été transportée par canalisation, l'eau est délivrée à l'usager par un réseau de distribution intérieure qui se compose de deux parties distinctes :

- Les branchements. Il s'agit de la partie qui permet le raccordement au réseau de distribution. Cette partie est comprise entre la canalisation et le compteur individuel. Le branchement se trouve pour l'essentiel dans le domaine public.

- Les réseaux intérieurs d'immeuble, dites aussi conduites d'eau (par opposition aux canalisations ) , situées sur la partie privative et qui se prolongent jusqu'au robinet individuel.

Cette phase de transport peut entraîner des modifications importantes dans la qualité finale de l'eau distribuée aux robinets. Cette modification concerne le plomb.

Jusqu'à cette phase de distribution ultime chez l'usager, il n'y a pratiquement pas de plomb dans l'eau. D'une part, les contaminations des eaux brutes souterraines par le plomb sont extrêmement rares et très localisées. Sauf exception locale ou survivance historique (le plomb a été utilisé pour distribuer l'eau depuis l'époque romaine), le plomb n'a pas été utilisé dans les canalisations depuis la première guerre mondiale. Sauf exception, l'eau n'est donc pas en contact avec le plomb, à l'exception des joints des anciennes conduites en fonte posées avant la première guerre mondiale. D'autre part, les traitements mis en oeuvre dans les installations de production d'eau potable retiennent parfaitement les traces métalliques.

b) Le plomb dans les réseaux

En revanche, l'utilisation de plomb dans les réseaux de distribution -branchements et surtout conduites- a été très fréquente. Elle a été formellement interdite en 1995, mais les propriétés construites avant 1949 sont dans leur grande majorité concernées par le plomb. Environ 35 % du nombre d'habitations en France (et 2/3 à Paris) sont concernés par une exposition directe au plomb, par le biais de la distribution intérieure (Le phénomène a aussi ses spécificités locales, telles les « caisses d'eau » -doublées en plomb- à Marseille qui permettaient de stocker l'eau dans des réservoirs intermédiaires pour assurer un débit constant dans les habitations)

Ainsi, plusieurs études ont montré des teneurs de l'eau en plomb... en l'absence de toute canalisation en plomb ! On trouve du plomb dans de nombreux points des conduites intérieures. Le zinc utilisé pour la galvanisation des conduites en acier contient 1 % de plomb. Les conduites en cuivre sont souvent assemblées par des soudures à l'étain, qui contiennent environ 60 % de plomb. L'eau qui séjourne dans des conduites en cuivre peut atteindre 20 ug/l. Même certains matériaux plastiques comme les tubes PVC fabriqués en Europe (sauf en France) contiennent un additif à base de plomb. Une eau ayant stagné dans une conduite en PVC neuve peut dépasser 10 ug/l.

Au total, des teneurs de plusieurs centaines de microgrammes par litre ont été relevées immédiatement après l'ouverture du robinet alors que le réseau ne comptait pas de conduites en plomb !

c) Le plomb dans l'eau

Cette contamination des eaux de distribution est liée à la corrosion du plomb mis au contact de l'eau. La corrosion conduit à la consommation d'oxygène et à l'émission d'ions de plomb dans l'eau. Ces réactions sont plus ou moins importantes selon l'ancienneté du matériau, mais surtout selon les caractéristiques de l'eau. La solubilité du plomb dépend très largement de :

- L'acidité de l'eau (plus le pH est faible et plus l'eau est acide, plus l'eau est corrosive vis-à-vis du plomb, de manière exponentielle).

- La dureté de l'eau. Plus une eau est pauvre en calcaire -l'eau est alors dite douce- plus l'eau est corrosive. Une eau douce et acide est très corrosive vis-à-vis du plomb et les teneurs dépassent alors 50 ug/l au robinet lorsqu'une partie du réseau est en plomb.

- La teneur en phosphates. La solubilité du plomb est diminuée en présence de phosphates, qui conduit à un abattement des teneurs en plomb de 70 %.

- La température de l'eau , la solubilité croît à mesure que la température de l'eau s'élève. La solubilité est multipliée par deux lorsque la température passe de 12 à 25°.

- La longueur des canalisations et le temps de séjour de l'eau dans les conduites . Pour un même point de prélèvement, la teneur en plomb peut varier dans un rapport de 1 à 10, selon les moments de la journée et la durée de stagnation. La concentration maximale est variable selon le diamètre des canalisations (de l'ordre de 5 à 6 heures pour une conduite en plomb de 10 mm de diamètre).

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