B. UNE MESURE MINIMALE, QUI PEUT-ÊTRE APPELLE D'AUTRES MARQUES DE RECONNAISSANCE

L'objet de ce texte, nécessairement modeste, n'épuise peut-être pas les efforts de mémoire que peut déployer la Nation reconnaissante à l'égard du sacrifice d'Alfred Dreyfus. Depuis une trentaine d'année, les gouvernements successifs ont d'ailleurs entrepris de tels efforts :

- la commande par le ministre de la culture Jack Lang au sculpteur Tim d'une statue de Dreyfus en 1985 donna lieu à une vive controverse. L'oeuvre fut refusée à l'École militaire, déplacée en 1988 au jardin des Tuileries, inaugurée sur le boulevard Raspail par le maire de Paris Jacques Chirac en 1994 ;

- le centenaire de 1994 a donné lieu à une forte demande sociale mais à peu d'initiatives politiques ;

- la centenaire du « J'accuse ! », en 1998, a conduit le président Jacques Chirac à adresser une lettre éloquente aux descendants de Dreyfus et Zola, le Premier ministre Lionel Jospin à organiser une cérémonie au Panthéon le 13 janvier, le ministre de la défense Alain Richard à inaugurer une plaque en hommage au capitaine Dreyfus à l'École militaire le 2 février, et le président de l'Assemblée nationale Laurent Fabius à faire reproduire le texte de Zola sur la façade du Palais-Bourbon.

- la commémoration de 2006 fut plus ambitieuse. Une cérémonie nationale fut organisée à l'École militaire le 12 juillet 2006, au cours de laquelle le président de la République, accompagné du Premier ministre et des membres de son gouvernement, prononça un discours devant les représentants de la Justice, des Armées et des corps constitués, en présence des familles Dreyfus et Zola. Le Président accueillit en outre la proposition de transférer les cendres de Dreyfus au Panthéon - le projet n'eut pas de suite ;

- en 2025, le président de la République a annoncé la création d'une journée de commémoration annuelle pour Alfred Dreyfus, le 12 juillet.

Ces initiatives n'en excluent pas d'autres. Alfred Dreyfus a été promu officier de la Légion d'honneur le 9 juillet 1919, mais peut encore progresser dans cet ordre, voire pourrait donner son nom à un ordre particulier. Le Rapporteur Rachid Temal propose, après le vote de loi nommant Alfred Dreyfus général de brigade, une panthéonisation, à l'image de celle de Robert Badinter, d'Alfred Dreyfus, de son épouse Lucie et de son frère Mathieu, ces deux derniers ayant joué un rôle majeur dans la mobilisation des élus et des intellectuels, ainsi que son élévation au grade de Grand officier de la Légion d'Honneur. De telles mesures sont plus difficiles à faire entrer dans les compétences collectivement reconnues au législateur et sont un appel au président de la République. Pour l'heure, cette nomination au grade de général de brigade vaut reconnaissance par la Nation d'un patriote et d'un militaire exemplaires.

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