D. LE DEVENIR DES ANTENNES UNIVERSITAIRES
1. Les observations de la Cour des Comptes
Dans le
cadre de son rapport public particulier d'avril 2003 relatif à la
gestion du système éducatif,
la Cour des Comptes a
formulé les observations suivantes relatives
«
à la question des antennes
délocalisées
» :
«
Répondant en partie à la nécessité
de faire face à l'accueil massif des étudiants, le
développement [des antennes universitaires délocalisées]
n'a pas été régi par un souci suffisant de la pertinence
des implantations, au regard des besoins de formations, comme de la
démographie universitaire. Bien que le seuil minimal pour l'ouverture de
ces structures ait été fixé à 1.000
étudiants potentiels lors du comité interministériel
d'aménagement du territoire (CIAT) du 3 octobre 1991, cette norme
est loin d'avoir été respectée dans la grande
majorité des sites. En 1993-1994, sur les 51 antennes alors existantes,
seules onze présentaient des effectifs égaux ou supérieurs
à 1.000 étudiants. En 1996-1997, sur 53 antennes hors IUT, seules
sept dépassaient ce seuil alors que quinze d'entre elles comportaient un
effectif compris entre 34 et 200 étudiants. Ce sous-effectif n'a pas
été surmonté depuis lors et, à ce jour, de
nombreuses implantations connaissent des baisses continues de leurs effectifs,
particulièrement dans les formations universitaires longues : si
les sites délocalisés accueillent plus du quart des
étudiants préparant un DUT, ils accueillent moins de 4 % des
inscrits dans ces formations longues, essentiellement dans les premiers
cycles...
Le fonctionnement de ces antennes entraîne, par ailleurs, des coûts
de structure importants, comparés à ceux des composantes
centrales des universités. Ce surcoût global est encore accru par
une utilisation extensive des espaces, résultant de constructions
souvent disproportionnées par rapport aux effectifs accueillis. En ce
qui concerne la gestion des personnels, les antennes délocalisées
disposent de moyens en retrait par rapport aux universités de
rattachement, ce qui se traduit par un faible encadrement administratif et par
des solutions peu satisfaisantes s'agissant des personnels enseignants. Pour
surmonter le sous-encadrement, des politiques diversifiées ont
été mises en oeuvre par le recours à un personnel
précaire et à des agents des collectivités locales ou du
milieu associatif. Ces politiques, qui s'avèrent essentiellement
palliatives, ne peuvent à l'évidence constituer des solutions
durables pour répondre aux besoins d'accueil et de suivi des
étudiants. Il convient également de souligner les
difficultés que rencontrent les universités pour attirer les
enseignants dans ces structures, compte tenu de leur manque d'attrait, de leur
éloignement des métropoles régionales et de la faiblesse
des structures de recherche qu'elles abritent. Afin d'inciter les enseignants
à venir néanmoins y exercer, la plupart des universités
ont mis en place des systèmes
coûteux et de plus
irréguliers de « surrémunérations »,
sous forme d'heures complémentaires d'enseignement, en
réalité fictives, venant compenser le temps perdu et les frais
occasionnés dans les déplacements.
Le développement des antennes délocalisées a
favorisé l'accession aux études universitaires de populations
nouvelles en permettant un recrutement de proximité et en diversifiant
l'origine socio-économique des étudiants.
Ce
développement, malgré ses aspects positifs, a cependant conduit
à une dissémination des sites d'enseignement supérieur qui
apparaît aujourd'hui préjudiciable, tant du point de vue
pédagogique que du point de vue financier.
Les
difficultés que rencontrent certaines de ces structures sont la
manifestation d'une saturation de l'offre de formation. Dans un contexte
nouveau de stabilité des effectifs, la politique de
délocalisation de l'enseignement supérieur semble aujourd'hui
avoir atteint ses limites
».