B. UNE PRÉVISION DE CROISSANCE MAINTENUE À 0,7 % POUR L'ANNÉE 2025, SOIT UN NIVEAU INFÉRIEUR À L'ACQUIS DE CROISSANCE DÉJÀ ENREGISTRÉ AU COURS DES TROIS PREMIERS TRIMESTRES

À hauteur de 0,7 %, la croissance resterait inchangée par rapport à la prévision présentée dans le projet de loi de finances pour 2026, mais inférieure de 0,2 point à la prévision retenue en janvier 2025 dans le projet de loi de finances amendé pour 2025, dont le Haut Conseil des finances publiques (HCFP) avait pointé le caractère « un peu optimiste »4(*). Elle serait identique à celle du rapport d'avancement annuel (RAA) du plan budgétaire et structurel à moyen terme (PSMT) présenté en avril 2025.

L'estimation de croissance reste en ligne avec les prévisions institutionnelles les plus récentes.

Comparaison des prévisions de croissance du PIB pour l'année 2025

(en pourcentage - en volume)

Source : commission des finances du Sénat d'après les principales prévisions institutionnelles

Il ressort des données du troisième trimestre publiées par l'Insee5(*) après l'élaboration du présent PLFG que l'acquis de croissance6(*), sur les trois premiers trimestres, est d'ores et déjà de 0,8 %.

S'agissant de la composition de la croissance, les chiffres de l'Insee publiés après l'élaboration du présent PLFG diffèrent là encore assez nettement des hypothèses de ce dernier, pourtant plus récent. D'une part, la contribution du commerce extérieur s'améliore et celle des stocks se détériore au troisième trimestre, en raison d'exportations plus dynamiques dans l'aéronautique mais aussi dans la chimie et la pharmacie.

D'autre part, le HCFP relève que, même ramenée à 0,5 % contre 1,1 % en début d'année, « la prévision de consommation des ménages apparaît à présent un peu haute, la progression observée au troisième trimestre restant faible, en ligne avec les signaux peu favorables des enquêtes auprès des ménages ». À l'inverse, l'investissement des entreprises semble, à ce stade, beaucoup mieux résister que prévu.

Estimation de l'évolution des composantes de la croissance

(en % par rapport à 20247(*))

 

PLFG 2025

Acquis au troisième trimestre 2025

PIB

0,7

0,8

Consommation des ménages

0,5

0,3

Consommation des APU8(*)

1,9

1,4

Investissement des entreprises

- 0,9

- 0,1

Investissement des ménages

0,8

- 0,2

Investissement des APU

- 0,5

- 1,2

Importations

2,7

2

Exportations

0,5

- 0,8

Source : commission des finances à partir de l'avis du HCFP sur le PLFG 2025

Il en résulte que l'acquis de croissance au troisième trimestre dépasse la prévision de croissance de 0,7 % établie pour l'ensemble de l'année 2025.

En conséquence, le Haut Conseil des finances publiques indique dans son avis sur le PLFG 2025 (point 10) que « même en tenant compte de la possibilité de révisions ultérieures de ces estimations par l'Insee et d'une faiblesse possible de l'activité au quatrième trimestre, l'hypothèse de 0,7 % est crédible et a même des chances d'être dépassée ». De fait, une stagnation au quatrième trimestre suffirait à dépasser la cible.

Les dernières estimations des conjoncturistes témoignent de ce regain de l'estimation de croissance, puisque la moyenne des prévisions du Consensus Forecasts de mi-novembre 2024 s'établit à 0,757 % de croissance (0,8 % en arrondissant au dixième), contre 0,652 % en octobre (0,7 % en arrondissant au dixième), soit une amélioration légèrement supérieure à 0,1 point de PIB en un mois.

On pourrait même s'interroger sur les raisons qui ont conduit le gouvernement à ne pas retenir une estimation de croissance plus favorable, dans le PLFG publié dix jours après la publication de ces chiffres. Une hypothèse est que le maintien de cette cible prudente pourrait permettre au Gouvernement, en jouant sur le dénominateur du solde public exprimé en points de PIB, d'amplifier l'effort attendu en 2026 par rapport à ce qui s'avèrerait finalement nécessaire.

Le HCFP rappelle dans son avis que « la réduction du déficit public en 2025 est finalement limitée (0,4 point de PIB), d'autant qu'elle fait suite à une forte dégradation des comptes en 2023 et 2024 ». Il en serait de même en cas de passage de 5,4 % à 5 % de déficit public entre 2025 et 2026.


* 4 Haut Conseil des finances publiques, avis sur le PLF amendé de 2025, janvier 2025. En ligne : https://www.hcfp.fr/sites/default/files/2025-02/Avis%20PLF_PFSS_2025_amend%C3%A9s.pdf.

* 5 Comptes nationaux trimestriels au troisième trimestre 2025, INSEE, 30 octobre 2025. En ligne : https://www.insee.fr/fr/statistiques/8662489.

* 6 Selon l'Insee, l'acquis de croissance d'une variable pour une année N correspond au taux de croissance de la variable entre l'année N -1 et l'année N que l'on obtiendrait si la variable demeurait jusqu'à la fin de l'année N au niveau du dernier trimestre connu. Par exemple, lorsque le dernier trimestre connu pour une année N est le troisième trimestre, l'acquis de croissance de la variable pour l'année N est égal au taux de croissance entre N -1 et N que l'on obtiendrait si la variable restait au quatrième trimestre au même niveau qu'au troisième trimestre. Voir en ligne : https://www.insee.fr/fr/metadonnees/definition/c1524.

* 7 Ce tableau présente des estimations de l'évolution en proportion de diverses composantes de la croissance par rapport à leur niveau de 2024. La somme des taux de croissance de chacune des composantes ne fournit pas la croissance de l'année, car ces composantes ont-elles-mêmes des poids différents.

* 8 Administrations publiques.

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