B. DES TAUX D'ENCADREMENT EN AMÉLIORATION, MAIS ENCORE ÉLEVÉS PAR RAPPORT À LA MOYENNE EUROPÉENNE

1. Même en baisse, un nombre d'élèves par classe toujours important dans le premier degré
a) Des taux d'encadrement dans le premier degré encore élevés par rapport à la moyenne européenne

Les taux d'encadrement des élèves en France comptent parmi les plus élevés d'Europe dans le premier degré. Ainsi, en 2023, les écoles françaises comptent en moyenne 21,6 élèves par classe, d'après l'OCDE, soit un niveau plus élevé qu'au Portugal, en Finlande, aux Etats-Unis, ou encore en Allemagne. Ce ratio est toutefois moins élevé qu'au Royaume-Uni et au Japon, qui comptent respectivement 26 et 26,7 élèves par classe en moyenne. Il est plus difficile de faire des comparaisons internationales sur le préélémentaire, la scolarisation n'étant pas obligatoire à cet âge-là dans tous les pays.

Nombre d'élèves moyen par classe dans l'élémentaire et le premier cycle
du secondaire en 2022-2023 dans divers pays de l'OCDE

Note : la dernière comparaison internationale disponible date de l'année scolaire 2022-2023.

Source : OCDE, Regards sur l'éducation, 2025

Ces taux d'encadrement, très élevés, constituent des obstacles à la formation des élèves, des petits groupes étant plus favorables à l'apprentissage.

b) Une amélioration des taux d'encadrement, favorisée par la politique de dédoublement des classes

Toutefois, les taux d'encadrement des élèves des écoles françaises connaissent une nette amélioration ces dernières années, sous l'effet conjugué de la baisse démographique et du dédoublement des classes de grande section de maternelle, de CP et de CE1, mis en oeuvre à partir de 2017 dans les écoles des réseaux d'éducation prioritaire. Ainsi, le nombre moyen d'élèves par classe dans l'élémentaire s'élève en 2024 à 21,3, en baisse de 9,7 % par rapport à 2014. Il s'agit de la huitième année consécutive de baisse du nombre d'élèves par classe dans le primaire.

Dans le préélémentaire, le nombre moyen d'élèves par classe est également en baisse. Il s'élève à 21,9 élèves par classe en moyenne dans les écoles maternelles en 2024, contre 24,8 en 2014, soit une baisse en 10 ans de 11,6 % représentant trois élèves par classe en moins.

Évolution du nombre moyen d'élèves par classe en France dans le premier degré, entre 2009 et 2024

Source : commission des finances d'après la DEPP

La mise en oeuvre de la politique de dédoublement des classes dans l'éducation prioritaire, qui a concerné à partir de 2017 les classes de CP et de CE1, puis depuis 2020 les grandes sections de maternelle, contribue significativement à l'amélioration des taux d'encadrement des élèves dans le premier degré. Seuls les établissements classés en réseau d'éducation prioritaire (« REP ») et réseaux d'éducation prioritaire renforcée (« REP + ») ont pu en bénéficier. L'objectif était en effet de combattre les difficultés scolaires dès les premières années de scolarisation, afin de consolider les apprentissages fondamentaux des élèves les plus fragiles. Cette politique a d'ailleurs eu un coût, chiffré à 1,3 milliard d'euros supplémentaires dépensés dans l'éducation prioritaire en 2023 par rapport à 2021.

La mise en oeuvre de cette politique a permis de diminuer de 26 % le nombre d'élèves par classe dans les écoles classées en éducation prioritaire. Par ailleurs, l'ensemble des classes, et non uniquement les classes dédoublées, ont bénéficié d'une baisse du nombre d'élèves dans les zones d'éducation prioritaire.

Il est de plus à noter que la taille des classes des écoles non classées en éducation prioritaire n'a pas augmenté par l'effet d'une réallocation des ressources, même si elle n'a bien sûr par diminué dans les mêmes proportions. Ainsi, dans les écoles non classées en réseau d'éducation prioritaire et en zones urbaines, la taille moyenne des classes est de 23 élèves en 2024. De même, dans les écoles en zones rurales hors éducation prioritaire, la taille moyenne des classes est de 21,4 élèves en 2024. Les classes des écoles rurales n'ont pas été impactées non plus par la politique de dédoublement des classes des écoles classées « REP » ou « REP + ».

Le plafonnement à 24 du nombre d'élèves par classe en grande section, CP et CE1 sur l'ensemble du territoire, amorcé en 2020, contribue d'ailleurs à alléger la taille des classes. Ainsi, en 2024, 80,7 % des classes de grande section, 90,8 % des classes de CP et 86,4 % des classes de CE1 dans le public comptent moins de 24 élèves, public et privé confondus.

Évolution du nombre moyen d'élèves par classe dans les écoles publiques
des milieux ruraux, urbains et d'éducation prioritaire

Source : commission des finances d'après la DEPP

L'amélioration du taux d'encadrement des élèves dans le primaire est encourageante et devrait contribuer à améliorer la qualité de l'apprentissage des élèves français. 4(*)

L'éducation prioritaire : revoir la carte, une urgence

Une source potentiellement élevée d'économies pour la mission « Enseignement scolaire » serait la révision de la carte de l'éducation prioritaire, non mise à jour depuis 2015. Les équilibres sociodémographiques ont pourtant été profondément modifiés en dix ans, conduisant à une allocation sous optimale des moyens. L'éducation prioritaire représente pourtant un enjeu financier majeur pour les finances publiques, puisque près de 2,6 milliards d'euros y sont consacrés chaque année. Comme le relève la Cour des comptes dans un rapport récent effectué à la demande de la commission des finances du Sénat, « cinq collèges avec un indice de position sociale (IPS) supérieur à 110 sont classés en éducation prioritaire ; à l'inverse, seize collèges avec un IPS inférieur à 80 sont situés hors éducation prioritaire, dont le 104ème collège qui présente un IPS le plus bas (70,5) ». De même, 48 écoles de l'éducation prioritaire ont un IPS supérieur à 110 en 2022 et 174 écoles un IPS compris entre 100 et 110, alors que l'IPS moyen en France est de 105.5.

Comme le recommande le rapporteur, la carte de l'éducation prioritaire doit être revue, pour permettre une allocation plus efficiente des moyens.

Source : commission des finances

2. Des taux d'encadrement élevés dans le secondaire

Dans le secondaire, une classe compte en France en moyenne 25,9 élèves, soit un taux supérieur à celui de la Pologne, des Etats-Unis, de l'Italie, de l'Allemagne ou encore du Royaume-Uni. Seul le Japon parmi les pays de l'OCDE compte en moyenne plus d'élèves par classe, à hauteur de 31,9.

Le nombre moyen d'élèves par classe a globalement peu été modifié dans le secondaire depuis 2012 : il a peu augmenté dans le collège et le lycée général et technologique public. Il s'élève à 23,6 élèves par structure au collège hors section d'enseignement général et professionnel adapté (SEGPA) et à 23,9 élèves par classe en lycée général et technologique. Il est toutefois frappant de constater la baisse du nombre d'élèves par classe en lycée professionnel, où il est passé de 16,2 élèves par structure en 2014 à 15,3 élèves par classe en 2024.

Nombre d'élèves moyen par structure dans le secondaire entre 2014 et 2024

Note : les établissements publics et privés sous contrat sont inclus dans l'étude.

Source : commission des finances d'après la DEPP

Toutefois, si l'on considère le nombre d'élèves par enseignant, la situation de la France est moins défavorable. Au collège en 2023, le taux d'encadrement est de 14,7 élèves par enseignant, soit un taux moins favorable qu'en Allemagne (13,0), qu'au Japon (12,6) ou qu'au Portugal (9,7), mais plus favorable qu'au Royaume-Uni (17,0) et identique à celui des États-Unis.

Au lycée, la situation relative de la France est plus favorable : si, dans la voie générale et technologique, le nombre d'élèves par enseignant en France (13,8) est toujours plus élevé qu'en Allemagne (11,7) ou qu'en Espagne (11,0), il se situe en-dessous de celui du Royaume-Uni (16,5) et des Etats-Unis (15,2).

C'est surtout dans la voie professionnelle du second cycle du secondaire que la France, avec 7,9 élèves par enseignant, se distingue par rapport à la Finlande (19,1 élèves par enseignant), à l'Allemagne (12,7 élèves par enseignant) ou à la Pologne (11,1 élèves par enseignant).

Nombre d'élèves par ETP d'enseignants dans le secondaire en 2022-2023
dans divers pays de l'OCDE

Note : la dernière comparaison internationale disponible date de l'année scolaire 2022-2023.

Source : OCDE, Regards sur l'éducation, 2025

La baisse à venir des effectifs d'élèves dans le secondaire peut constituer une opportunité pour corriger la tendance aux classes très chargées dans certaines zones. Toutefois, le nombre d'emplois d'enseignants ne semble pas constituer le seul facteur d'explication des classes très chargées, la France ayant des ratios d'enseignants par élève plus favorables en termes de comparaison internationale que le nombre d'élèves par classe.


* 4 L'éducation prioritaire, une politique publique à repenser, rapport d'information n° 575 (2024-2025) de M. Olivier PACCAUD pour suite à donner à l'enquête de la Cour des comptes.

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