2. La problématique actuelle du bâti universitaire francilien

Au-delà des orientations générales et des débats actuellement engagés par le gouvernement, il est d'abord nécessaire de rappeler à ce sujet la situation concrète des universités parisiennes et de leur patrimoine immobilier. Alors que les établissements d'enseignement supérieur de l'académie de Paris accueillent près de 25 % des étudiants français, et représentent le plus important potentiel de recherche régional, leur bâtiments n'ont fait l'objet d'aucune rénovation en profondeur depuis des années.

a) Un patrimoine à rénover et à restructurer

Tandis que le plan Université 2000 a concerné les autres académies, et pour l'Île-de-France les universités nouvelles de l'académie de Versailles et de Créteil, l'académie de Paris a accumulé les retards en matière de construction, de maintenance et de mise aux normes de sécurité. Il en résulte un état général de vétusté, et parfois de dangerosité de certains de ces sites, nécessitant un effort financier considérable ainsi que des opérations de restructuration et de réhabilitation complexes.

Des opérations de grande envergure ont donc été envisagées dans le plan U3M et une partie d'entre elles est aujourd'hui inscrite dans le contrat de plan État-région 2000-2006. On soulignera que ces opérations ont été adoptées par le Conseil régional d'Ile-de-France, à l'unanimité. Par ailleurs, une convention entre l'État et la Ville de Paris, signée en 2000 avec un avenant en 2002, associe la collectivité municipale et départementale parisienne à cet effort exceptionnel, notamment par la mise à disposition foncière.

b) Une situation patrimoniale complexe

Au regard des hypothèses de transfert de compétences actuellement en cours d'examen, une autre singularité de Paris tient à une situation patrimoniale particulièrement complexe, liée notamment au fait que la Ville de Paris, coïncidant avec le Département, est propriétaire d'un important patrimoine universitaire. La Ville de Paris, est, par exemple, propriétaire de La Sorbonne, et accueille dans des bâtiments municipaux des écoles participant de l'enseignement supérieur, comme l'école Boulle ou l'école Estienne. On peut également citer l'importance des locaux d'enseignement et de recherche dont l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris est propriétaire.

Cette complexité, tout comme l'état du patrimoine, rend délicate une dévolution systématique des biens immobiliers possédés par l'État, au bénéfice des établissements d'enseignement supérieur, hypothèse envisagée par certains présidents, ou bien au bénéfice de la région Île-de-France dans l'hypothèse d'une décentralisation globale de cette compétence. En Île-de-France, des méthodes différenciées et une expérimentation programmée paraissent les solutions à étudier en priorité. Elles devront, en toute hypothèse, s'appuyer sur un inventaire et un état des lieux à réaliser.

Dans la première hypothèse, qui aurait, semble-t-il, la faveur des présidents d'université, un transfert du patrimoine et de la maintenance aux établissements pourrait contribuer à une gestion plus fine du parc immobilier en intéressant directement les universités à la rationalisation du patrimoine, dans la perspective d'une cohérence plus satisfaisante entre les formations proposées par les universités parisiennes et franciliennes. Il faut souligner que les établissements ont déjà commencé à s'impliquer financièrement dans cette gestion en abondant les dotations de l'État. Cette dévolution ne pourrait être opérée que par la loi, en complétant également les dispositions de la loi du 10 juillet 1989 en matière de maîtrise d'ouvrage : celle-ci est effectivement assurée, par exemple, par l'université de Paris II pour la restructuration du site d'Assas, dans le cadre du contrat de plan État-région.

Dans l'hypothèse d'un transfert à la région, et sous réserve que ce soit effectivement le souhait de la collectivité, il conviendrait de privilégier un transfert des compétences détenues par l'État sans préjudice des compétences confiées aux établissements afin de ne pas porter atteinte à l'autonomie des établissements et à leur responsabilisation croissante. Un tel transfert devra nécessairement s'accompagner d'une réflexion sur l'adéquation entre le « contenu et le contenant », sur la légitimité de nouvelles constructions et sur les autorités qui en décideraient.

c) Une dévolution prématurée du patrimoine universitaire

Compte tenu de l'état actuel du patrimoine parisien et de l'ampleur des opérations en cours sur certains sites comme Jussieu, un transfert à brève échéance semble prématuré, tant que ne seront pas achevés les efforts de restructuration, de modernisation et de développement des universités parisiennes justifiant l'effort financier de l'État et des collectivités franciliennes engagés dans le cadre de l'actuel contrat de plan État-région (2000-2006). En tout état de cause, et quelle que soit l'orientation retenue par le gouvernement et le Parlement, un transfert à moyen terme, justifiera un renforcement de la coordination régionale et inter-académique entre les établissements. Cela n'est possible qu'avec une réforme permettant de définir des objectifs coordonnés.

Comme l'Île-de-France se caractérise, non seulement par le nombre de ses établissements, mais aussi par leur dispersion, il paraît indispensable d'abord de poursuivre et d'accentuer les efforts de coordination inter-établissements et inter-académiques, engagés pour la préparation du contrat de plan et sa mise en oeuvre (comité stratégique, mission inter-académique U3M 23( * ) , dispositifs d'évaluation actuellement en construction, etc.). En dépit de la multiplication de ces instances de coordination, les rôles respectifs de l'Etat, de la centrale, des rectorats et des établissements ne sont pas clairement précisés, en particulier à Paris, mais aussi en province.

Il conviendrait ensuite d'amplifier, voire d'institutionnaliser les pratiques d'échanges, de concertation ou de co-élaboration avec les collectivités sur la carte des formations, l'amélioration de la vie étudiante et les grands axes thématiques de recherche en s'appuyant sur la structure -équivalente au comité consultatif régional pour la recherche et le développement technologique 24( * ) - récemment créée par la région, ayant présidé à la signature du contrat de plan entre l'État et la région, ou encore à la convention cadre établie entre l'État, la Ville de Paris et le Département de Paris.

LA DISPERSION DES UNIVERSITÉS FRANCILIENNES

LES UNIVERSITÉS PARISIENNES INTRA-MUROS

 

Nombre d'étudiants 25( * )

Mètres carrés disponibles

Paris 1
(Panthéon-Sorbonne)

42 000

100 000 m² (18 implantations dont une à Bourg-la-Reine et une autre à Sceaux)

Paris 2
(Panthéon-Assas)

19 500

51 200 m² Shon (15 implantations, dont 3 à Melun)

Paris 3
(Sorbonne nouvelle)

19 000

60 000 m² Shon, 25 000 m² seulement de surface utile (12 implantations, dont 2 bibliothèques universitaires rattachées et un centre à Asnières)

Paris 4 (Sorbonne)

27 000

59 700 m² (13 implantations)

Paris 5
(René Descartes)

30 100

226 073 m² Shon (14 implantations au total)

Paris 6
(Pierre et Marie-Curie)

33 000

450 000 m² avec Paris 7 et l'Institut de physique du globe de Paris également installés à Jussieu (une quinzaine de sites, dont plusieurs en province).

Paris 7
(Denis Diderot)

29 000

450 000 m² (22 implantations, dont plusieurs en dehors de Paris intra-muros; Fontainebleau, Meudon, Clichy et Colombes)

Paris 9 (Dauphine)

12 500

55 000 utiles (70 000 m² Shon), sur un seul site !

LES UNIVERSITÉS DE LA PETITE COURONNE

 

Nombre d'étudiants

Mètres carrés disponibles

Paris 8
(Vincennes-Saint-Denis)

26 000

59 000 m² Shon (y compris la nouvelle bibliothèque universitaire de 15 000 m² mise en service au printemps 1998) 5 sites à Saint-Denis

Paris 10
(Nanterre)

35 000

78 000 m² utiles 1 seul site d'implantation + 1 IUT à ville d'Avray

Paris 11
(Paris Sud)

29 000

387 000 m² Shon 7 sites (Orsay, Le Kremlin-Bicêtre, Châtenay-Malabry, Sceaux, Cachan).

Paris 12
(Paris-Val-de-Marne)

24 000

130 000 m² Shon 9 sites (Créteil, Saint-Maur, Vitry, Sénart, Fontainebleau)

Paris 13
(Paris Nord)

20 000

129 172 m² Shon 3 sites (Villetaneuse, Bobigny, Saint-Denis)

LES UNIVERSITÉS DE LA GRANDE COURONNE

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