3.- Le rôle de la jurisprudence

Votre rapporteur doit enfin souligner le rôle de la jurisprudence pour prendre en considération des situations individuelles que leur diversité ne permet pas toujours d'enfermer dans des catégories prédéfinies.

Le juge administratif a en particulier précisé les conditions d'application de l'article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'Homme et des libertés fondamentales, garantissant le droit au respect de la vie privée et familiale. Le Conseil d'Etat a ainsi considéré que, lorsqu'elle examine une demande de délivrance d'un titre de séjour, l'administration doit tenir compte des conséquences d'un éventuel refus sur le droit à l'intéressé au respect de sa vie privée et familiale et veiller à ce que l'atteinte portée à ce droit ne soit pas disproportionnée aux buts en vue desquels le refus de séjour est opposé (10 avril 1992, Marzini).

En conséquence de cette jurisprudence désormais bien établie, le refus de délivrance d'un titre de séjour peut être considéré comme illégal alors même que cette délivrance ne serait pas imposée par le droit interne ou par des conventions bilatérales.

Contre l'avis du Sénat, l'Assemblée nationale a souhaité codifier cette jurisprudence dans l'ordonnance du 2 novembre 1945 en prévoyant que cette circonstance justifierait l'attribution de plein droit de la carte de séjour temporaire aux intéressés (article 5 de la loi du 11 mai 1998).

Le rôle de la jurisprudence peut également se vérifier en ce qui concerne les conditions d'application de la convention de Genève relative au statut des réfugiés. Ainsi, le Conseil d'Etat a spécifié que l'étranger qui sollicite la reconnaissance de la qualité de réfugié doit être autorisé à demeurer provisoirement sur le territoire jusqu'à ce qu'il ait été statué sur sa demande et donc recevoir une autorisation de séjour (13 décembre 1991, Préfet de l'Hérault c/ Dakoury et Nkodia). Les lois des 24 août et 30 décembre 1993 ont inscrit cette règle, avec certaines réserves, dans l'ordonnance du 2 novembre 1945 ( articles 32 et 32 bis ). La loi du 11 mai 1998 a transféré les dispositions y afférentes dans la loi du 25 juillet 1952 dite désormais " relative au droit d'asile ".

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page