Article additionnel avant l'article 35 A
(art. 19-1 du code civil)
Attribution de la nationalité française par défaut
aux enfants nés en France de parents étrangers
et n'ayant pas leur nationalité

Cet article additionnel tend à modifier l'article 19-1 du code civil afin de clarifier les conditions dans lesquelles l'enfant né en France de parents étrangers et n'ayant pas leur nationalité peut se voir attribuer la nationalité française.

Issu de la loi n° 73-42 du 9 janvier 1973 (ex article 21 du code de la nationalité), l'article 19-1 du code civil, dans sa rédaction actuelle, met en application le jus soli en permettant l'attribution de la nationalité française 207( * ) :

- à l'enfant né en France de parents apatrides (1) ;

- à l'enfant né en France de parents étrangers et à qui n'est attribuée par les lois étrangères la nationalité d'aucun des deux parents(2) .

Ce second cas s'était par exemple appliqué à un enfant naturel né en France d'une mère algérienne et d'un père marocain et qui n'entrait dans aucune des hypothèses d'attribution des nationalités algérienne ou marocaine 208( * ) .

Depuis la loi du 16 mars 1998 , l'enfant auquel la nationalité aura été attribuée sur le fondement de l'article 19-1 du code civil sera réputé n'avoir jamais été français si, au cours de sa minorité, la nationalité étrangère acquise ou possédée par l'un de ses parents vient à lui être transmise.

Cette mesure a mis fin au caractère irrévocable de ce mode d'attribution de la nationalité française, par coordination avec les dispositions de l'article 19 du code civil attribuant la nationalité française aux enfants nés en France de parents inconnus.

Le troisième alinéa (2) de l'article 19-1 du code civil qui a permis de mettre fin à un risque d'apatridie réel semble être parfois détourné de sa finalité.

En effet, l'application de ce dispositif est souvent invoquée par les personnes originaires d'Etats qui subordonnent la transmission de la nationalité par filiation à la déclaration préalable auprès de leurs autorités diplomatiques et consulaires de la naissance de leurs enfants en France . Soutenant que leur enfant n'a pu acquérir leur propre nationalité, faute pour eux de l'avoir déclaré au consulat, les parents demandent l'application de l'article 19-1 (2) du code civil afin d'obtenir pour eux-mêmes la délivrance d'un titre de séjour en qualité de parents d'enfant français.

Exemples de formalités d'attribution de la nationalité

Pays concernés

Conditions pour que l'enfant né en France se voit attribuer la nationalité du pays d'origine

Texte de référence

ALBANIE

Enregistrement nécessaire de l'accord commun des parents au consulat, en faveur de la nationalité albanaise si l'autre parent n'est pas albanais.

Article 2 décret du 7 juin 1954 relatif à la citoyenneté albanaise.

ARGENTINE

Option au consulat.

Décret du 2 août 1995 modifiant la loi du 22 mars 1984

BOLIVIE

Inscription sur le registre consulaire.

Article 36-2 de la Constitution.

BRESIL

Naissance enregistrée au consulat

Article 145-5.c de la Constitution brésilienne

CHYPRE

Demande de nationalité déposée au consulat dans les deux ans de la naissance. La demande doit être enregistrée.

Article 4 de la loi n° 43 de 1967.

COLOMBIE

Enregistrement de l'enfant au consulat

Article 96 de la constitution modifié par acte du 25 janvier 2002.

EQUATEUR

Inscription sur un registre consulaire.

Article 6 de la Constitution.

GUINEE-BISSAU

Réclamation de la nationalité bissau-guinéenne ou inscription sur les registres ou fixation du domicile en Guinée-Bissau

Loi n°1/76 du 3 mai 1976.

LAOS

Si un seul parent lao et si naissance et domicile enfant hors Laos, il faut une décision des parents.

Loi du 29 novembre 1990 article 10.

JAMAÏQUE

Citoyenneté jamaïcaine pour enfant mineur si requête auprès du ministère compétent

Code de la nationalité jamaïcaine du 6 août 1962, article 4.

PAKISTAN

Déclaration de naissance à faire au Consulat.

Loi pakistanaise du 13 avril 1951 modifiée.

PÉROU

Déclaration de naissance à faire au Consulat.

Constitution du 29 décembre 1993 - Titre II, chapitre I, article 52.

PORTUGAL

Déclaration de naissance à faire au Consulat

Loi de nationalité n° 37/81 du 3 octobre 1981, article 1-b

SRI LANKA

Déclaration de naissance à faire au Consulat.

Loi de nationalité du 15 novembre 1948 modifiée, article 5 § 2.

RUSSIE

Quel que soit lieu de naissance, si un seul parent russe, choix écrit des parents à faire auprès du consulat.

Loi du 6 février 1992.

VENEZUELA

Si un seul parent vénézuélien de naissance, il faut déclarer vouloir la nationalité vénézuélienne.

Constitution du 23 janvier 1961, article 35-3

Source : Ministère de l'intérieur.

Face à cette dérive utilisée par les filières d'immigration clandestines, votre commission des Lois vous propose un amendement insérant un article additionnel afin de faire dépendre l'attribution de la nationalité française par l'enfant concerné d'un véritable risque d'apatridie issu des lois de nationalité étrangères et non du choix de ses parents.

Pour autant, cette clarification du dispositif actuel ne remettrait pas en cause le jus soli
, la nationalité française serait désormais attribuée à l'enfant né en France pour lequel les lois étrangères relatives à la nationalité ne permettent en aucune façon qu'il se voie transmettre la nationalité de l'un ou l'autre de ses parents.

Votre commission vous propose d'adopter un article additionnel ainsi rédigé.

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