V. LES ACTIONS PROGRAMMÉES

A. LE PLAN DE RELANCE EN FAVEUR DU GROUPEMENT D'INTÉRÊT ÉCONOMIQUE « MAISON DE LA FRANCE »
Maison de la France est un groupement d'intérêt économique (GIE) créé par l'ordonnance n° 87-821 du 23 septembre 1987 afin d'associer l'Etat et un certain nombre d'organismes publics ou privés dans la réalisation de la mission suivante : « mettre en oeuvre des actions d'information et de promotion relatives à l'image, aux produits et à l'ingénierie touristique de métropole et d'outre-mer sur les marchés français et étrangers ainsi qu'à mettre en oeuvre les opérations d'informations touristiques à destination du public français 15( * ) ».

Au niveau national, l'action de Maison de la France consiste essentiellement en des campagnes de promotion. A l'étranger, Maison de la France s'appuie sur un réseau d'antennes en expansion continue depuis la création du GIE.

L'institution de Maison de la France, et la hausse conséquente des moyens qui lui sont affectés depuis plusieurs années -évolution qui est confirmée en 2004, les subventions de l'Etat augmentant de 4,2 %- traduit la prise de conscience par les pouvoirs publics de la fonction stratégique de la communication et surtout de la corrélation entre les investissements des Etats et les recettes touristiques : les pays qui investissent le plus par séjour dans la promotion sont en effet ceux dont la recette par touriste et par jour est la plus élevée . A titre d'exemple, l'investissement de plus de 95 millions d'euros réalisé en 2003 par l'office de tourisme Turespana, qui correspond à un investissement par séjour de 1,84 euro, a généré 708 euros de recettes par séjour. La France est dans ce domaine mal placée par rapport à ses concurrents, le manque à gagner étant estimé par le secrétariat d'Etat au tourisme à 20 % des recettes, soit près de 10 milliards d'euros. Votre rapporteur spécial déplore de ne pas disposer d'un ratio plus « parlant », rapportant l'investissement par séjour à la recette générée et souhaiterait qu'une évaluation soit faite par le gouvernement.

Ce constat justifie, dans une situation incertaine pour le tourisme en 2004 (a), un plan de relance en faveur de Maison de la France (b), indépendant du règlement des questions internes au GIP, qui demeure en suspens (c).
a) Une situation incertaine pour le tourisme en 2004

En 2004, Maison de la France doit organiser son action dans un contexte marqué par :

- une fréquentation qui reste largement inférieure à celle de l'an dernier dans les principaux marchés lointains et notamment les marchés américain, canadien, japonais et chinois. Cependant, plusieurs indicateurs macro économiques laissent espérer une reprise vers la fin de l'année ou début 2004 ;

- une situation variable pour les marchés européens . Le contexte économique médiocre qui caractérise certains marchés (Allemagne, Belgique, Suisse), le renchérissement du coût des voyages dans la zone euro pour les Britanniques, les conditions climatiques exceptionnelles de cet été et la multiplication des réservations tardives, expliquent en grande partie la fréquentation très moyenne de cet été.

La baisse de fréquentation de la clientèle est unanimement reconnue par l'ensemble des professionnels, et risque de poser des problèmes de trésorerie à certaines entreprises, d'autant plus que la dépense moyenne par séjour est en diminution.

b) Le plan de relance décidé par le CIT

Dans ce contexte, le CIT a décidé de mettre en place un plan de relance de la destination « France » d'ici la fin de l'année 2003 et, à cette fin, d'octroyer des moyens supplémentaires de 4 millions d'euros au GIE.

Ce plan de relance doit permettre d'amplifier les actions de promotion prévues dans le cadre des plans d'action de Maison de la France sur les marchés émetteurs de touristes jusqu'à la fin de l'année pour répondre aux récentes évolutions du tourisme international.

Il sera mené prioritairement sur les principaux pays européens émetteurs de touristes : Grande-Bretagne, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Belgique et Suisse , mais comprendra également des actions en France, aux Etats-Unis, au Canada, au Japon et en Chine.

Votre rapporteur spécial estime nécessaire de procéder à une évaluation des résultats de ce plan de relance .

c) Des questions internes restent en suspens

Le développement des moyens de Maison de la France ne doit pas faire perdre de vue les dysfonctionnements internes du GIE , analysés par votre rapporteur spécial dans son rapport « Maison de la France : une refondation nécessaire 16( * ) » et qui demeurent pour la plupart d'actualité, notamment en ce qui concerne les personnels du GIE en poste dans les antennes à l'étranger . Dans le rapport précité, votre rapporteur spécial avait notamment souligné la situation inacceptable de certains contractuels 17( * ) , dont le régime statutaire, issu des règles propres au personnel du ministère des affaires étrangères, s'avère inadapté aux fonctions qu'ils occupent à Maison de la France.

Votre rapporteur spécial avait émis deux suggestions : la première consistait à intégrer ces personnels à la fonction publique, en prévoyant les aménagements adéquats, notamment en ce qui concerne les rémunérations qui doivent être adaptées au niveau de vie du pays dans lequel ils sont affectés. La deuxième possibilité consisterait confier la gestion de ces personnels à Maison de la France, qui établirait elle-même les contrats de travail des agents qui souhaitent voir leur statut évoluer. Le secrétariat d'Etat au tourisme admet que « Ces disparités de statuts peuvent poser des problèmes de fonctionnement dans les bureaux à l'étranger où travaillent ensemble des personnels qui parfois comprennent mal ces disparités et les différences de rémunération qui en découlent 18( * ) ». Malheureusement, le stade du constat n'est pas encore dépassé et aucune initiative concrète n'est proposée pour remédier au problème.

Les difficultés liées à la gestion des agents publics mis à disposition du GIE semblent mieux prises en compte puisqu'elles font actuellement l'objet d'une mission d'inspection générale diligentée par le secrétariat d'Etat au tourisme.

B. LE PLAN QUALITÉ FRANCE DÉCIDÉ LORS DU CIM
L'objectif du plan qualité France décidé lors du CIM (cf.supra) consiste à assurer la promotion de la qualité des prestations touristiques offertes sur le territoire français.

Les mesures programmées par le CIM sont les suivantes :
(1) Le montage du Plan Qualité France

Phase n° 1 : Mise en place d'une structure de pilotage

Un Comité national de la qualité de l'offre touristique doit être créé, présidé par le secrétaire d'Etat au tourisme et composé des partenaires professionnels et institutionnels. Il est destiné à définir et suivre les orientations stratégiques du Plan Qualité France et validera toutes les étapes de ce plan.

Phase n° 2 : Création d'une marque nationale de qualité

La création d'une marque nationale de qualité, sous la forme d'un logotype clairement identifiable, doit permettre de symboliser la valeur de l'offre touristique française sur les marchés.

(2) Dispositif opératoire du Plan Qualité France

Phase n° 3 : Conventionnement avec les partenaires

Un processus de conventionnement avec les professionnels du tourisme impliqués dans une démarche « qualité » doit permettre de leur octroyer le droit d'accorder la marque de qualité à leurs adhérents. Ces conventions pourront également comprendre des objectifs à atteindre à moyen terme pour s'intégrer dans une véritable politique d'amélioration continue de la qualité.

Phase n° 4 : Promotion de la marque et aide à la commercialisation de l'offre touristique

Les partenaires du Plan Qualité France s'engagent ensuite dans une phase durable de commercialisation d'une offre touristique française de qualité. Le secrétaire d'Etat au tourisme assure :

- la promotion de la marque nationale de qualité sur les marchés français et étrangers, en ciblant prioritairement les prescripteurs de tourisme, afin de faciliter et d'accroître la commercialisation de l'offre touristique française (par exemple les tours-opérateurs) afin qu'une discrimination positive soit faite à l'égard des détenteurs de la marque nationale de qualité ;

- la sensibilisation des professionnels, afin qu'ils s'impliquent dans une démarche de qualité, notamment par la mise en place de moyens incitatifs en particulier en région (aides des CPER, implication de tous les acteurs institutionnels et professionnels, collectivités territoriales, etc) ;

- la communication auprès du grand public sur les efforts faits par les professionnels, une fois qu'une masse critique de professionnels engagés dans la démarche sera atteinte. En effet, la marque nationale de qualité sera un repère lisible et reconnu de la qualité de l'offre française. Elle constituera un argument de vente en apportant une garantie de la qualité de l'offre proposée et agira comme levier de la consommation touristique française.

C. RENFORCER LA DIMENSION ÉTHIQUE ET SOLIDAIRE DU TOURISME
Cet objectif, défini par le CIM, constitue une version élargie de la traditionnelle politique d'aide à l'accès aux vacances pour tous , en ajoutant à celle-ci une dimension éthique consistant principalement à lutter contre le tourisme sexuel impliquant des enfants .
a) La politique d'aide à l'accès aux vacances pour tous

La politique sociale du tourisme trouve son fondement dans la loi suprême puisque l'accès à tous les citoyens aux vacances est inscrite dans le le préambule de la Constitution de 1946 selon lequel « La Nation garantit à tous, notamment à l'enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs ». Elle a en outre été réaffirmée par la loi du 29 juillet 1998 relative à la lutte contre les exclusions (art. 140). Elle comporte divers instruments et principalement :

(1) Les chèques-vacances

Le dispositif des chèque-vacances a été créé par l'ordonnance n° 82-283 du 26 mars 1982 et modifié à plusieurs reprises :

- par les deux dernières lois de finances, qui ont successivement relevé le revenu fiscal de référence de 12 % et de 7 % , le portant à 16.320 euros pour la première part du quotient familial, majorée de 3.785 euros par demi-part supplémentaire 19( * ) , afin d'accroître le nombre des bénéficiaires. D'après les informations fournies à votre rapporteur spécial, ces dispositions auraient commencé à faire sentir leurs effets à la fin de l'année 2002 ;

- par la loi n° 99-584 du 12 juillet 1999 qui a introduit des mesures incitatives en faveur des PME/PMI de moins de cinquante salariés auparavant exclus du dispositif faute de posséder un comité d'entreprise. Elle a notamment prévu l'exonération de la contribution de l'employeur des cotisations et contributions prévues par la législation du travail et de la sécurité sociale. La loi de finances rectificative pour 2002 a, en outre, procédé à une simplification du dispositif pour les entreprises de moins de cinquante salariés ne disposant ni d'une représentation syndicale, ni d'accord collectif de branche, en prévoyant que l'institution des chèque-vacances puisse résulter d'une proposition du chef d'entreprise soumise à l'ensemble de ses salariés ;

- les chèque-vacances représentent aujourd'hui 10 % de la consommation touristique intérieure. Le volume d'émission doit atteindre 840 millions d'euros en 2003 , 900 millions d'euros étant prévus pour l'année 2004, cette progression devant se poursuivre à plus long terme ;

- l'Agence Nationale pour les Chèque Vacances (ANCV), établissement public à caractère industriel et commercial qui assure la commercialisation des chèque-vacances, affecte, en outre, systématiquement une partie de ses excédents à des « aides en faveur des actions relatives aux équipements de tourisme et de loisirs à vocation sociale ainsi qu'en faveur des actions contribuant à l'application des politiques sociales du tourisme et des vacances ». En 2004, 7,67 millions d'euros représentant 90 % de l'excédent 20( * ) de l'exercice 2002 devrait être affecté à ces actions.

(2) La Bourse solidarité vacances

Aux côtés de l'ANCV, la Bourse solidarité vacances (BSV) est un groupement d'intérêt public créé par la loi d'orientation n° 98-657 du 29 juillet 1998 relative à la lutte contre les exclusions ayant pour mission de favoriser le départ en vacances d'un maximum de familles et de jeunes défavorisés.

Le dispositif, qui repose sur l'achat à prix réduit de séjours invendus par des « associations relais », a permis en 2002 à près de 30.000 personnes de partir en vacances, ce chiffre devant être porté à 40.000 en 2003, BSV diversifiant son action, initialement orientée prioritairement vers les familles, en direction des jeunes, des personnes handicapées et des personnes âgées.

Les relations entre le secrétariat d'Etat au tourisme et le GIP sont encadrées par une convention triennale couvrant la période 2002-2004. La subvention de l'Etat qui s'est élevée à 1,058 million d'euros en 2002, a été réduite à 900.000 euros en 2003. La baisse de la subvention se poursuivra en 2004 à hauteur de 7,6 %.

(3) L'accès aux vacances des personnes handicapées : le développement et la normalisation du label « Tourisme et handicap »

Le label national « Tourisme et handicap », accordé en fonction de l'accessibilité d'un site touristique aux personnes handicapées, a été créé en 2001 et bénéficie aujourd'hui à 400 sites.

Le Comité interministériel sur le tourisme a décidé de normaliser le label qui aura désormais la valeur d'une norme réglementaire. Son développement doit être envisagé dans le cadre d'un groupe de travail associant plusieurs ministères et des représentants des principales associations représentant les personnes handicapées. Celui-ci devrait rendre ses travaux d'ici la fin de l'année 2003. Un organisme officiel devra désormais attribuer le label prenant en compte les paramètres mis en évidence par le groupe de travail.

(4) La création d'un label « Tourisme et familles »

Le CIT a également décidé de créer un nouveau label à destination des familles qui doit permettre à celles-ci d'apprécier l'effort effectué par la station touristique en faveur de l'accueil des familles, et en particulier des possibilités d'accueil des jeunes enfants.

Les critères et les modalités d'attribution de ce label seront définis par un groupe de travail associant le ministre délégué à la famille, le secrétariat d'état au tourisme et des associations représentatives de familles. Le gouvernement n'a pas communiqué d'échéance aux travaux de ce groupe.

(5) Le programme de consolidation des hébergements de tourisme social

Le programme de consolidation des hébergements de tourisme social, décidé lors du CIADT (Comité interministériel d'aménagement et de développement du territoire) du 9 juillet 2001, a pris le relais du plan patrimoine qui s'était déroulé avec succès au cours de la période 1990-2000. Il combine des objectifs d'aménagement du territoire à ceux d'une mise aux normes actuelles, en particulier en ce qui concerne l'accès aux installations des handicapés .

Pour la période 2001-2006, l'enveloppe attribuée à ce programme doit s'établir à 27,44 millions d'euros, complétée par une aide de 9,15 millions d'euros octroyée par le Fonds national d'aménagement et de développement du territoire en faveurs des zones rurales et de moyenne montagne. Toutefois, la baisse importante des dotations prévues par la loi de finances pour 2004 laisse craindre un ralentissement inquiétant de son exécution.

Dans le cadre des programmations successives, le bilan est le suivant :

Exercice 2002 : 40 dossiers financés pour un montant total de subventions de 4.547.372 euros ( 2.891.914 euros au titre du tourisme et 1.655.457 euros au titre de la DATAR).

Exercice 2003 : 45 dossiers financés pour un montant total de subventions de 6.101.597 euros ( 4.385.003 euros au titre du tourisme et 1.716.594 euros au titre de la DATAR).

b) La lutte contre le tourisme sexuel des enfants

L'objectif de lutte contre le tourisme sexuel des enfants, affirmé lors du Comité interministériel du tourisme, doit participer au renforcement de la dimension éthique du tourisme. Afin de le promouvoir, le gouvernement s'est engagé à mettre en place une campagne d'information pour renforcer la sensibilisation des touristes français se rendant à l'étranger. On peut aussi souhaiter que des mesures répressives plus fermes puissent être envisagées par les organisateurs de ce type de tourisme qui ne peut susciter que notre indignation.

D. LE RALENTISSEMENT DE L'EXÉCUTION DES CONTRATS DE PLAN ÉTAT RÉGIONS (CPER)

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