Avec 14,8 milliards d'euros 1( * ) de dépenses ordinaires et de crédits de paiement, le budget de la santé et de la solidarité constitue le 6 ème budget civil de l'État. Il se compose du budget de la solidarité (13,28 milliards d'euros 2( * ) ), de celui de la santé (0,54 milliard d'euros 3( * ) ) et des crédits de l'administration (0,98 milliard d'euros 4( * ) ).

Le Gouvernement a décidé de consacrer 353 millions d'euros 5( * ) supplémentaires au budget de la santé de la solidarité, soit une hausse de 2,45 %. Elle était de 4,3 % et 590 millions d'euros en 2001, et de 1,62 milliard d'euros en 2000.

Cependant, à la différence des années précédentes, les changements de périmètre sont assez limités, puisqu'ils ne concernent que 74 millions d'euros (61 millions d'euros de dépenses transférées à la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) et 13 millions d'euros transférés au budget du ministère de l'environnement), contre 170 millions d'euros l'année dernière (financement du Fonds d'action sociale pour les travailleurs immigrés et leurs familles - FASTIF -, des cotisations sociales et, pour 24,8 millions d'euros, des dépenses à l'assurance maladie).

I. PRESENTATION GÉNÉRALE DES CREDITS

A. LES DOMAINES D'INTERVENTION

L'ensemble des crédits de la santé et de la solidarité s'élève pour 2002 à 14,8 milliards d'euros. Ils se divisent en cinq agrégats :

21. Politiques de santé publique

22. Offre de soins

23. Développement social

24. Intégration et lutte contre les exclusions

31. Gestion des politiques de santé publique

La répartition des crédits montre de grandes différences entre agrégats qu'il s'agisse de leur masse respective, l'écart provenant du poids financier des minima sociaux, ou de leur rythme d'évolution.

Ainsi, l'agrégat « offre de soins » régresse, celui « intégration et lutte contre les exclusions » se stabilise, tandis que l'effort est concentré sur les agrégats « politique de santé publique », « gestion des politiques de santé publique » et « développement social ». De ce point de vue, le budget maintient son orientation déjà excessivement marquée en faveur des minima sociaux, mais consent un effort marqué pour la santé publique. La régression vive des crédits consacrés à l'offre de soins résulte quant à elle essentiellement d'un transfert de dépenses vers l'assurance maladie.

Présentation par agrégats

(en millions d'euros)

 

LFI 2001

PLF 2002

% budget 2001

% budget 2002

Écart

21 Politiques de santé publique

 
 
 
 
 

AP

-

-

-

-

-

DO + CP

358,9

371,6

2,4 %

2,51 %

+ 3,54 %

22 Offre de soins

 
 
 
 
 

AP

89,5

59,7

58 %

49,6 %

- 33,3 %

DO + CP

226,6

171,7

1,6 %

1,16 %

- 24,2 %

23 Développement social

 
 
 
 
 

AP

50,6

39,9

29 %

33,2 %

- 21,1 %

DO + CP

5.781,5

6.115,1

40 %

41,31 %

+ 5,8 %

24 Intégration et lutte contre les exclusions

 
 
 
 
 

AP

4,58

4,57

3 %

3,8 %

- 0,2 %

DO+ CP

7.160,9

7.161,2

49,6 %

48,4 %

-

31 Gestion des politiques de santé et de solidarité

 
 
 
 
 

AP

14,63

16,16

10 %

13,4 %

+ 10, 4 %

DO + CP

918,8

980,4

6,4 %

6,62 %

+ 6,7 %

Total

 
 
 
 
 

AP

159,3

120,3

100 %

100 %

- 24 %

DO + CP

14.446,7

14.800

100 %

100 %

+ 2,45 %

B. GRANDES ORIENTATIONS

1. Un budget d'intervention

Budget de la santé et de la solidarité pour 2002

(en millions d'euros)

 

LFI 2001

PLF 2002

Évolution

Titre III Moyens des services

997,2

1.036,3

+ 3,9 %

Titre IV Interventions publiques

13.383,3

13.723,7

+ 2,55 %

Total des dépenses ordinaires

14.380,5

14.760

+ 2,65 %

Titre V Investissements exécutés par l'État

 
 
 

AP

14,63

16,16

+ 10,45 %

CP

9

9,15

+ 1,7 %

Titre VI Subventions d'investissement accordées par l'État

 
 
 

AP

144,72

104,24

- 28 %

CP

57,2

30,92

- 46 %

Total des dépenses en capital

 
 
 

AP

159,35

120,4

- 24,45 %

CP

66,2

40,07

- 39,5 %

Total (DO + CP)

14.446,7

14.800

+ 2,45 %

Il s'agit principalement d'un budget d'intervention, les dépenses du titre IV en constituant 92,7 %, soit un taux identique à celui de 2001.

Les moyens des services connaissent, eux, une progression de 4 %, plus faible que celle de 6,5 % observée entre 2001 et 2000.

Il convient de noter également la diminution des autorisations de programme (-24,45 %) et celle, plus inquiétante des crédits de paiement. Ces derniers diminuent ainsi de 39,5 %, alors qu'ils avaient déjà diminué de 44  % en 2001, 20,6 % en 2000 et 26,7 % en 1999 !

Les 353 millions d'euros supplémentaires servent à poursuivre les priorités du gouvernement que sont : l'ajustement aux besoins en matière de minima sociaux ; l'allongement de un à deux trimestres de la période de cumul intégral entre le bénéfice du RMI (revenu minimum d'insertion) ou de l'API (allocation pour parent isolé) et un revenu d'activité ; le financement pour 40 millions d'euros de mesures d'insertion et d'accès aux droits ; 11,4 millions d'euros supplémentaires pour le programme de prévention et de lutte contre la pauvreté ; le quadruplement des crédits dans les programmes prioritaires de santé publique (lutte contre le cancer, plan nutrition santé, prévention du suicide, santé mentale, contraception) ; la hausse des crédits des bourses pour les études paramédicales ; le développement des centres locaux d'information et de coordination (CLIC) ; la suppression de l'évaluation forfaitaire des ressources pour l'attribution de l'allocation aux adultes handicapés (AAH) ; la création de 1.500 places supplémentaires de centres d'aide par le travail (CAT) et de 1.058 postes d'auxiliaires de vie ; la création de 1.500 places en centre d'accueil et de 2.400 places supplémentaires d'hébergement d'urgence pour les réfugiés et les demandeurs d'asile ; et le renforcement des moyens de fonctionnement et en personnel du ministère.

Par ailleurs, les mesures d'économies concernent principalement : la minoration des crédits nécessaires à la couverture maladie universelle et au revenu minimum d'insertion (respectivement 76,22 et 33,5 millions d'euros) ; la suppression des crédits pour les objecteurs de conscience (7,4 millions d'euros) ; et le transfert de dépenses vers l'assurance maladie et le ministère de l'environnement (74 millions d'euros).

2. L'évolution des effectifs

Le ministère devrait disposer en 2002 de 15.022 emplois budgétaires, en progression de 294 emplois. La hausse réelle du nombre d'emplois s'élève à 250, le solde correspondant à la résorption d'emplois précaires.

Les 250 emplois supplémentaires, essentiellement des cadres A, se répartiront entre l'administration centrale (38 attachés, un inspecteur général des affaires sociales, un conseiller des affaires sociales) et les services déconcentrés (80 inspecteurs des affaires sanitaires et sociales). Ils seront notamment destinés à permettre aux services d'assumer leurs missions dans le cadre de la lutte contre l'ESB. 80 contractuels seront embauchés pour contribuer à la mise en oeuvre de l'APA dans les services déconcentrés.

Parallèlement, le ministère procédera à 98 transformations d'emplois, tandis que 18 postes de contractuels de 1 ère catégorie seront créés par transformation d'emplois de secrétaires administratifs pour servir de support budgétaire à l'accueil de fonctionnaires détachés d'autres ministères.

Répartition et évolution des effectifs budgétaires

 

1997

1998

1999

2000

2001

2002

Administration centrale

2.324

2.343

2.348

2.400

2.652

2.704

Services déconcentrés

11.786

11.966

11.977

12.027

12.076

12.318

Total

14.110

14.309

14.325

14.427

14.728

15.022

A ces personnels inscrits comme emplois budgétaires au bleu, il convient d'ajouter les nombreuses mises à disposition dont bénéficie le ministère dans des conditions déontologiques, financières voire réglementaires douteuses. De ce point de vue, le ministère compte poursuivre le mouvement de régularisation de la situation, en consacrant 8 millions d'euros au remboursement des traitements des emplois mis à disposition, contre 4,55 millions d'euros en 2001.