CHAPITRE II :

LA FRILOSITE DU GOUVERNEMENT EN MATIERE DE POLITIQUE DE LA VILLE

I. L'ATTENTISME DU GOUVERNEMENT

A. LE GOUVERNEMENT PRISONNIER DU CALENDRIER

1. Le décalage entre l'état d'avancement des différents dispositifs

1998 est une année charnière en matière de politique de la ville. En effet, elle marque l'arrivée à leur terme des contrats de ville, dont il faudra analyser les résultats, avant de les renégocier en conséquence.

A l'inverse, et même si l'ensemble des textes d'application sont intervenus, il est encore trop tôt pour établir un bilan de l'autre grand volet de la politique de la ville, la dynamique lancée par le Pacte de relance pour la ville de 1996.

2. Le gouvernement attend le résultat de l'évaluation des dispositifs pour prendre position

Ce contexte a conduit le gouvernement à reconduire les dispositifs existants en 1998, et à en demander une évaluation à la mission conduite par M. Jean-Pierre Sueur. Les conclusions de la mission du maire d'Orléans doivent être rendues au mois de février 1998.

La délégation interministérielle à la ville sera, quant à elle, en mesure de présenter au mois de mars 1998 les premiers résultats en année pleine des mesures de zonages contenues dans le pacte de relance pour la ville. Le ministre de l'emploi et de la solidarité a annoncé devant votre commission que le pacte de relance ferait l'objet d'un bilan " avant l'été ".

B. UNE DÉMARCHE CONTESTABLE

1. Un attentisme démobilisateur

Votre rapporteur déplore la manière dont s'engage le processus d'évaluation de la politique de la ville. Il regrette que le ministre refuse de prendre position sur les dispositifs existants mais, par allusions, exprime ses réserves quant au principe des zones franches.

En outre, il considère qu'il sera difficile de mener une réflexion globale sur la politique de la ville à partir du rapport Sueur, rendu au début de 1998, si les premières données véritablement fiables sur les dispositifs zonés ne doivent être disponibles qu'au mois de mars. Selon les informations recueillies par votre rapporteur, la mission Sueur disposera néanmoins de pré-conclusions sur ce sujet dès le mois de décembre.

Enfin, votre rapporteur craint que l'attentisme du gouvernement ainsi que les rumeurs de remise en cause d'un certain nombre de dispositifs, sans que l'on sache lesquels exactement, ne conduise à la démobilisation des acteurs locaux.

2. L'inutile dissociation des calendriers des procédures contractuelles

Votre rapporteur déplore que les contrats de ville n'aient pas été prolongés de façon à maintenir une coïncidence le calendrier des contrats de plan Etat-région (CPER).

Le gouvernement précédent avait décidé de repousser d'un an, en 1999, le terme des contrats de plan Etat-région pour deux raisons. D'une part, il souhaitait que la nouvelle génération de contrats soit élaborée par les nouveaux exécutifs, élus en mars 1998. D'autre part, les nouveaux contrats seraient en mesure de prendre en compte les effets de la réformes des fonds structurels européens, qui doit intervenir en 1999.

Ces deux arguments sont recevables s'agissant des contrats de plan, mais il le sont également pour les contrats de ville. En effet, ces contrats reçoivent des financements des conseils régionaux, lorsque ceux-ci en sont signataires, et de l'Union européenne. En outre, la complexité des procédures contractuelles conduit à ne pas souhaiter la complication supplémentaire que constituerait un décalage des calendriers.

Enfin, le lancement au début de 1999 des nouveaux contrats de ville nécessite que les négociations commencent dès le printemps de 1998, soit pendant la campagne pour les élections régionales. Cette échéance est de nature à perturber la sérénité des débats.

Votre rapporteur est conscient que le prolongement des contrats de ville se heurterait à des obstacles budgétaires, auxquels il conviendrait de trouver une solution. En effet, s'il est déjà prévu que les dépenses d'investissement seront étalées sur 1998 et 1999, la DIV aura dépensé l'ensemble de ses crédits d'intervention. Un problème de continuité pourrait alors se poser.

Devant votre commission des finances, le ministre de l'emploi et de la solidarité a déclaré qu'elle n'excluait pas un report, et que sa décision dépendait de l'ampleur des aménagements qu'il faudra, à la lumière des conslusions de la mission Sueur, apporter à la procédure contractuelle.

Page mise à jour le

Partager cette page