III. ...MAIS L'EFFORT FINANCIER TOTAL DE L'ETAT ET DE L'UNION EUROPEENNE AUGMENTE.

A. LA HAUSSE IMPORTANTE DES CRÉDITS RELEVANT DE DIVERS MINISTÈRES RESULTE DU PLAN POUR L'EMPLOI DES JEUNES

La contribution des autres ministères à la politique de la ville est en hausse de 18%, presque 1 milliard de francs, dans le projet de loi de finances pour 1998, passant de 4,8 milliards de francs à 5,7.

L'état récapitulatif de l'effort budgétaire consacré à la politique de la ville, le " jaune " budgétaire, ne fournit que des données en " dépenses ordinaires et autorisations de programme " et ne donne aucune indication relative aux montant en " dépenses ordinaires et crédits de paiement ", qui sont pourtant celles que la comptabilité publique en compte dans le calcul du solde budgétaire, et que le gouvernement est autorisé à dépenser au cours de l'exercice.

Néanmoins, il semble que la plupart des dépenses consacrées par les différents ministères à la politique de la ville relève de la catégorie des dépenses ordinaires, et ne sont pas concernées par la distinction entre autorisations de programme et crédits de paiement. Les montants contenus dans le " jaune " constituent donc un ordre de grandeur fiable.

1. La contribution du ministère de l'emploi et de la solidarité

a) Une augmentation massive

L'augmentation de 995,16 millions de francs, passant de 1,476 à 2,471 milliards de francs, des crédits consacrés par le ministère de l'emploi et la solidarité à la politique de la ville s'explique par une augmentation pratiquement équivalente des dépenses consacrées à l'emploi des jeunes . En 1998, 1,331 milliard de francs sera consacré au financement des emplois de ville et des nouveaux emplois pour les jeunes, soit 961,3 millions de francs de plus qu'en 1997.

La loi de finances pour 1998 prévoit la suppression du dispositif des emplois de ville, mais le ministère de l'emploi et de la solidarité consacrera néanmoins 414 millions de francs, 12% de plus qu'en 1997, aux 10 à 12 000 emplois existants et n'ayant pas encore été transformés en emplois-jeunes.

Le solde provient des nouveaux emplois, dont il a été décidé que 10% concerneront la politique de la ville.

b) Un chiffrage arbitraire

Le nombre d'emplois-jeunes qui relèveront de la politique de la ville ne peut pas être établi à l'avance de façon précise . En effet, le gouvernement se défend de vouloir instaurer un quota. Dès lors, c'est en exécution qu'il faudra apprécier dans quelle proportion ces emplois concerneront la politique de la ville.

Le lien entre la nature de l'emploi et la politique de la ville est d'ailleurs délicat à déterminer. Trois critères sont envisageables :

- le lieu : les emplois situés dans une zone en difficulté ;

- la personne : les emplois attribués à une personne originaire d'un quartier en difficulté ;

- le type d'emploi : les emplois dont la finalité est l'amélioration de la qualité de la vie dans les quartiers en difficulté.

Le gouvernement optera sans doute pour une combinaison des trois car il souhaite que ces emplois conduisent des jeunes des quartiers en difficultés à aller travailler hors de leur quartier et, réciproquement, des jeunes extérieurs à venir travailler dans les quartiers.

Cet objectif est louable mais ne facilite pas l'élaboration du critère de lien avec la politique de la ville. En soit, cela n'a pas d'importance car c'est l'utilité sociale des emplois, et non leur recensement comptable, qui prime. Néanmoins, le lien avec la politique de la ville détermine le montant figurant dans le " jaune budgétaire ", et donc sur l'effort financier affiché en faveur de la politique de la ville par le gouvernement.

2. La contribution des autres ministères

Avec une contribution stable, autour de 1,8 milliard de francs, le ministère de l'Education nationale est le second plus gros financeur à la politique de la ville. Ce ministère prend en compte les mesures spécifiques en faveur des zones d'éducation prioritaire (bonifications indemnitaires et indiciaires aux fonctionnaires, gestion des carrières) pour calculer le montant sa contribution à la politique de la ville.

Votre rapporteur indique que la baisse de la contribution du fonds d'intervention pour la sauvegarde, la transmission et la restructuration des activités commerciales et artisanales (FISAC), géré par le ministère du commerce et de l'artisanat, de 144 à 14 millions de francs est due au retard de la mise en route de l'établissement public de restructuration des espaces commerciaux et artisanaux (EPARECA), créé à la suite du pacte de relance pour la ville afin favoriser l'implantation ou le maintien des commerces. Cet établissement avait été doté de 130 millions de francs dans la loi de finances pour 1997, crédits qui n'ont pas été consommés et font l'objet d'un report.

Crédits relevant de divers ministères concourant à la politique de la ville

1996

AP ou DO

LFI

1997

AP ou DO

LFI

1998

AP ou DO

PLF

Affaires étrangères

Equipement/Logement

Culture

Intérieur

Aménagement du territoire

Education nationale

Jeunesse et sports

DOM-TOM

Emploi et solidarité

Justice

FAS

FISAC

Fonction publique

Défense

Coopération

Transport

0,20

383,90

59,23

202,40

258,00

1.707,12

6,20

72,88

1.257,88

89,95

412,99

13,60

5,00

38,70

2,20

-

0,20

327,03

52,73

210,85

172,00

1.842,56

6,20

66,30

1.476,37

117,06

408,40

144,00

8,18

63,70

2,20

30,00

0,20

303,65

55,73

230,93

172,00

1.870,27

6,20

66,20

2.471,53

169,01

408,40

14,00

7,50

64,70

2,20

30,00

Sous-total

4.510,15

4.927,78

5.870,62

3. Les participations aux procédures contractuelles

Les contrats Etat-région du XIème plan comportent tous un volet " ville ", distinct des contrats de ville. C'est pourquoi une fraction de la contribution annuelle de l'Etat aux contrats de plan Etat-région figure dans les documents retraçant l'effort financier en faveur le politique de la ville. En 1998, ces crédit s'établiront, comme en 1997, à 1,4 milliard de francs.

Par ailleurs, les différents ministères peuvent être associés aux programmes d'actions des contrats de ville, sans pour autant que cette association soit contractualisée. Les crédits qui financent ces opérations s'élèveront à 1,06 milliard de francs en 1998 et proviennent presque exclusivement du ministère de l'équipement, des transports et du logement et du ministère de l'emploi et de la solidarité.

B. LE MONTANT DE LA DÉPENSE FISCALE SE PRECISE

Le projet de loi de finances pour 1998 prévoit un coût de la dépense fiscale stable, 2,476 milliards de francs contre 2,448 en 1997, en très légère hausse de 1,1%.

Ces dépenses sont la conséquence de mesures de discrimination positive contenues dans plusieurs textes depuis le début des années 90 :

- la loi d'orientation pour la ville du 13 juillet 1991 innove en créant des exonérations de taxe professionnelle (non compensées) dans les zones urbaines sensibles ;

- la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire du 4 février 1995 consacre le principe d'une fiscalité dérogatoire dans les zones de redynamisation urbaine justifiée par les inégalités de situation géographique des territoires concernés ;

- la loi relative à la mise en oeuvre du pacte de relance pour la ville du 14 novembre 1996 institue notamment les zones franches urbaines qui bénéficient d'un régime de dérogation très poussé.

Les modalités de ces exonérations sont décrites de manière plus précises au chapitre III.

La dépense fiscale

PLF 97 dans jaune 97

PLF 97 dans jaune 98

PLF 98

Zones de redynamisation urbaine

- Evolution de l'impôt sur les bénéfices

380

850

850

- Réduction des droits de mutation sur fonds de commerce

75

150

150

- Exonérations de taxe professionnelle compensées par l'Etat


448,5


510,8


510,8

- Exonération des charges patronales sur 50 premiers salariés


382,25


175


175

Zones franches urbaines

- Exonération d'impôt sur les bénéfices

180

180

180

- Exonération de taxe professionnelle

280

191,5

220

- Exonération de taxe foncière pour les propriétés bâties

80

40,80

40,80

- Exonération des cotisations patronales 50 premiers emplois


725,4


350


350

TOTAL

2.551,15

2.448,1

2.476,6

Les montants figurant dans le tableau ci-dessus restent des estimations, même si les données définitives ne tarderont plus à être connues. Les données concernant les exonérations de charges sociales proviennent du ministère de l'emploi et de la solidarité. Celles relatives aux allègements d'impôts du service de la législation fiscale du ministère des finances.

Les écarts, parfois importants, entre les prévisions pour 1997 dans le " jaune " budgétaire pour 1997 et dans le " jaune " pour 1998 s'expliquent par l'affinage progressif des données. En effet, les chiffres accompagnant le projet de loi de finances pour 1997 ont été déterminés durant l'été 1996, avant que les dispositifs du pacte de relance ne soient entrés en vigueur. A partir des données du premier trimestre de 1997, des ordres de grandeur réalistes ont pu être évalués. La DIV sera en mesure de présenter les premières données fiables en année pleine en mars 1998.

C. LA SOLIDARITÉ URBAINE

La dotation de solidarité urbaine (DSU), instituée par la loi d'orientation pour la ville de 1991, a pour but d'améliorer les conditions de vie dans les communes confrontées à une insuffisance de ressources et à des charges sociales élevées. Elle est répartie entre les communes en fonction de critères d'éligibilités, réformés par la loi du 26 mars 1996, tels que le pourcentage de bénéficiaires d'aides au logement dans la commune, le potentiel fiscal, le logement social et le revenu moyen par habitant.

En Ile-de-France, le fonds de solidarité de la région Ile-de-France (FSRIF), alimenté par un prélèvement sur les ressources fiscales des communes de la région, redistribue les sommes prélevées en appliquant les critères de la DSU.

Pour 1998, les dotations de la DSU et du FSRIF sont estimées respectivement à 2.208 et 657 millions de francs, soit un total de 2,8 milliards de francs (stable).

D. LE CONCOURS DES FONDS STRUCTURELS EUROPÉENS

La mise en place des fonds structurels pour la période 1994-99 a conduit la France à inclure un important volet relatif à la politique de la ville dans les projets qu'elle a soumis à la Commission européenne au titre des objectifs 1, 2 et 3 ainsi que dans le cadre de plusieurs programmes d'initiative communautaire (PIC). La plupart des propositions françaises avaient été agréées pour la période 1995-96 et ont été consolidées en 1997.

Les versement des fonds structurels européens franchissent pour la seconde année consécutive la barre du milliard de francs, mais sont toutefois en baisse. Ils s'établissent à 1,05 milliards de francs, en baisse de 7%.

L'évolution des versements européen peut surprendre compte tenu du caractère pluriannuel des enveloppes, qui pourrait conduire à l'inscription d'un montant identique pendant les années couvertes par les programmes. En pratique, la DIV tient compte des délais d'engagement, qui retardent l'ouverture de certains crédits.

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