II. LES " CREDITS SPECIFIQUES VILLE " DIMINUENT...

Les " crédits spécifiques ville " comprennent les crédits inscrits dans le bleu " Ville ", qui sont complétés en cours de gestion par des transferts en provenance d'autres ministères . Le volume de ces crédits est relativement modique, mais leur importance est fondamentale car ils permettent d'initier les programmes et d'accompagner leur mise en oeuvre.

Les " crédits spécifiques ville "

Montant

(AP-DO)

%

1. Les crédits FIV (politique contractuelle)

710,52

51,57

2. Investissement dans les quartiers

482

34,98

3. Dépenses de fonctionnement non contractuelles

- Services publics de quartier

73,5

5,33

- Opération "Ville-vie-vacances"

65,3

4,7

- Dépenses de fonctionnement et d'animation des services en charge de la politique de la ville

36,03

2,6

- Partenariat national

8,28

0,6

4. Etudes

2

0,14

A. LES CRÉDITS CONTRACTUALISÉS : LE FONDS INTERMINISTÉRIEL D'INTERVENTION POUR LA VILLE (FIV)

1. La montée en puissance du FIV facilite la mise en oeuvre de la politique contractuelle

a) L'utilité du FIV

Le fonds interministériel d'intervention pour la politique de la ville a été mis en place en 1995 pour donner plus de souplesse à la gestion des instruments contractuels de la politique de la ville. En effet, un fonds budgétaire unique, mais non doté de la personnalité morale et de l'autonomie financière, permet :

- d'accélérer la mise en oeuvre des opérations financées par plusieurs ministères qui, d'ordinaire, doivent attendre l'arrivée de toutes les subventions pour démarrer ;

- d'assurer la fongibilité des crédits au niveau déconcentré en évitant le saupoudrage et en s'affranchissant des contraintes spécifiques à chaque ministère ;

- de rationaliser la politique de la ville en limitant le nombre de signatures nécessaires au lancement d'une opération.

b) Le contenu du FIV

Les instruments traditionnels de la politique contractuelle de l'Etat que finance le FIV sont à présent familiers. Il s'agit :

- des contrats de ville , qui sont le principal instrument de la politique de la ville depuis que le Xième plan a décidé de dissoccier l'enveloppe contractualisée des contrats de plan Etat-région, déterminée en comité interministériel à l'aménagement et au développement du territoire, et les crédits de la politique de la ville, répartis en comité interministériel à la ville. 214 contrats de ville ont été signés en 1994 par l'Etat et les communes concernées. Selon les cas, les conseils régionaux ou généraux, les caisses d'allocations familiales ou le fonds d'action sociale peuvent également être signataires.;

- des PACT-urbains , réservés à une géographie particulière, celle des zones de grande dépression économique ;

- des conventions de sortie des opérations de quartier du Xème plan, non reprises dans les contrats de ville du XIème plan ;

- des contrats d'action pour la prévention ( CAPS ) qui sont une procédure spécialisée de prévention de la délinquance

Le FIV est alimenté par :

- les deux lignes budgétaires de l'agrégat " Ville " qui concernent les " Contrats de ville, programmes d'aménagement concerté du territoire (PACT-urbain) et autres conventions " : les crédits d'intervention du chapitre 46-60 article 10 et les subventions d'investissement du chapitre 67-10 ligne 20

- des transferts en gestion en provenance des autres ministères.

Mise en oeuvre du FIV (1997-98)

Ressources

1997

1998

1. Budget Ville

448,26

484,52

Chapitre 46-60-10

337,26

373,52

Chapitre 67-10-20

111

111

2. Transferts en gestion

226

226

Culture

60

60

Environnement

2

2

Jeunesse et Sports

33

33

DATAR

14

14

Justice

2

2

Emploi et solidarité

115

115

TOTAL

674,26

710,52

Source : Jaune ville 1998

Le mouvement de globalisation des crédits au sein du FIV, initié dans le cadre de la réforme de l'Etat, se poursuit en 1998. Dans le projet de loi de finances pour 1998, deux articles du chapitre consacré aux interventions en faveur de la politique de la ville (46-60), l'article 20 " Initiatives locales concourant à la mise en oeuvre de la politique de la ville " et l'article 40 " Actions de prévention de la délinquance ", sont fondus dans l'article 10, donc dans le FIV.

Il convient de souligner que si la globalisation favorise la souplesse de l'utilisation des crédits, elle réduit la lisibilité des documents budgétaires. En effet, il faudra attendre la publication des " Verts " pour avoir une idée de l'évolution des crédits des anciens articles 20 et 40.

c) L'interministérialité fonctionne, mais reste limitée.

En 1998, l'accroissement des contributions d'autres ministères à la politique de la ville ne s'est pas faite au détriment du FIV. En effet, le montant des transferts en faveur du FIV est stable à hauteur de 226 millions de francs.

Certains ministères, pourtant partie prenante de la politique de la ville, restent en dehors du FIV. Le principal absent est le ministère de l'éducation nationale. Cette situation s'explique par l'avis nuancé qu'avait émis la Cour des comptes à l'occasion de la création du FIV. Elle avait avalisé à sa création à la condition du respect de l'organisation par titres budgétaires. Par conséquent, les ministères qui ont été inclus dans le FIV sont ceux dont la contribution à la politique de la ville est surtout constituée d'interventions et d'investissements, ces crédits relevant des titres IV et VI. Les dépenses de politique de la ville du ministère de l'éducation nationale sont principalement des dépenses de personnel du titre III, non fongibles.

2. Les dépenses d'intervention.

Les dépenses de fonctionnement des procédures contractuelles, telles qu'elles figurent au chapitre 46-60, sont stables, en baisse de moins de 1%, par rapport au projet de loi de finances pour 1997.

3. Les dépenses d'investissement

Les dépenses d'investissement (chapitre 67-10 article 20) connaissent une baisse brutale de 58%, passant de 150 à 63 millions de francs en crédits de paiement, les autorisations de programme restant inchangées à 111 millions. Cette réduction, qui explique la baisse du montant total des crédits de la politique de la ville, provient de l'ajustement de la dotation des crédits de paiement au niveau requis par le rythme de leur consommation.

L'Assemblée nationale a majoré, à titre non reconductible, les crédits du chapitre 67-10 article 20 de 1,3 millions de francs en autorisations de programme et en crédits de paiement.

Dépenses d'investissement : dotation en loi de finances et crédits reportés

1994

1995

1996

1997

1998

Fonds social urbain (chapitre 67-10, article 10)

- Dotation LFI (cp)

- Reports


220

246,24


130

250


170

183,8


120,025

174,025


120

-

Crédits FIV
(chapitre 67-10, article 20)

- Dotation LFI (cp)

- Reports


94,25

189,689


50

144,608


80

98,8


150

91,2


63

-

Votre rapporteur est réservé sur cet ajustement car l'année 1998 marque l'achèvement des contrats de ville, et devrait connaître une remontée du taux de consommation des crédits afin de clore les projets contractualisés. Le gouvernement justifie sa décision de réduire les dotations par le report d'un an de l'achèvement des contrats de plan. Il estime que les acteurs locaux n'augmenteront pas substantiellement leur consommation de crédits en 1998, préférant consommer le stock de crédits reportés en 1999, de manière à accompagner le cycle des contrats de plan Etat-région.

B. L'EFFORT D'INVESTISSEMENT DANS LES QUARTIERS EST MAINTENU

Introduit dans le projet de loi de finances pour 1997, l'article 30 du chapitre 67-10, qui retrace les subventions d'investissement de l'Etat aux grands projets urbains (GPU) et aux nouveaux établissements publics de restructuration urbaine (EPRU), est reconduit à un niveau identique, 90 millions de francs en autorisations de programme et 44 millions de francs en crédits de paiement (contre 43,5 en 1997). Ces financements sont complétés en gestion par des crédits en provenance d'autres ministères et du FARIF.

La dotation du fonds social urbain (FSU), qui permet d'engager des opérations d'investissement en complément de celles inscrites au titre des procédures contractuelles, interrompt son mouvement de baisse entamé l'année dernière et s'établit à 120 millions de francs en CP (+1,6%). Cette année, la dotation du FSU a été scindée en deux articles du chapitre 67-10 et se décompose en " Opérations déconcentrées " (110 millions de francs) et " Opérations non déconcentrée " (10 millions).

Les transferts en cours d'année en provenance du fonds d'aménagement de la région Ile-de-France, le FARIF, qui finance en région parisienne des opérations comparables à celles du fonds social urbain sur le reste du territoire, sont évalués à 192 millions de francs, en baisse de 3,5 %.

L'effort d'investissement dans les quartiers

(en millions de francs)

1997

1998

Grands projets urbains et EPRU

90

90

Fonds social urbain

200

200

FARIF

199

192

TOTAL

489

482

C. LES DÉPENSES DE FONCTIONNEMENT NON CONTRACTUELLES

1. Les crédits de la délégation interministérielle à la ville

a) Les crédits du " bleu " budgétaire

Créée par décret du 28 octobre 1988, la DIV est une structure administrative légère composée de 91 fonctionnaires mis à disposition par différents ministères. Sa mission est à la fois de coordonner les interventions, d'animer les équipes, d'évaluer les opérations, et de préparer les travaux des instances de décisions (Conseil national des villes, Comité interministériel).

Dans le projet de loi de finances pour 1998, les moyens des services de la DIV, qui sont à présent regroupées au chapitre 37-60, baissent de près de 20 % à structure constante. Cette diminution s'explique en partie par le transfert des " Dépenses déconcentrées d'animation " (4,1 millions de francs dans le projet de loi de finances pour 1998) au sein du nouveau chapitre des " Dépenses déconcentrées de modernisation et d'animation de la politique de la ville " (chapitre 37-82).

Les dépenses de communication diminuent de 600 000 francs pour s'établir à 3,4 millions de francs.

Les moyens de fonctionnement sont stables à 13 millions de francs après deux années de baisse sensible.

En 1998, le " Remboursement des frais de soins des appelés ville en quartiers urbains " est inscrit dans les crédits des moyens de fonctionnement des services en charge de la politique de la ville pour un montant de 2 millions de francs.

b) La contribution anachronique du ministère de l'équipement

Votre rapporteur déplore une fois de plus que, malgré ses observations répétées, l'ensemble des dépenses de fonctionnement de la DIV ne figure pas dans le bleu.

En effet, les dépenses correspondant à la rémunération des agents contractuels de la DIV restent prises en charge par le budget du ministère de l'équipement, des transports et du logement à hauteur de 10,84 millions de francs inscrits au chapitre 31-90 article 60 du budget de ce ministère.

Votre rapporteur considère que les liens historiques entre la délégation et le ministère de l'équipement appartiennent au passé, et que la DIV doit devenir une administration dotée de ses moyens propres.

2. Les dépenses de prévention de la délinquance

La ligne spécifique dévolue à la prévention de la délinquance au sein des interventions de l'Etat en faveur de la politique de la ville a été absorbée par le FIV.

Les crédits consacrés à la prévention de la délinquance se limitent, dans les " crédits spécifiques ville ", aux opérations " Ville-vie-vacances ". Elles sont financées à hauteur de 45 millions de francs sur les crédits de l'agrégat ville, auxquels s'ajoutent des transferts en gestion en provenance des ministères des affaires étrangères, de l'équipement et du logement, de la culture, de la justice et de la coopération, pour un montant total de 21,7 millions de francs dans le projet de loi de finances pour 1997.

3. Le déclin des interventions en faveur des associations

Les crédits de soutien aux initiatives locales ont été absorbés par le FIV.

Les crédits qui leur sont consacrés dans le cadre du " Partenariat national " diminuent de près de 25 % et s'établissent à 8,2 millions de francs dans le projet de loi de finances pour 1998. Ces crédits servent à passer avec les grandes structures associatives des conventions de partenariat permettant de les faire participer à la réalisation des objectifs de la politique de la ville.

A cet égard, il est bien difficile de savoir dans quelle proportion ces crédits abondent simplement les moyens généraux de fonctionnement de ces associations.

4. Une réorganisation louable et une diminution regrettable de l'aide aux services publics de quartier

L'aide aux services publics de quartier est éclatée pour la première fois entre deux chapitres :

- le traditionnel chapitre 37-82 " Projets de services publics de quartier " qui s'établit à 63,5 millions de francs ;

- une ligne " Subventions aux services publics de quartier " au sein du chapitre 46-60, qui retrace les interventions de l'Etat en faveur de la politique de la ville, pour un montant de 10 millions de francs.

Cette scission résulte de l'impossibilité pour l'Etat de financer des opérations en faveur de services publics relevant d'entités autres que l'Etat (collectivités locales, entreprises publiques) dans le cadre du titre III. Cette évolution, recommandée dès 1995 par la Commission des finances du Sénat, est positive.

La réduction de 7,5 millions de francs des aides accordées aux services publics de quartier l'est moins car ces crédits servent à effectuer des opérations qui sont généralement délaissées par les ministères mais qui revêtent une importance fondamentale dans les quartiers en difficulté. En effet, la part déconcentrée de ces crédits est essentiellement consacrée à l'amélioration des locaux pour l'accueil et à l'amélioration du fonctionnement des services.

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