2. L'état des réseaux de distribution

Si le transport de l'eau est naturellement un facteur de reviviscence microbienne, plusieurs éléments viennent renforcer ce risque.

- La qualité du matériau utilisé : L'effort d'équipement a été intense à partir du milieu des années 60, et a été facilité par l'utilisation de nouveaux matériaux plastiques, surtout le PVC, qui a supplanté la fonte. Ainsi, les anciennes canalisations sont en fonte, les nouvelles en PVC, mais il existe aussi quelques canalisations en acier, en amiante ciment, voire de façon marginale et localisée (dans les Vosges notamment), en plomb (l'utilisation massive du plomb porte sur les branchements en plomb et non sur les canalisations). Certains de ces matériaux sont sensibles à la corrosion et peuvent être dissous notamment lorsque les eaux sont agressives (acides et douces).

- Le temps de séjour : Les réseaux les plus longs entraînent un allongement des temps de séjour dans les réseaux, à l'origine de contaminations bactériennes. Ce phénomène se retrouve surtout en milieu rural.

- L'état du réseau : Les canalisations peuvent être rompues, les joints peuvent être distendus sous l'influence de mouvements du sol, des travaux en surface, et surtout du vieillissement du parc (71 ( * )) . En effet, le potentiel de dégradation s'accroît avec le temps, surtout lorsque le réseau est déjà très ancien, ce qui est le cas en France. Près de la moitié des canalisations a plus de 30 ans, 10 % a plus de 50 ans, et le rythme de renouvellement du parc est extrêmement lent.

Ainsi, les difficultés sont prévisibles, en particulier pour les communes rurales qui cumulent les handicaps avec un réseau long, des matériaux anciens, et très peu d'investissements. Ainsi, l'intercommunalité entraîne un surplus d'équipement, des matériaux modernes (PVC), mais elle entraîne aussi un allongement des réseaux, du fait de l'interconnexion entre les captages et les distributions, ce qui est un facteur de vulnérabilité.

Il est très probable que dans les dix prochaines années, les communes rurales seront confrontées à cette difficulté, liée au transport de l'eau. Dans la plupart des cas, elles ne pourront y faire face. L'IFEN rappelle d'ailleurs que « l'investissement pour développer la desserte a été subventionné par les aides publiques (des agences de l'eau) alors que le renouvellement n'est pas éligible » . Le coût pour résorber les matériaux à risques et les matériaux anciens est évalué à 53 milliards d'euros, soit 2 euros par m 3 .

Ainsi, une fois encore, il apparaît clairement que l'échelon communal n'est plus adapté à la gestion de l'eau. L'échelon départemental peut sans nul doute mieux assurer la cohérence et la cohésion.

* (71) Annexe 71 - Les canalisations du réseau d'eau potable.

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