2. Les observations du Haut conseil de l'évaluation de l'école
Les
observations précédentes peuvent être
complétées par celles du Haut conseil de l'évaluation de
l'école dans son avis de mars 2002 relatif à l'évaluation
des enseignements :
«
L'évaluation des enseignements à
l'université est rare. Lorsqu'elle existe, elle n'est pas
soutenue : ...lorsque des procédures d'évaluation ont
été mises en place, elles s'apparentent plus souvent à une
évaluation des formations qu'à une évaluation des
enseignements proprement dite. L'une et l'autre sont certes peu dissociables,
mais la première, qui concerne une filière ou un diplôme,
est plus collective et, de ce fait, mieux acceptée que la seconde, qui
risque de remettre en cause chaque enseignant dans sa pratique.
De nombreux facteurs viennent contrecarrer le développement d'une
évaluation des enseignements. On peut citer : la
multiplication des tâches que doivent assurer les
enseignants-chercheurs, le fait que leur formation et les critères
du déroulement de leurs carrières font de l'enseignement une
activité secondaire par rapport à la recherche, et la perte
des repères traditionnels vis-à-vis des étudiants,
dont le nombre a considérablement augmenté et qui sont
animés par des projets professionnels très divers. Pour
les universitaires qui ont mis en place une évaluation des
enseignements, l'absence de suites de celle-ci, que ce soit dans le
domaine de l'aide, de la formation, voire de la
carrière, risque de conduire au découragement.
Les
hésitations et la passivité de l'administration
centrale qui n'a jamais cherché à lever les
ambiguïtés de l'arrêté de 1997 ni à le mettre
en application ont conforté les hésitants et
encouragé les opposants...
Le Haut Conseil estime indispensable de remédier à cette
situation, pour deux raisons au moins. La première concerne la
politique éducative : l'amélioration des
enseignements universitaires constitue un enjeu essentiel
aujourd'hui si l'on veut voir croître la réussite
des étudiants et la qualité des diplômés de
l'enseignement supérieur. Les universités et leurs
enseignants devraient être incités à s'en
préoccuper alors que, depuis plusieurs années, la
réussite des étudiants ne progresse guère et,
qu'aujourd'hui, leurs effectifs stagnent, voire régressent, dans un
conteste marqué par la concurrence européenne et par la
concurrence de la formation continue. La seconde touche à la
politique générale d'évaluation des services publics
: il serait paradoxal, au moment où celle-ci se développe et
s'étend, que le service public national
d'enseignement supérieur reste à l'écart de ce
mouvement...
Par ailleurs, chaque université devrait, par un débat
interne, préciser et rendre publiques les articulations qu'elle entend
établir entre les différentes missions qui lui sont
confiées. Ceci permettrait aux
enseignants-chercheurs d'éviter d'avoir à faire
individuellement les compromis nécessaires pour arbitrer entre
un nombre croissant de tâches
».