II. LES PRIORITES RECENSÉES DANS LE CADRE DU PACTE DE RELANCE RESTENT LE CAHIER DES CHARGES DE LA POLITIQUE DE LA VILLE

A. RELANCER L'ACTIVITÉ DANS LES QUARTIERS POUR RECREER DE VRAIES VILLES : L'APPORT MAJEUR DES ZONES FRANCHES URBAINES

1. Les expériences précédentes et la singularité des zones franches du pacte de relance

La création des zones franches est motivée par la volonté de favoriser la création d'emplois marchands, et de rompre avec la logique des emplois aidés.

a) Les zones d'entreprises et les zones d'investissement privilégié

La première expérience de franchise fiscale en France est celle des trois zones d'entreprises créées, par l'ordonnance du 15 octobre 1986, à proximité des chantiers navals à proximité de Dunkerque, de la La Coitat-Aubagne et de La Seyne-Toulon. Leur dispositif consistait à, d'une part, simplifier et accélérer les procédures administratives par la mise en place d'un interlocuteur unique et d'une commission permanente et, d'autre part, à exonérer d'impôt sur les sociétés les bénéfices des entreprises s'installant sur place, pendant une durée suffisamment importante pour être incitative.

Le bilan de ces zones est positif, bien qu'inégal selon les zones. Elles ont servi de catalyseur au développement local et ont permis aux PME de dégager plus rapidement des bénéfices et d'accroître leurs fonds propres comme leur effort de recherche. De plus, les phénomènes de transfert ont été marginaux.

Le système du crédit d'impôt accordé aux entreprises dans le cadre des zones d'investissement privilégié créées par la loi de finances pour 1992 a en revanche été progressivement délaissé par les entreprises.

b) L'originalité des zones franches du pacte de relance

Les zones franches créées par le pacte de relance s'inscrivent dans la logique de la politique de la ville et de l'amélioration de la qualité de la vie dans les quartiers les plus défavorisés. Ainsi, elles sont situées majoritairement dans des quartiers d'habitation, quelques extensions à des zones des zones de friches industrielles ayant toutfois été admises (comme dans le cas de l'ancien site Chausson à Creil-Montataire). La loi précise qu'elles doivent se trouver " dans les quartiers de plus de 10 000 habitants particulièrement défavorisés au regard des critères pris en compte pour la détermination des zones de redynamisation urbaines ", ces dernières étant définies en fonction d'un indice synthétique plus social qu'économique (taux de chômage, proportion de jeunes de moins de 25 ans, proportion de personnes sorties du système scolaire sans diplôme).

Les données sur les zones franches urbaines transmises à votre rapporteur confirment, dans des proportions qui justifient à elles seules la création des ZFU, que ces critères sont respectés. Ainsi, les quartiers qui composent la zone franche urbaine de Saint Quentin comptent 109 464 habitants, dont 44% sont sortis du système scolaire sans diplôme (contre 35% pour l'ensemble de la ville), et connaissent un taux de chômage de 24% (contre 15,8 pour la ville dans son ensemble). Dans la zone franche d'Amiens, le taux de chômage est de 27% pour l'ensemble de la population, et supérieur à 30% pour les jeunes de plus de 20 ans.

La seconde originalité des zones franches du pacte de relance tient au fait que les exonérations de charges fiscales et sociales ne seront pas limitées aux entreprises nouvelles qui viendraient s'installer, mais bénéficieront à l'ensemble des établissements préexistants dans les quartiers visés afin de conforter le tissu économique existant et de faciliter la création d'activités de service ou de proximité dans les quartiers. La prise en compte des objectifs de la politique de la ville a conduit à conditionner le bénéfice des ces exonérations aux entreprises qui réalisent plus de 20% de leurs embauches dans le quartier.

Pour être efficaces, les expériences de franchise fiscale ont besoin de s'inscrire dans la durée. En effet, ces régimes dérogatoires sont mis en place pour susciter des investissements risqués, que les entreprises ne sont pas naturellement portées à effectuer. Elles ont donc besoin de stabilité juridique. Votre rapporteur espère que le ministre de l'emploi et de la solidarité faisait référence aux zones franches urbaines lorsqu'elle a déclaré, devant votre commission des finances, qu'elle considérait que la réglementation ne devait pas être sans cesse modifiée.

2. Le dispositif et sa mise en oeuvre

La loi du 14 novembre 1996 relative à la mise en oeuvre du pacte de relance pour la ville a fixé la liste des 38 zones franches urbaines métropolitaines et des 6 zones franches des départements d'outre mer. Leur délimitation exacte a fait l'objet d'un décret en Conseil d'Etat du 26 décembre 1996, qui comporte un descriptif rue par rue du périmètre de chaque zone. Le découpage a été progressivement affiné au cours de l'année 1997.

La délimitation du périmètre des zones franches a été fortement encadré par la Commission européenne, qui a posé des conditions. En premier lieu, les 44 zones ne devaient pas englober plus de 1% de la population totale. Le gouvernement ne manque pas de souligner que ce chiffre est aujourd'hui de 1,3%. Deuxièmement, le dispositif devait être limité aux petites entreprises au sens communautaire du terme, c'est-à-dire aux entreprises de 50 salariés au plus, au capital indépendant, au chiffre d'affaire inférieur à 7 millions d'écus ou dont le bilan annule n'excède pas 5 millions d'écus.

Un comité d'orientation et de surveillance a été créé dans chaque zone franche urbaine. Sa composition est été fixée par le décret en Conseil d'Etat du 3 février 1997. Il est présidé par le préfet du département et comprend : le ou les députés de la ou des circonscriptions où se situe tout ou partie de la zone franche ; un sénateur du département désigné par le président du Sénat ; le président du conseil régional ou un conseiller régional ; le président de l'établissement public intercommunal compétent en matière d'aménagement et de développement pour la zone ; le secrétaire général pour les affaires régionales ; les chefs des services déconcentrés des administrations civiles.

3. Un premier bilan extrêmement encourageant

La délégation interministérielle à la ville procède actuellement à l'évaluation de la mise en oeuvre des zones franches urbaines afin de fournir des informations à la mission de M. Jean-Pierre Sueur, et d'établir le rapport sur cette question qu'elle doit remettre annuellement au Parlement. Dans l'attente de ces résultats qui ne peuvent être divulgué à l'avance, votre rapporteur n'a pu se procurer que des informations partielles au près d'elle. Il a revanche bénéficié du travail d'évaluation effectué par l'association des maires des villes accueillant une zone franche urbaine, présidée par M. Yves Jégo.

a) Un dynamisme exceptionnel des acteurs locaux

Les entreprises ont réagi de manière extrêmement positive à la mise en place des zones franches urbaines, et les demandes ont été supérieures aux prévisions. Selon les estimations de l'association des maires de villes comportant une zone franche urbaine, 1800 entreprises, dont 50% de création nette, se sont installées dans une ZFU. Les autres sont des délocalisations, sans qu'il soit possible pour l'instant de déterminer s'il s'agit d'entreprises installées dans une zone proche de la zone franche qui profitent de l'effet d'aubaine, ou d'entreprises qui viennent de plus loin.

Les entreprises intéressées par les zones franches sont de plusieurs type : des très petites entreprises (TPE), des petites PME de service (dans des secteurs tels que la restauration ou la sécurité) et des entreprises de travaux publics. Un retour des commerces de proximité (boulangerie, marchands de journaux, etc.) est également constaté. Dans tous les cas, les entreprises recrutent massivement au sein de la population locale. Le seuil de 20% est largement dépassé et serait de 37%. Les autorités locales ont également parfois la surprise de découvrir des entreprises qui viennent spontanément s'installer dans la zone franche, sans passer par l'intermédiaires des guichets administratifs.

L'attitude des chambres de commerce et de l'industrie à l'égard des zones franches a beaucoup évolué. Réservées au départ du fait des risques de distorsion de concurrence engendrés par les exonérations fiscales et sociales, elles sont aujourd'hui fortement impliquées dans la promotion des zones franches, assurée par leur mission " Ville ".

Les maires se sont également investis dans le succès des ZFU. Des services économiques ont été créés là ou il n'existaient pas, et des programmes d'accompagnement se développent. Les maires surveillent particulièrement le degré de qualification requis pour les emplois créés, et s'il ne s'agit pas d'emplois délocalisés. Les informations transmises à votre rapporteur concernant la zone franche de Saint Quentin illustrent cette volonté d'inclure la franchise fiscale dans un dispositif plus vaste d'action en faveur des quartiers en difficulté.

La zone franche urbaine de Saint Quentin

Les responsables de la ZFU ont déterminé cinq priorités. Autour de l'objectif central " Intégration des populations en difficulté par la création d'emplois ", quatre autres objectifs sont visés : le maintien des entreprises et des commerces, la création d'une ZAC, l'amélioration de l'environnement urbain et l'amélioration de l'accès aux services publics.

Dans cette perspective, la commune a dégagé les financements nécessaires à l'amélioration de la desserte de la zone franche en associant la ville, la région, l'Etat et le fonds européen FEDER.

En outre, la commune a l'intention de recourir à des outils traditionnels de la politique de la ville :

- projet de PLIE ;

- projet local de sécurité ;

- création d'un comité de quartier (composé d'élus, de représentants associatifs et institutionnels, et d'habitants du quartier) ;

- mise en place d'une mairie de quartier annexe ;

-installation d'une plate forme de service public.

Cet exemple illustre un constat plus général : les zones franches urbaines fonctionnent mieux lorsqu'elles sont installées dans des quartiers où d'autres dispositifs d'action existent. Cela confirme la caractère complémentaire des moyens de la politique de la ville.

D'autres échelons administratifs peuvent être impliqués dans la mise en oeuvre des zones franches. En Picardie, c'est la préfecture de région (le SGAR) qui assure le travail de synthèse des informations et des résultats pour les trois ZFU. Le comité d'orientation et de surveillance de la zone franche d'Amiens a associé à ses travaux des représentants du district du Grand Amiens, et articule ses actions avec celles des associations de quartier et du PLIE.

b) Des blocages subsistent

La motivation des organismes publics est d'inégale intensité. Elle est bonne s'agissant de la DIV et des services fiscaux. En revanche, il semblerait que l'interprétation de la circulaire les concernant par les URSAFF soit particulièrement restrictive, et varie selon les zones. Par ailleurs, le pacte de relance pour la ville prévoyait que les zones franches urbaines bénéficieraient du label, et des avantages qui lui sont associés, des zones d'éducation prioritaire. Cette disposition n'est pas encore appliquée.

Les zones franches urbaines sont confrontées à des problèmes fonciers . Ces problèmes sont de deux ordres. En premier lieu, elles rencontrent des difficultés pour attirer des promoteurs immobiliers privés. En effet, la franchise fiscale de cinq ans n'est pas incitative s'agissant du secteur de l'immobilier, où les investissements ont besoin de dix années pour devenir rentables.

En second lieu, les investisseurs dans les zones franches sont confrontés à une pénurie de locaux. Les mairies sont conscientes de ce problème et se mobilisent pour acheter ou viabiliser des équipements immobiliers fonciers lorsque c'est possible. Une solution à ce problème consisterait à modifier le périmètre des zones franches pour y inclure, lorsque c'est le cas, des friches industrielles situées à proximité. Cette solution serait compatible avec les conditions de la Commission européenne, puisqu'elle accroîtrait la superficie des zones franches sans augmenter le nombre d'habitants qui y résident.

Les données relatives aux zones franches picardes transmises par la DIV à votre rapporteur confirment ces informations recueillies dans la presse et auprès de l'association des maires de villes comprenant des ZFU. Ainsi, à Amiens, tous les bas d'immeubles sont occupés.

Les entreprises qui s'installent dans des zones franches connaissent des problèmes de sécurité . Les redéploiements d'effectifs policiers prévus par le pacte n'ont pas été entièrement réalisés et les problèmes de sécurité sont réels, comme l'a montré l'assaut d'un hypermarché dans la zone franche urbaine de Montrot à l'automne de 1997.

Les très petites entreprises connaissent des problème pour trouver les financements nécessaires à leur installation car le système bancaire n'est pas intéressé par les opérations de petite envergure qu'elles lui soumettent. Cette difficulté existe aussi en milieu rural, et a conduit à la création du fonds national de développement des entreprises par la loi d'orientation et de développement du territoire du 4 février 1995. Ce fonds n'est toujours pas opérationnel.

Les instruments dont disposent les très petites entreprises pour trouver des financements sont principalement les prêts effectués par la Caisse des dépôts et consignations dans le cadre de son programme d'aide aux petites entreprises, ainsi que les plates-formes d'initiative locale. Votre rapporteur souhaite obtenir des informations sur le développement de ces dispositifs dans les zones franches urbaines.

c) Des chiffres à manier avec précaution

L'évaluation des zones franches urbaine se heurte à l'absence de données chiffrées fiables. Les données statistiques sont soit des évaluations, c'est le cas de la dépense fiscale, soit peu représentatives.

En outre, les zones franches ne constituent pas un ensemble homogène. Du fait des situations de départ très différentes selon les zones, le recours a des données moyennes n'est pas pertinent.

Néanmoins, les informations fournies plus haut sont vérifiées et solides, selon les divers interlocuteurs de votre rapporteur.

d) Les zones franches urbaines permettent de recréer toutes les fonctions de la ville

Les zones franches urbaines ont été créées dans le but de favoriser le développement économique des quartiers, mais également de changer leur organisation urbaine en rompant avec les cités-dortoirs des années 60 et 70. Elles sont en passe de répondre à cette attente en ramenant l'emploi et les commerces de proximité dans les quartiers.

Elles fonctionnent d'autant mieux qu'elles se trouvent dans des zones où les acteurs ont l'habitude de mettre en oeuvre les différents dispositifs de la politique de la ville, et où ces dispositifs sont anciens et bien implantés. Il serait donc paradoxal de remettre en cause les zones franches alors que le succès, et l'effet de levier, de la mobilisation en leur faveur repose largement sur la plus ou moins grande efficacité des autres instruments, contractuels notamment, de la politique de la ville.

4. Le lancement retardé de l'EPARECA

Le pacte de relance pour la ville a prévu la création d'un établissement public d'aménagement et de restructuration des espaces commerciaux et artisanaux " pour permettre des interventions de remembrement des commerces dans les sites en difficulté où la fragmentation de la propriété du bâti et des fonds de commerce ne permet pas d'enrayer le déclin des commerces ".

Cet établissement a été doté de 130 millions de francs, sur les crédits du FISAC, dans la loi de finances pour 1997. A l'automne de 1997, il n'est pourtant toujours pas opérationnel. Son directeur a été nommé au mois de mai 1997, mais la composition de son conseil d'administration a été retardée, la nomination du représentant de l'Assemblée nationale ayant été repoussée par la dissolution. Le conseil d'administration devrait cependant se réunir avant la fin de l'année 1997.

L'EPARECA doit aujourd'hui définir sa stratégie. Deux options sont à l'étude. La première consisterait pour l'établissement à assurer seul la conduite des opérations qu'il finance. Elle a l'avantage de la cohérence mais limite le nombre des actions réalisables. La seconde option autoriserait l'EPARECA à s'associer avec des partenaires locaux, qu'il reste à déterminer. Elle permettrait de multiplier le nombre des opérations mais se heurterait à la question des financements croisés, source de lourdeurs.

B. JUSTICE ET SECURITE : LE TRAVAIL DE DEFRICHAGE DU PACTE DE RELANCE DOIT ETRE APPROFONDI

1. Prévention et repression

a) Les structures institutionnelles

Les instances chargées de définir les stratégie locales en matière de répression et de prévention de la délinquance se structurent au niveau communal, intercommunal ou départemental. Elles regroupent toutes le préfet et le procureur, auxquels s'ajoutent souvent les élus, les chefs d'établissement, les associations ou les services publics locaux.

Les plans départementaux de sécurité sont venus s'ajouter en 1993 aux conseils communaux de prévention de la délinquance, évoqués plus haut. Le pacte de relance pour la ville a instauré en 1996 les plans départementaux de prévention de la délinquance. Le ministre de l'intérieur a annoncé pour 1998 la conclusion de contrats locaux de sécurité, compétents à la fois en matière de prévention et de répression, destinés à améliorer la concertation au niveau de l'agglomération.

Votre rapporteur souhaite que l'articulation entre ces dispositifs, ainsi que leur implication dans la mise en oeuvre d'actions telles que les " contrats d'action de prévention pour la sécurité " (CAPS et les opérations " ville-vie-vacances ", fassent l'objet d'une évaluation.

b) Les moyens policiers

La loi d'orientation pour la sécurité de 1995 et le pacte de relance pour la ville avaient inscrit au rang de leurs priorités l'accroissement de la présence policière sur le terrain. Le pacte prévoyait 3000 redéploiements d'effectifs, le recrutement de 200 enquêteurs et de 1000 policiers auxiliaires. La mise en oeuvre de ces dispositions s'est avérée insuffisante et doit être accélérée. Le recrutement des adjoints de sécurité, 8250 en 1998, permettra cependant de renforcer les effectifs dans les quartiers difficiles. Par ailleurs, le ministre de l'intérieur dévoilera à la fin de 1997 le contenu d'un plan " sécurité-proximité 2002 " qui permettra aux collectivités qui le souhaitent de financer plus facilement la construction de commissariats dans les zones sensibles.

La sécurité de proximité a été améliorée dans les années récentes par le développement dans quelques départements des brigades anti-criminalités départementales (BAC), des "sûretés départementales " et des unités d'intervention.

Votre rapporteur considère qu'il est temps de conférer un véritable statut juridique aux polices municipales. Il sera, à cet égard, attentif au projet de loi dont le ministre de l'intérieur a annoncé le dépôt en 1998, et veillera particulièrement à ce que les polices municipales soient habilitées à procéder à des contrôles d'identité.

2. Incivilités et sentiment d'insécurité

Les incivilités, qui sont des faits à caractère non pénal, contribuent à dégrader la qualité de la vie et, au moins autant que la délinquance elle-même, à développer le sentiment d'insécurité. Le pacte de relance pour la ville prévoyait la mise en oeuvre de services publics de quartier associant justice, police et services d'actions sociale, afin de traiter et de suivre ces faits de façon appropriée.

La plupart des pays occidentaux développent des instruments de mesure du sentiment d'insécurité des populations afin de mieux y répondre. Ces " enquêtes de victimation " montre que la France est mal placée en terme de déclaration d'agressions à la police. Le pacte de relance pour la ville avait prévu que des observatoires départementaux de la sécurité seraient expérimentés dans dix départements. Votre rapporteur suggère que les structures institutionnelles chargées de la sécurité et de la prévention de la délinquance généralisent ces instruments de mesure.

Une plus grande transparence du fonctionnement de la justice serait en outre de nature à rassurer l'opinion sur le fonctionnement de la justice et sur l'impunité des délinquants. Par exemple, peu de gens savent qu'une personne interpelée et relachée sera appelée à comparaître devant un juge quelques semaines plus tard.

3. La question prioritaire de la délinquance des mineurs

a) Revoir une législation conçue en d'autres temps

La question de la délinquance des mineurs est au centre des préoccupations de tous les pays occidentaux, comme en témoigne la politique spectaculaire menée par le gouvernement britannique. En France, la question du durcissement de l'ordonnance du 2 février 1945 se pose de façon de plus en plus aiguë. Le pacte de relance a conduit à la mise en oeuvre, par la loi n°96-585 du 1er juillet 1996, d'une procédure de comparution rapprochée, dans un délai de trois mois, pour les mineurs connus des services de police. De plus, le pacte a conduit à la systématisation du traitement en temps réel des procédures pénales, qui permet au parquet, dans les cas concernant des mineurs multirécidivistes, de saisir rapidement le juge des enfants.

Le ministre de l'intérieur propose aujourd'hui des mesures d'éloignement des quartiers pour les mineurs fauteurs de troubles. Cette proposition doit être rapprochée de la mise en place, prévue par le pacte, d'une cellule d'information des magistrats sur les capacités d'accueil des foyers pour les mineurs délinquants.

Toutes ces mesures sont manifestement insuffisantes, les moyens des tribunaux pour enfant ne permettant pas de faire face aux besoins et le droit pénal étant inadapté à une répression plus efficace.

b) Renforcer l'encadrement des mineurs

Le pacte de relance a créé des unités à encadrement éducatif renforcé. 17 sont aujourd'hui ouvertes. Elles accueillent 167 mineurs dont l'âge moyen est de seize ans et demi.

Il importe de s'assurer qu'elles sont gérées par des éducateurs solides et formés, seule condition de leur succès. En outre, le problème de la délinquance des mineurs soulève la question de la responsabilité des parents, et notamment leur responsabilité civile.

4. L'organisation et le fonctionnement de la justice

Le pacte de relance pour la ville a prévu de doubler le nombre des maisons de justice en trois ans. Il importe de sortir ces structures, qui fonctionnent bien, de leur phase expérimentale et de les généraliser.

Votre rapporteur répète également son souhait de voir la carte judiciaire enfin adaptée aux besoins.

C. HABITAT ET MIXITE SOCIALE

La politique de la ville, historiquement, a d'abord été une politique de l'habitat. Cet héritage subsiste et a été approfondi par le pacte de relance, qui a notamment mis l'accent sur les problèmes des copropriétés dégradées alors que cette question était considérée comme extérieure au champ de l'intervention publique.

Le pacte de relance pour la ville a surtout consacré la notion de mixité sociale. Il autorisé les préfets à déroger localement aux conditions de ressources d'accès au logement locatif social au sein des zones urbaines sensibles. Il a également exonéré les logements sociaux situés en zones urbaines sensibles de la contribution de surloyer pour les logements occupés par les locataires dépassant les plafonds de ressources. Ces locataires sont également exemptés des dispositions relatives au complément de loyer de solidarité.

Le ministre du logement a annoncé le dépôt d'un projet de loi relatif à la lutte contre les exclusions. Votre rapporteur souhaite que ce texte poursuive l'effort entrepris par le pacte de relance.

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