C. LES DÉFIS CONTEMPORAINS D'UN ÉTAT EN QUÊTE DE STABILITÉ ET DE CRÉDIBILITÉ STRATÉGIQUE
1. Les enjeux internes : économie, société et gouvernance
L'économie monténégrine est fortement dépendante du tourisme, qui représente plus de 25 % du PIB et génère des revenus saisonniers concentrés sur la côte adriatique. Cette dépendance rend le pays vulnérable aux crises régionales et aux fluctuations économiques mondiales.
Les défis internes sont multiples. Le premier est relatif à la diversification économique, notamment par le développement du secteur industriel et technologique. Le Monténégro doit, ensuite parvenir à réduire considérablement le chômage, notamment chez les jeunes diplômés. Enfin, les défis concernent également l'amélioration de la gouvernance publique et la lutte contre la corruption, afin de renforcer la confiance des investisseurs et des partenaires internationaux.
2. Les enjeux externes : sécurité, influence et alliances
Situé entre l'Adriatique, la Serbie, le Kosovo, la Bosnie-Herzégovine et l'Albanie, le Monténégro occupe une position-clé dans les Balkans occidentaux, zone historiquement instable et convoitée. Sa façade maritime lui confère un accès stratégique à la mer Adriatique, ce qui suscite l'intérêt des grandes puissances militaires et économiques.
L'adhésion du Monténégro à l'OTAN en 2017 symbolise son engagement ferme en faveur de la sécurité collective occidentale. Malgré les protestations internes et la forte opposition de la Serbie et de la Russie, le pays a maintenu le cap, considérant cette adhésion comme un garant de sa souveraineté et de sa protection militaire. Cette appartenance à l'OTAN fait du Monténégro un bastion pro-occidental dans une région où certains États comme la Serbie conservent des liens étroits avec Moscou.
Comme d'autres États des Balkans, le Monténégro fait face à des menaces hybrides (campagnes de désinformation, cyberattaques sur les infrastructures gouvernementales, financement opaque de partis politiques par des acteurs extérieurs...). Le « C3BO » et l'accord France-Monténégro offrent des leviers pour renforcer la résilience militaire et cyber, garantir la souveraineté nationale et jouer un rôle de pivot régional stabilisateur. Ainsi la France devient pour le Monténégro un allié de référence, complémentaire à l'OTAN, dans une perspective de consolidation de l'autonomie stratégique européenne.
Malgré son orientation occidentale, le Monténégro reste exposé à des influences extérieures multiples, et en premier lieu à l'influence russe. Historiquement, la Russie a soutenu l'Église orthodoxe monténégrine et les milieux politiques pro-serbes. Depuis l'indépendance, Moscou considère le Monténégro comme une perte symbolique dans son espace d'influence. Les relations entre les deux pays n'ont cessé de se dégrader depuis l'adhésion du Monténégro à l'OTAN, par exemple avec l'application des sanctions européennes contre la Russie par le gouvernement monténégrin après 2022.
Concernant la Chine, l'endettement élevé du Monténégro envers Pékin a suscité des inquiétudes sur la dépendance financière du pays, poussant l'Union européenne et la Banque européenne d'investissement à intervenir pour aider le Monténégro à restructurer cette dette.
Face à ces multiples influences, la diplomatie monténégrine adopte une stratégie d'équilibre pragmatique. Elle reste clairement engagée envers l'Union européenne et l'OTAN tout en maintenant des relations bilatérales correctes avec la Serbie, en faisant preuve de vigilance face aux ingérences extérieures, et en participant activement aux organisations régionales pour renforcer la coopération multilatérale balkanique.