c) Un coût de 130 milliards d'euros pour le FESF et le FMI

La déclaration du 26 octobre indique : « Les États membres de la zone euro contribueront à l'ensemble des mesures relatives à la participation du secteur privé à hauteur de 30 milliards d'euros . Sur cette base, le secteur public est disposé à fournir un financement supplémentaire au titre du programme pour un montant allant jusqu'à 100 milliards d'euros jusqu'en 2014, y compris la recapitalisation requise des banques grecques ».

La contribution aux « mesures relatives à la participation du secteur privé » correspond semble-t-il à une garantie, afin de permettre aux titres nouvellement émis d'être admis comme collatéral par la BCE.

Selon la presse économique 32 ( * ) , sur les 100 milliards d'euros de « financement supplémentaire », 30 milliards correspondraient à la recapitalisation des banques.

Si l'on suppose qu'un tiers des 130 milliards d'euros proviennent du FMI, la participation du FESF ne sera que d'environ 85 milliards d'euros. Ainsi, ses capacités de prêt résiduelles, initialement de 440 milliards d'euros, et ramenées à environ 325 milliards d'euros après prise en compte des plans en faveur de l'Irlande (17,7 milliards d'euros), du Portugal (26 milliards d'euros) et de la Grèce (environ 70 milliards d'euros ), ne seraient plus que de l'ordre de 250 milliards d'euros 33 ( * ) .

De manière quelque peu paradoxale, la déclaration prévoit que la Grèce doit dégager des recettes de privatisation supérieures de 15 milliards d'euros aux 50 milliards actuellement prévus, afin de « restaurer la capacité de prêt du FESF ». L'objectif de 50 milliards d'euros semble pourtant déjà ambitieux.

d) La Grèce peut-elle sortir de la spirale récessive ?

La Grèce se trouve enfermée dans un cercle vicieux, la politique de réduction du déficit suscitant une croissance fortement négative, ce qui réduit l'amélioration du déficit.

Ainsi, selon le consensus des conjoncturistes 34 ( * ) , elle connaîtrait une croissance du PIB de - 5,4 % en 2011 et -2,9 % en 2012 (après - 2,3 % en 2009 et -4,4 % en 2010).

La question est de savoir dans quelle mesure le déficit de la Grèce se résorberait spontanément si ce pays retrouvait son PIB potentiel - ou, pour dire cela autrement, quelle est la part conjoncturelle du déficit public de ce pays. En effet, si son déficit actuel était très majoritairement conjoncturel, il suffirait de mener une politique budgétaire neutre pour que le solde public s'améliore spontanément .

L'OFCE retient cette dernière analyse. Selon lui, « la situation budgétaire de la Grèce est principalement due à un déficit conjoncturel très élevé (représentant environ les 3/4 du solde prévu en 2011), l'ajustement budgétaire nécessaire ayant été en grande partie réalisé. Selon nos calculs, le tax gap de la Grèce montre qu'un retour rapide de celle-ci sur son sentier de croissance lui permettrait de stabiliser sa dette, voire de la réduire progressivement » 35 ( * ) .

Ces analyses ne font toutefois pas l'unanimité . Dans le contexte actuel, il paraît difficile, voire impossible, d'évaluer le PIB potentiel des Etats de la zone euro de manière fiable. Ainsi, selon les prévisions économiques de mai 2011 de la Commission européenne, sur les 9,5 points de PIB de déficit qu'elle prévoyait pour la Grèce en 2011, 6,1 points de PIB seraient structurels.

Par ailleurs, c'est une diminution rapide du ratio dette/PIB qui est nécessaire, pas son maintien à son niveau actuel.

Aussi une annonce par la Grèce de l'arrêt de sa politique de réduction discrétionnaire du déficit serait-elle vraisemblablement très mal perçue par les marchés.

Dans ces conditions, l'annonce inattendue, le 31 octobre 2011, par le Gouvernement grec, d'un projet - ensuite abandonné - d'organisation d'un référendum sur l'accord du 26 octobre, a été déstabilisante pour les marchés et pour les acteurs européens du G20 de Cannes.


* 32 Financial Times, 31 octobre 2011.

* 33 Ce qui est compatible avec les chiffres indiqués par Herman Van Rompuy dans sa déclaration du 27 octobre 2011 (capacité de prêt de l'ordre de 1 000 milliards d'euros pour un effet de levier de 4 à 5).

* 34 Consensus Forecasts, octobre 2011.

* 35 Revue de l'OFCE n° 119, octobre 2011.

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